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tiniak - Page 21

  • azur aimant

    graphisme : Gaëna Da Sylva

    suis-je mort ?
    non, pourtant
    pas encore, assurément

    c'est d'accord
    j'attends
    sur moi passe le vent

    azurément

    - il est mort ?
    - je ne crois pas.
    - donc, il dort.
    - on dirait pas,
      il a un oeil ouvert ;
      il y traîne un mystère.
    - allons, passons devant.
    - assurément.

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    extraite de sa CHAMBRE NOIRE

  • her howling move

    mansarde_move.jpg

    then she began to dance
    improvising glance of her move
    is everlasting happenstance
    improves
    any romance

    outside
    in the distance
    wolves

    I belong to them
    flew away from them

    and sole
    peeping through the hole
    bite my lip
    to keep from howling
    as here she comes now
    whirling

     

    ________________________________________

    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    extraite de sa CHAMBRE NOIRE

  • des mots! des mots!

    tourmente_des_mots.gif

    j'aurais pas cru ça dieu possible
    (déjà, vu que dieu, j'y crois pas!)
    depuis, je me sens invincible
    heureux fou, plus que moi y a pas

    allant mains nouées dans le dos
    je noctambulais l'avenue
    sur le trottoir des Impromptus
    dans le nez quelques vers de trop

    le vent charriait des papiers gras
    (quelques missives sirupeuses)
    qui m'encombraient l'oeil et le pas
    vague abondant l'heure hasardeuse

    quand j'aperçus venant du sol
    et ajoutant à ma déroute
    l'étrange éclat d'étranges gouttes
    comme escapées d'un jour d'école

    non, je n'avais pas la berlue
    il n'y avait aucun trucage :
    c'est bien des mots qu'il pleuvait dru
    aux flancs d'une nuit sans nuages

    et ça me pleuvait droit dessus!

    des mots dansants, des mots joueurs
    des mots s'agrippant aux passants
    et sur les pavés bondissant
    pour arriver à ma hauteur

    j'en ai lu un, puis deux cents, mille
    j'étais pris dans un tourbillon
    cette pluie tombant sur la ville
    collait à mes basques, dis donc!

    jusque chez moi, elle a suivi
    mon trajet de rues en ruelles
    adieu, costume de flanelle!
    bonjour, noyade et pleurésie!

    de congestion point, mais que d'ondes
    m'entourant de prose et de strophes
    un ballet déroulait sa ronde
    en lettrines et apostrophes 

    ça m'a pisté à l'intérieur
    envahissant mon territoire
    investissant mon écritoire
    et se jouant de mes humeurs

    et ça me ravissait la vue!

    des vers en veux-tu ? en voilà!
    des incongrus, des pas courants
    des chutes faisant la ola
    autour de mots "Fin" souriants

    ces mots ne m'appartenaient pas
    mais ressemblaient à s'y méprendre
    à tous ces mots que j'aime entendre
    délire le monde et ses tracas

    lecteur conquis, je fus tenté
    de remonter jusqu'à sa source
    le fil de cette logorrhée
    et me préparai pour la course

    manteau, chapeau, gants et pépin
    je m'installai sous le nuage
    qui poursuivait son déballage
    et l'appâtai de mon calepin

    c'est, de retour sur l'avenue,
    que fut dénoué le mystère
    du phénomène extraordinaire
    logé au coeur des impromptus

    doudoune_pop.jpget ça, je n'en dirai pas plus!

    j'ai trouvé dans cette aventure
    une voisine littéraire
    pour qui j'enfile en écriture
    une doudoune, jambes en l'air.

    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • cas pas bleu

    D_60POT2.JPGEn réponse subtilminimalement subliminée à la scribouille de MissTiss "comment t'atteindre" (interrogation intrinsèquement très féminineuse et non moins féquemment se posant à la gent masculinesque qui n'en pique mais), cette note pas bleue.

    réflection in petto:
    je ne suis pas sûr d'avoir tant mâle figure et vous ?

    ________________________________________

    "capableu"
    (blue not!)

