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poésie - Page 16

  • Pour une étoile (chansonge)

    Lettre, feue ma lettre morte
    laisse entr'ouverte la porte
    au souvenir

    Maître-mot : m'être fidèle
    ne mouche pas la chandelle
    d'un soupir

    Il en va des signatures
    comm' de la déconfiture
    c'est du gras sur les chaussures
    de fine toile

    Rouge sang pour un calame
    je t'ai signé sur mon âme
    en lettres tout feu tout flamme
    dans une étoile

    Parade où le paradis
    s'amourache de l'oubli
    sans coup férir

    Marche sans te retourner
    à la marge du carnet
    sans maudire

    Il en va des aventures
    comme des investitures
    c'est du gras sur les chaussures
    de fine toile

    Bouger le pion de ton âme
    ne te mène pas à Dame
    ni l'amour toujours au drame
    pour une étoile

     

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    tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Moïra

    A la fille de ma sœur

     

    Maintenant s'est offert un tout nouvel amour
    Ouvert comme tes yeux ouverts comme tes bras
    Il étend son chemin de vie, velours
    Réfléchissant l'éclat du jour
    A ta hauteur de vue, Moïra

     

     

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    (Moïra, celle qui élève et guérit)

    tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • Icarion

    Imprégné par l'oubli d'un fantôme de songe
    un vertige me ronge
    et le corps, et l'esprit

    Je connais la partie
    mais je ne puis simplement pas jeter l'éponge...

    Étant seul à jouer
    (mon carnet tenant lieu d'un infantile hochet)
    je prends mon quart d'inventaire au chemin de ronde

    Alas, poor Yorik...
    Et non, ce pavé n'est pas fait de jaunes briques

    Me voici convoqué en un céleste tribunal
    pour un méfait fondamental

    « Avoue ! » m'intime une ample robe noire
    (je ne plaidais qu'un mésespoir
    et suis renvoyé dans mes cordes)
    « Avoue ! Tu cherches la discorde ! »

    Mais non, Ménon, dis-leur !
    J'ai volé le soleil pour n'en avoir plus peur

    « Foutaises !
    Fournaise !
    Voici notre sanction
    sur notre intime conviction :
    tu cherchais un chemin de gloire »

    Ménon, mais non ! Tu sais
    quelle autre dimension, au fond, me motivait

    Selon moi, toute messe dite
    n'est qu'aventure sans invite

    Allons, plaide !
    Démontre que mon élévation n'est pas laide

    (Ménon retourne à sa caverne)
    Ah, non ! Je ne mettrais pas mon drapeau en berne !
    Ah, non, l'Ânon !
    Je conchie des dieux les célestes illusions !

    Qu'on me condamne
    mais pour la liberté de ma pensée profane
    - actrice,
    de trop hasardeuses propensions aux délices

    « C'est bon, t'es mort !
    Pérore encore et c'est fini »
    glousse au Magnitudo Parvi
    une ombre ajoutée au décor

    Un bûcher se dresse; on m'y brûle
    et, tandis que je fais des bulles
    et, tandis que fondent mes yeux
    je m'offre une ultime virgule:
    « Le poète est voleur de feu »

    Delphine Signol et ses Saltimbanques

    tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    (pour un Impromptu Littéraire... et une elfe)

     

  • Alt. ère

    Ainsi, j'ai promené dans un lent cauchemar
    Ce n'était pas le mien et je m'y égarais
    comme on perd la mémoire ou le besoin d'aimer
    en un lieu déserté par l'heur ou le hasard

    L'intense gravité plombait le mouvement
    pourtant qu'une mauvaise urgence y fût à l'œuvre
    mettant le sentiment et les nerfs à l'épreuve
    avec une impudence abreuvée de tourments

    Teinté de bleus azur à l'étrange contraste
    un environnement cosmique et désolé
    absorbait le regard dans son infinité
    martelant, par échos : « Tu vois ? Je suis trop vaste ! »

    .

    Essaimées dans ce flux, des myriades sans noms
    laissaient couler leurs jus en folle et molle danse
    sur des airs impromptus, caressés de silences
    dépourvues de conscience, imbibées d'illusion

    Rêve sans destinée, songe privé de sources
    confondant le chaos de vos langues brunies
    à partager le lieu d'un oublieux parvis
    vous traciez le chemin où s'épuisait ma course

    Et moi, de promener sur cette langue brune
    il me venait des chants à l'enfantine plainte
    il me venait des chants sur des amours défuntes
    qui se muaient en creux d'ardeurs inopportunes

     

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    tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Inspiré d'un tableau de Christelle Guillemine, 'Energie' (2015)

  • La der d'Eden (2)

    Le chapeau mou sur le front moite
    la lippe lâche, mais benoîte
    les yeux... chacun, dedans, dehors...
    le geste souple, sans effort
    une paresse aussi, au ventre
    je laisse mes pensées couler depuis leur centre

    Que s'agite la ville alentour, je n'en ai cure...
    A elle, amours du jour; à moi, la couverture

    Je tire un abandon - d'au moins sa bonne livre !
    des eaux du fleuve blond et ses reflets de cuivre

    La lune a tout fripé son visage enfantin
    (je lui prodiguerai un massage, demain)

    De sa joue est tombée une larme opaline
    que je viens aboucher sur la lèvre marine

    Le vent me souffle un chant connu
    J'ai beau chercher, je n'en sais plus
    ni les couplets, ni le refrain
    Je fais illusion, de la main
    (celle qui n'est pas dans mon ventre
    à farfouiller pour m'arracher ce mal au centre)

    Demain ! Demain ! Reste où tu es !
    drapé de ton éternité...
    Sais-tu comme la fleur t'ignore ?
    Alors que tu ronges mon corps
    - et à commencer par la foi...

    Oh, c'est bien la dernière fois
    que j'espère
    vivre un amour entier sur cette terre

    Aussi, chanté-je
    un chant connu des éternelles neiges

    Aucun amen
    sans avoir entendu la Der d'Eden

     

     

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    tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK