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  • la belle prise

    Bouguereaucrottes de biques
    kilométriques
    tes petits pas semés
    loin des anciens pavés
    courant dans la garrigue

    mon atavique
    rire cynique
    en avait relevé
    l'arnachique tracé
    qu'on dirait une gigue

    mais la distance
    où tu t'élances
    n'est pas si dure à voir
    quand je nourris l'espoir
    de te choper, la belle

    car de la danse
    des transumances
    je connais les couloirs
    et j'entends dans le soir
    tout ton troupeau qui bêle

    et je te flaire
    jolie bergère
    jusque sous ton jupon
    où ton connet mignon
    exhale sa cyprine

    au loin tes frères
    là-bas derrière
    dansent le rigodon
    et courent la Ninon
    en t'oubliant, Fantine

    la nuit est prête
    voici, pauvrette
    dans son ravissement
    déjà que je te prends
    au sommet de la combe

    ah, quelle fête
    crie à tue-tête
    personne ne l'entend
    tout ce déchirement
    où je jouis et tu tombes

    bergere_dormant_a_l-ombre_de_un_buisson_de_chenes.jpg

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    (à paraître dans l'abécédaire poLétique)

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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    crédits illustrations:
    ci-dessus : Bergère dormant à l'ombre d'un buisson - Jean-François Millet, 1873.
    en médaillon : Jeune bergère - William Bouguereau, 1885.

  • Le pendule des adieux las

    sephorotonAdieu, ma chair
    crève, carne !
    je n'entends plus ton vacarme

    Adieu, mes pleurs
    vastes blagues !
    Au fourneau plantez vos dagues

    Adieu, mon sang
    peste noire !
    gâche ton encre au crachoir

    Adieu, mes moeurs
    troubles nuits !
    gardez pour vous mes ennuis

    Sur le buvard
    des jours sereins
    je lis mon âme à l'envers

    Et mon regard
    que l'or tient
    semble brûler en enfer

    A ma conscience
    une évidence
    présente un air d'apocalypse

    Où des souffrances
    la balance
    amorce une nouvelle éclipse

    Et bascule
    au pendule
    - ironie des habitudes

    Des adieux
    plats et creux
    l'apaisante lassitude.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • connais-toi, c'est l'automne...

    Connais-toi, c'est l'automne
    ma peine
    fredonne
    de là, pardonne
    et laisse aller
    mon regard qui s'étonne dans le vent frais

    Connais-tu cet or ange
    qui plane au ciel et le mange ?

    C'est bien assez de feu pour la soirée
    les pieds mouillés, le nez qui coule
    l'envie de s'embrasser roulés en boule

    C'est la canopée qui déteint
    puis, dans le matin frêle
    vois qu'on rassemble ses cheveux
    à la pelle

    C'est ta peau de renard
    ma Vieille Dame Blanche
    tu as pris du retard
    dans ce matin qui planche
    à son banc d'écolier
    et de son encrier
    puise un peu de la nuit
    que tu as fui
    sitôt qu'elle a bleui

    Tu t'es pissé dessus ?
    'fallait bien qu'ça arrive
    car la pluie de l'automne
    fait sa grande lessive

    Ah, la belle saison
    je n'en attends pas moins
    tu pisses, je pleure moins

    Le bel événement
    (je ne l'attendais plus)
    l'automne ! l'automne est là
    et je ne pleure plus.

    AUTOMNE2.JPG

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #50

    illustration composée d'après une vue extraite d'ici

  • complainte de l'apacheraie sus-citée

    Pour cette cinq cent cinquantième note, un hommage à ce type tant plein de sa gouaille juteuse qu'il en a gâché ses poumons avec le sang misérable des miséreux pour finir par mourir emporté dans un crachat de trop à l'âge de vingt-sept ans ; à toi, Jules ! à tes dimanches, jamais autres, toujours pluriels et plus vieux que l'un dit ; à tes Pierrots les plus falots et leur lot de vierges flétries ; à ces aubes, ces firmaments, ces couchants, mots devant tous les tiens interdits ; à ta barbarie, ses grand's orgues ; à toi, l'impétueux Jules Laforgue.

    bal à la Courtille, 1910
    - t'y bigleuk'dalle ? clikz'y voir -
    quoi disé-je, ah ouiche...

    Complainte du repentir matinal des malotrus lunaires
    (aux Pierrots julaires)

     

    Des courages nocturnes, généreux
    se révélant matin lâches, peureux
    je connais la figure grimaçante
    de l'âme qui s'avère décevante
    et vous pourrit le jour, la vie, son rêve
    et pleure que trêve lui vienne de l'amour

    Des serments à la lune, tout sourire
    seront tôt les crachats pour se maudire
    et feront déraper cette assurance
    qui nous aura menés jusqu'à la danse
    où nous avons aimés nous étourdir
    ignorant l'avenir qui va nous rattraper

    Oh, les ahs et les ihs et les tirladadas
    les défilés de nuit de nos petits soldats
    quelle mare aux canards que cette mélodie
    quand au petit matin nous désertons le lit
    des conquètes sans gloire

    Et reviennent au soir des réverbères
    les douches illusoires, éphémères
    où nous iront laver de nos pieds sales
    la boue séchée des larmes matinales
    pour faire un nouveau tour de passe-passe
    arborant belle face et verbe sans détour

    Voilà, c'est reparti la folle ivresse
    des soupirs alanguis et ras la fesse
    l'empreinte des baisers le long des murs
    et la cuisse levée dans les voitures
    le dernier verre pris aux bonnes grâces
    le dernier carré d'as qui fait le dernier pli

    Mais les hues et les dias et les turlututus
    retourneront bientôt sous les chapeaux pointus
    car l'aube ne connaît pas d'autre magicien
    tounoar tounoarque celui qui réveille et le coq et le chien
    pour notre désespoir

    Et merde, il fait tout noir !

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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    T'as raison : t'as tord !T'as raison, Totor
    'fait trop noir dans c'décor
    remets-y voir une couche, voir
    comment tu mouches...

    Après l'hommage, l'héritage
    (c'qui f'ra deux notes pour le prix d'une, dis... ces largesses !...)

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    Y A PAS L'CONTE, VIEUX !

     

    Cinq sens pour une vie
    - m'en lerrai pas compter
    on s'est foutu de nous
    au vrai

    C'est bien trop le matin
    déjà peu le midi
    et ça ne suffit plus du tout
    à la nuit

    Sept ou huit m'iraient bien
    pour faire part égale
    (au moins bonne  mesure)
    disons sept et voilà
    ce qui n'en fait plus qu'un
    à mettre sur l'ouvrage

    Six jours pour tout ce monde
    et un pour s'en remettre
    j'en demande pas moins
    pour l'être

    L'ouïe, c'est vu
    l'odorat, ça, c'est fait
    la vue, bien entendu
    le toucher, s'il vous plaît (ou elle)
    le goût se sent des choses bonnes et belles
    Le songe, c'est l'idée
    (dessus, on est assis)
    l'en manque un pour le compte,
    j'vous dis !

    L'ennui avec ce ciel saturé de commandes
    c'est adresser la demande.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    ...dit Mensch
    La femme ?
    - J'en sors
    La mort
    dans l'âme...
    (Jules Laforgue)
    "Avant-dernier mot", Des Fleurs de bonne volonté
    édition posthume, 1890.