Elle s'était promis de monter au moulin
partie pour la fraîcheur, partie pour la balade
et m'avait proposé de lui tenir la main
orchestrant à dessein notre parade
Sous l'orage incertain, probablement complice
un Couchant miroitait quelques plis de Postale
méditerranéen à la surface lisse
irisant des Pyrénées Orientales
Le couvert d'oliviers gradués en terrasses
plongeait ses bras noueux dans le sol rude et fier
une ombre bientôt bleue investissait la place
et s'accuserait le blanc sur la chair
Le rappel au foyer des promeneurs épars
fumait depuis le bourg la viande ou la sardine
ça claquait des talons, rassemblait les moutards
désertant les chemins sur la colline
Bientôt seuls à jeter de notre promenade
adossés au moulin nos regards assortis
dans l'arche de la baie à l'antique mémoire
où s'embrassent des fauves assouplis
Son ventre dans mon dos dans ses jambes croisées
le mien qui s'apaisait à nos respirations
souriant à la lune au croissant prisonnier
des pales ajourées, nous paressions
Le soir épaississait la vague sous la digue
sur la colline au sud moutonnant ses rondeurs
Un murmure se fit venu de la garrigue
suggérant de nous empoigner le cœur
Ce que nous fîmes là, dans un pli du chemin
à peine protégés des pierres, des chardons
à broyer nos suées comme olive au moulin
à nous tirer le jus dans un buisson
Simplement revêtus des parfums, des odeurs
qu'un lent souffle terrien emportait vers la mer
nous nous sommes hâtés d'accéder au bonheur
confiant notre plaisir à l'atmosphère
La nuit accompagna le retour au village
de nos carnes repues encore ivres d'amour
Le moulin garderait secret ce badinage
pour ajouter au charme de Collioure
tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK