Derrière
dans sa verte lumière
l’âme erre à sa besogne
au jardin séculaire
des printemps mensongers;
les jours qui ne viendront
qu'au prix d'horribles nuits
passées dans des bras morts
à redouter leur fruit
sanguin et familier
Derrière
le chemin séculier
du corps à sa douleur;
la terre qui transpire
une peine immuable
et tout son saisonnier
de cortèges, de fables
de plaintes rengorgées;
car c'est l'ordre des choses
et que c'est bien ainsi;
qu'ainsi l'a dit le père
à la parole close
au tonnerre sans foi
d'un murmure assassin
dans un silence plein
des mes cris intérieurs
Derrière
un râle de misère;
le corps à sa douleur;
le jour qui ne viendra
que trop tard et sans fin;
la mère à son ouvrage
immuable et pénible
avec les mains dans l'eau
à frotter ou à tordre
le drap, le cuir, la peau
avant de s'aller mordre
à son tour la poussière
la sciure humide encore
ou le faisceau de paille
été, automne, hiver
et tout le tralala
des printemps mensongers;
la mère à sa besogne;
la mère à se plier
pour loger comme il faut
son corps au bon endroit
Derrière
dans un silence plein
de mes cris intérieurs
le corps à sa douleur;
le jour qui ne viendra
que trop tard et sans bruit
passée l'horrible Nuit
du géant Familier
aux bras venus me prendre
aux mains venues me tuer
ça, et le reste avec
et tout son tralala
de printemps mensonger
de murmure assassin
et de sueur infecte;
le regard insoluble
et total et sans joie
Derrière
- derrière, derrière, derrière...
je laisse toute affaire
au jardin familier
des printemps mensongers :
le siècle de mon père
à sa triste besogne
et tous ses arriérés
et tout son tralala
et mon regard avec;
j'entre en ce bon séjour
au régulier service
de Son divin amour
tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#131
© crédit photo : Laurent