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°amours filiales° - Page 4

  • rêve 232

    Rêve, manière d'être au monde
    sans l'être, mais sang
    sans quoi le monde ne peut être
    ou n'est que cauchemar

    232.jpgRêve est
    de l'art-né

    Il va,
 nourrissant de beautés le regard
    tromper son monde

    fumer du lard

    épandre son lisier barbare

    sur les lauriers fanés de l'Histoire
    pour un florissant gai savoir

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • À l’arrachée

    howlin4.jpg

    J'ouvre tout grand le ciel
    pour y faire ta place
    couler un bain de miel
    dans tout cet infini
    avant que tout soit dit
    avant que tu ne passes

    J'en tire le surplus
    de rires superflus
    de larmes inutiles
    de paroles futiles
    avec les ongles nus
    de mes yeux affamés

    Je veux tout arracher

    de ses voiles dorés
    - tous ces pans de nuées
    sur sa béance vide
    où les derniers subsides
    affectés à l'averse
    affolés se dispersent
    perdus pour l'océan

    de cette aube sereine
    où migre un lot de fous
    au vol teinté de roux
    emprunté à nos plaines
    longeant le littoral
    aux franges abyssales
    qui se moquent du vent

    de son vieux mobilier
    que des dieux détrônés
    ont laissés à la hâte
    regagnant leurs pénates
    chez l'idiot domestique
    et sa vierge atavique
    et tout leur mauvais sang

    des brillances des astres
    que la nuit soit la nuit
    où plus rien ne s'encastre
    et qu'on n'y voie plus rien
    que cette nuit de chien
    au regard interdit
    cherchant son hurlement

    hurlerai à ta place
    s'il te manque des dents.

    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    à mon grand-père Eugène

    papy.JPG
  • La main chaude

    La peau de l'air collante et la mienne
    imploraient l'orage et sa virulence,
    à la nuit tombée d'un jour en peine
    d'en obtenir jamais sa délivrance

    L'obscurité plus dense à chaque heure
    transformait toute chose en son fantôme;
    les arbres contenaient la rumeur
    d'une terre apeurée sous le grand dôme

    Dans ce calme lourd et douloureux
    ma poitrine enviait le buste en plomb,
    sur la cheminée au manteau bleu
    orné d'impossibles compromissions

    La clarté fragile des bougeoirs
    orchestrait des ombres le lent ballet;
    ma silhouette dans le miroir
    n'osait tourner la tête et regarder

    par dessus l'épaule, droite et morte
    un mouvement perçu depuis la porte

    Dans ce calme lourd et douloureux
    arrimant chaque chose à son fantôme,
    je devenais sourd, fermai les yeux
    quand une main s'installa dans ma paume

    L'orage rompit à l'instant même
    je n'en perçus que la ruée du vent;
    je me faisais l'effet d'être blême
    et serrais la main de mes doigts tremblants

    Une chaleur douce et parfumée
    caressa d'un souffle ma nuque nue,
    livrant à mon oreille apaisée
    la voix de la mère aimante et venue

    par-dessus l'épaule, droite et ronde
    remettre en ordre la marche du monde.

    hand-N-hand.jpg

    pour un Défi du samedi [#93]
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • heyoka

    soyeuse comme un sexe
    la prairie indienne en sous-main
    propre et pure

    le trop plein de sang bleu
    d'où viendra l'aigle sioux
    lui prête sa verdure

    un homme se tient là
    comme l'arbre
    aussi vieux et sans pieds

    il chante, il dit :

    wasichu, pauvre fou
    mes pieds sont dans le ciel
    c'est ma tête que tu vois
    c'est ma tête plantée là

    écoute wasichu
    elle chante pour toi

    elle chante, elle dit :

    nu sur le Rocher Mère
    j'ai vu l'Oiseau-Tonnerre
    et je n'ai fait qu'un pas
    et j'ai quitté la terre
    et je suis heyoka

    j'ai pleuré pour ce rêve
    quatre nuits
    quatre jours
    dans l'âge de Tunka

    la vérité m'achève
    quatre nuits
    quatre jours
    pour n'en revenir pas

    sans la vision trop brêve
    de Wakinyan-Tanka

    je suis son heyoka
    je chatouille la peur
    ainsi la peur s'en va
    qu'elle aille faire ailleurs
    ce qui ne m'atteint pas

    écoute, wasichu
    si je suis le chaud-froid
    c'est toi le fou du roi :

    tu ne vois pas mes jambes
    tu as peur et tu trembles
    quand je t'ouvre les bras

    ouvre-les, wasichu
    ouvre tes bras en croix
    tu auras les mains pleines

    tu auras les mains pleines
    heyoka.jpgde la prairie indienne
    soyeuse comme un sexe

    propre et pur

    le sang bleu du rocher
    où se tient l'aigle sioux
    lui prête sa verdure

    lave-t-en, wasichu

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

     

    shaman.jpg
  • halluviales

    Gavé de précoces printemps
    qu'aux montagnes saignées à blanc
    il exige impérieusement pour son eau sale

    Roi fainéant, au cours allant
    partager les vallées vassales
    en sa morgue monumentale

    un fleuve écoule sa légende

    Hommes et bêtes s'en amendent
    par le respectueux hommage
    des regards obligeamment sages qu'il commande

    C'est l'enfant qu'un dieu oublié
    dans la terre fraîche a tracé
    d'un ongle pris de nonchalance

    de là, toute son indolence

    Et cette insigne majesté
    écarte loin de sa portée
    les monts et collines réfugiés à distance

    même la lune se méfie
    des caprices de ce nanti
    et n'y baigne que son image

    un fleuve s'abreuve des âges

    Je dois redoubler de prudence
    quand, tout à la contemplation
    de ses fluviales alluvions je m'abandonne

    je manque de m'y absorber
    l'esprit et l'âme tout entiers
    sacrifiant amours et beauté à sa couronne

    voyez d'ici le préjudice !

    je m'accorde alors le délice
    que je prends libre et libertaire
    d'y pisser dru, le nez en l'air

    Paul-PINSON_MissPissBleu.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Paul PINSON, Miss Pissbleu.