    Fais toc-toc-toc
    et, flic flac floc
    mon goûte à gouttes
    se met en route
    et coule l'encre à l'envi

    Fais pouet-pouet-tut
    et, hulahup
    en moins de deux
    je técris

    Fais yodelehiho
    et, ho ho ho
    mon gros bonhomme
    s'esclaffe

    sors du chapeau
    cuiller à peau
    joli petit paraphe
    grave ton épitaphe
    sur ma tristesse morte

    youpla!
    tu m'as ouvert la porte

    de cela
    oui oui
    pour cela aussi
    ma Tisseuse au plafond

    je te remercie
    et, pas vu pas pris
    je te baise
    le front

    tipetitniapataponk ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • danse, la vie

    bacchanales, d'après Picasso

    L'archaïque fanal d'une horde païenne
    - nuée d'ombres surgies d'un foyer abyssal
    implorant les esprits de ne pas mettre en berne
    tous les espoirs placés dans cette bacchanale,
    flottait sur la paroi au fond de la caverne

    Sitôt qu'elle arriva, sa force naturelle
    fit se taire les chiens, les cris et les tambours
    déployant un long bras comme l'aigle son aile
    elle entonna alors un chant troublant et sourd
    qui raviva la danse

    Il y était question de célébrer la terre
    les femmes, le visage à même un sol cendré
    de leurs croupes cambrées dressaient l'oignon offert
    aux viriles vigueurs qui devraient s'y loger
    pour y porter semence 

    Callipyge, G. PRIZ

    Les vieux et les enfants battaient des peaux tendues
    par des vieilles séchées, grondant pour les plus vives
    au tonnerre des râles ajoutant leur tribut
    tandis que nasillaient les autres, maladives
    et tristes déchéances

    La Reine que ceignait une peau d'orignal 
    apporta du dehors les effluves poivrés
    d'un été déjà mûr aux humeurs automnales
    et, flattant la crinière, appréciant le fumet
    se joignit à la transe

    De ces accouplements sachant les plus fidèles
    elle approcha les couples nés de l'occasion
    prodiguait ses conseils à celui comme à celle
    dont la trop vive ardeur ou quelque position
    amoindrissaient les chances

    Puis elle s'installa au fond de la caverne...

    On n'est pas bien, là ?

    Les bruits de la forêt indiquaient qu'au dehors
    la lune avait levé son croissant sur le monde
    Et La Reine attendait - la fatigue des corps
    ferait bientôt le tri parmi ceux dans la ronde
    qu'elle aurait en jouissance

    Au vrai, peu lui chalait que par mâle ou femelle
    lui fût rendu l'hommage, pourvu qu'on danse bien!
    à son flanc mollissait le sein rond sous l'aisselle
    La Reine savourait d'avance un long festin
    de charnelles bombances

    Voici que l'approchaient trois gourmandes siérines
    aimant à s'occuper d'échauffer ses appâts
    l'effet de leurs bienfaits en luisante cyprine
    à l'orée de son ventre se manifesta
    perlant des surbrillances

    Prenant alors appui du poing sur la paroi
    elle n'eut qu'à grogner pour être bien comprise
    signifiant à chacun son tour et son octroi
    et fut saisie debout, allongée ou assise
    selon sa convenance

    Les heurts sur les tambours et les chants primitifs
    ont traversé la nuit, puis salué l'aurore
    répondant au torrent roulant sur les récifs
    qu'on avait regagné du terrain sur la mort
    et joui de l'existence

    Callipyge, G. PRIZ

    Les clans s'étaient quittés vers d'autres lunaisons
    quand La Reine enfin seule au seuil de la caverne
    a eu éparpillé du foyer les brandons
    elle entailla d'un rai son bâton de gouverne
    signe de renaissance

    et s'en fut son chemin de Reine au ventre plein.

     

     ________________________________________________

    rallonge impromptue
    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#17c
    espérant inspirer Dame Gaëna Da Sylva, photographe... 
     

    illustration : "Bacchanales", repro d'après Picasso.
    sculptures : "Callipyges" de Georges PRIZ (stylisées).