Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Chemins de faire

    valise1.jpg

    Une valise pleine, une valise vide et moi, seul au milieu

    de l'étape passée
    à l'étape prochaine
    le monde dans mes yeux attend que je traverse

    Le vent couche la plaine

    présage radieux pour la fin de semaine
    après le temps qu'il fit
    le temps qui se fera
    des jeux d'ombre nouvelle à chacun de mes pas
    qu'une ancienne rengaine a menés jusqu'ici

    où mon petit chemin de traverse aboutit
    à la croisée du choix
    que propose une voie et son chemin de fer

    Ici, je prends le risque et regarde en arrière...

    la main qui s'est levée défiant le tableau noir
    ne pourra pas donner sa joyeuse réponse
    un élan de savoir prend un coup de semonce
    et renfonce au vieux tas d'insatiables espoirs
    sa seule raison d'être
    (n'était cette fenêtre à l'autre bout du soir)
    cependant qu'assombri à l'œil un sursis fronce

    assis à mon pupitre
    j'observe l'autre aller de sa voix au chapitre
    il faut grandir un peu
    bon... en attendant mieux, je peux faire le pitre

    Maintenant, je regarde à gauche et puis à droite...

    dans chaque main, je tiens la fille de mes rêves
    j'y renifle mon sang - il éclate de rire !
    quel que soit l'avenir, il n'est pas moins riant
    que les fruits dont la chair est gorgée de ma sève
    et parfument la nuit le vent qui souffle encore

    je connais mon trésor
    il a deux noms de plus aux flancs de sa voiture

    Il est temps - ce me semble, qu'aussi bien je traverse...

    moi, les chemins de fer, je n'aime vraiment pas
    j'y fais un peu l'andouille et tombe à la renverse
    j'y plante mes valises
    là, sur le bas-côté de rouges friandises
    m'appellent sans détour et comme je me nomme
    libre, gourmand... un homme

    RAILS.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi
    [#103]

  • Triptyque

    Pierre-Huot_Head-blue-eyes.jpg

    Une frange sanguine abreuve son linceul
    au laqué taille fine en chambranle de porte
    qu'une turquoise indienne imprimée à l'eau forte
    accote à l'angle mort de son Quetzalcóatl

    l'air est allé se prendre ailleurs une bolée

    dans quelque crêperie du pâté mitoyen
    il n'en reste qu'un voile où de longs poils de chien
    ont passé pour finir par mordre la poussière

    l'arche rectangulaire approfondit le champ

    sur un encombrement de perpendiculaires
    que seul accuse encore un projet de lumière
    énoncé vaguement par un soleil en pente

    Une frange moussue barre un front grassouillet

    soulignée de traits bleus la paire d'yeux s'égare
    une fronde est à l'œuvre au fond de ce regard
    les pupilles en garde aiguisent leurs stylets

    les mains venues soudain croiser sur la poitrine

    récusent, se récrient, madonnent la posture
    mais tomberont bientôt, moignons dans la sciure
    qu'aura tranchés tout net une parole insigne

    des lèvres assorties au tailleur électrique

    compriment leur charnu sur les dents carnassières
    un filet de vapeur monte de la théière
    disputant son fumet à l'haleine fébrile

    Une frangine droite comme un sacerdoce

    mange un galimatias d'art-moderne couleuvres
    et campe à l'instant même un tout autre chef-d’œuvre
    à l'éminence crue réfractaire au négoce

    le vert d'eau qu'elle absorbe est strié d'or en jade

    où criarde en aplats une affiche espagnole
    jailli d'un samovar évasé en corolle
    un film d'Almodovar précipite l'attaque

    sourde machination l'arythmie des couleurs
    porte à son paroxysme une vive tension
    que résout l’imparable et sans compromission
    jugement appliqué à la libidineuse

     

    samovar.jpg

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration (haut) : Pierre HUOT, Head-Blue Eyes

     

  • lettre classique

    (ou La Tragédie épistolaire du Col en V)

    Dame,
    je ne suis pas certain de vous avoir connue ;
    si je puis rappeler d'entre mes souvenirs
    votre large sourire, au reste je n'en ai
    pas tenu ferme compte et n'ai donc jamais su
    de votre dentition le nombre d'unités

    si mon cœur et mon chant raccordaient la mesure

    de votre tessiture à leur dernier point d'orgue
    toute autre mélodie lui semblant mal venue
    mon oreille où perdure un murmure de sorgue
    eût peine à prolonger cette longue ouverture

    si ma paume révoque une caresse pleine

    au repli de votre aine, à votre croupe ronde
    j'ignore de vos yeux comme ils voyaient le monde
    ni quelle place avais-je alors dans cette scène
    - quel que soit mon effort, ça ne m'apparaît plus !

    Dame ! d'où me vient donc
    le sentiment profond de vous avoir perdue ?

    Un ourlet de galets

    aux ronds et plats sommets
    coupe des promeneurs à la taille ;
    nul vent ne les assaillent
    cependant, je frémis

    En ordre fragmentaire

    un rang de lampadaires
    orange les reflets du trottoir ;
    je ne crains pas le soir
    mais ses francs appétits

    L'ardoise des toitures

    canevas de ruptures
    tire un cache-misère éprouvé ;
    n'était l'heure sonnée
    j'y serais assorti

    Dame, je vous écris
    allongé sur ma couche
    pourtant je ne nourris certes pas d'autre espoir
    qu'au retour de ce pli
    à l'angle de ma bouche
    un trait me signifie fin de non-recevoir

     

    ardoise_lucarne.JPG

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK