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paVupApRi - Page 107

  • Derrière, soit

    Derrière
    dans sa verte lumière
    l’âme erre à sa besogne
    au jardin séculaire
    des printemps mensongers;
    les jours qui ne viendront
    qu'au prix d'horribles nuits
    passées dans des bras morts
    à redouter leur fruit
    sanguin et familier

    Derrière
    le chemin séculier
    du corps à sa douleur;
    la terre qui transpire
    une peine immuable
    et tout son saisonnier
    de cortèges, de fables
    de plaintes rengorgées;
    car c'est l'ordre des choses
    et que c'est bien ainsi;
    qu'ainsi l'a dit le père
    à la parole close
    au tonnerre sans foi
    d'un murmure assassin
    dans un silence plein
    des mes cris intérieurs

    Derrière
    un râle de misère;
    le corps à sa douleur;
    le jour qui ne viendra
    que trop tard et sans fin;
    la mère à son ouvrage
    immuable et pénible
    avec les mains dans l'eau
    à frotter ou à tordre
    le drap, le cuir, la peau
    avant de s'aller mordre
    à son tour la poussière
    la sciure humide encore
    ou le faisceau de paille
    été, automne, hiver
    et tout le tralala
    des printemps mensongers;
    la mère à sa besogne;
    la mère à se plier
    pour loger comme il faut
    son corps au bon endroit

    Derrière
    dans un silence plein
    de mes cris intérieurs
    le corps à sa douleur;
    le jour qui ne viendra
    que trop tard et sans bruit
    passée l'horrible Nuit
    du géant Familier
    aux bras venus me prendre
    aux mains venues me tuer
    ça, et le reste avec
    et tout son tralala
    de printemps mensonger
    de murmure assassin
    et de sueur infecte;
    le regard insoluble
    et total et sans joie

    3753558267.JPGDerrière
    - derrière, derrière, derrière...
    je laisse toute affaire
    au jardin familier
    des printemps mensongers :
    le siècle de mon père
    à sa triste besogne
    et tous ses arriérés
    et tout son tralala
    et mon regard avec;
    j'entre en ce bon séjour
    au régulier service
    de Son divin amour


     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#131

    © crédit photo : Laurent

     

  • septimes

    lune_004.gifRousse naît l'une
    quand l'autre, brune
    offre à la lune ses serments

    La loi de Mars
    au vent éparse
    couve une farce de géant

    Fine soudure
    or et mercure
    jamais ne dure si longtemps

    Qu'un Jupiter
    atrabilaire
    à son affaire martelant

    Cet angélus
    mulieribus
    au sein de Vénus résonnant

    D'heures nocturnes
    versées dans l'urne
    d'un vieux Saturne évanescent

    Et voici comment, le dimanche
    la messe dite, se ramènent
    au résumé de la semaine
    en songes mes ennuis d'enfant

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#130

  • fauve passion

    Elle s'était promis de monter au moulin
    partie pour la fraîcheur, partie pour la balade
    et m'avait proposé de lui tenir la main
    orchestrant à dessein notre parade

    Sous l'orage incertain, probablement complice
    un Couchant miroitait quelques plis de Postale
    méditerranéen à la surface lisse
    irisant des Pyrénées Orientales

    Le couvert d'oliviers gradués en terrasses
    plongeait ses bras noueux dans le sol rude et fier
    une ombre bientôt bleue investissait la place
    et s'accuserait le blanc sur la chair

    Le rappel au foyer des promeneurs épars
    fumait depuis le bourg la viande ou la sardine
    ça claquait des talons, rassemblait les moutards
    désertant les chemins sur la colline

    Bientôt seuls à jeter de notre promenade
    adossés au moulin nos regards assortis
    dans l'arche de la baie à l'antique mémoire
    où s'embrassent des fauves assouplis

    Son ventre dans mon dos dans ses jambes croisées
    le mien qui s'apaisait à nos respirations
    souriant à la lune au croissant prisonnier
    des pales ajourées, nous paressions

    Le soir épaississait la vague sous la digue
    sur la colline au sud moutonnant ses rondeurs
    Un murmure se fit venu de la garrigue
    suggérant de nous empoigner le cœur

    Ce que nous fîmes là, dans un pli du chemin
    à peine protégés des pierres, des chardons
    à broyer nos suées comme olive au moulin
    à nous tirer le jus dans un buisson

    Simplement revêtus des parfums, des odeurs
    qu'un lent souffle terrien emportait vers la mer
    nous nous sommes hâtés d'accéder au bonheur
    confiant notre plaisir à l'atmosphère

    poésie,poésie lubrifiante,collioure,colline,estivaleLa nuit accompagna le retour au village
    de nos carnes repues encore ivres d'amour
    Le moulin garderait secret ce badinage
    pour ajouter au charme de Collioure

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • alakazam

    Alakazam
    Magies ! Magies !
    Mon cœur de flammes
    est tout serti

    J'avais oublié cette évidence :
    comme feux follets nos amours dansent
    qui se sont faites des plus jolies
    pour appâter La Nuit, la nuit

    À l'aspartam
    Soucis ! Soucis !
    Mon sucre d'âme
    s'est asservi

    J'avais négligé le principal :
    nos amours s'accommodent fort mal
    des contrats a fortiori
    motivés par l'ennui, l'ennui

    Mademoiselle Perle Rare
    souffrirez-vous que je propose
    à l'encontre de vos regards
    le mien qui songe à Autre Chose ?

    Au refrain des Chacun Pour Soi
    si j'oppose quelque objection
    je nuance : chacun chez soi
    préservons le feu des passions
    du foyer
    où bon nombre d'amours n'ont plus qu'à mouronner

    slip_cintre.gif

     

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • L’avertissement

    à Joe Krapov

    La ville est dans ses murs, aveugle et silencieuse
    Même ses cheminées retiennent leurs panaches
    Le lampadaire éteint laisse une ombre sans tâches
    Tous les yeux sont mouchés aux façades peureuses

    Dessus avance
    une folie de ciel, fébrile manigance
    aux suées anthracite et vidées de substance
    qui déjà se déchire
    et cède à la poussée d'un virulent hégire

    Est-ce malédiction selon les bavardages ?
    La manifestation d'un empire inconnu
    s'étale sur la ville, en assombrit les rues
    pointant par les nuées son obscur équipage

    Alors, s'ensuit
    dans le silence épais un vacarme inouï
    - une corne de brume ? un signal ? un long cri ?
    qui longuement dévale
    et pénètre partout, prégnant et magistral

    On tremble; on se contracte; on n'a rien à saisir !
    Le temps n'est plus certain, ni la vie, ni la mort
    On voudrait "ah, mon dieu !" être à hier encore
    On n'est bien incapable de penser, d'agir

    C'est là ! Ça dure…
    Ça s'impose à l'envi, en toute démesure
    Ça massacre le ciel avec sa tubulure
    qui s'anime soudain
    Oh, c'en est bien fini des chantants lendemains !

    Le vacarme a repris dans un autre registre
    son impossible appel, son bruit de cauchemar
    Son énergie allume aux fenêtres des phares
    Et part comme est venue cette vision sinistre

    Dessous, la peur
    n'a pas vraiment quitté les rires, les odeurs
    ni les mains qui s'octroient un moment de chaleur
    Déjà, rien n'est pareil
    Tout semble suspendu à un prochain réveil 

    Joe Krapov

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré d’une photographie de Joe Krapov

    (ci-dessus, détail)