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poésié - Page 104

  • reflets d'angle

    À son balcon de pierre à l'angle de Soufflot
    la silhouette prise au jeu des luminaires
    hachant tous les reflets vitreux et fragmentaires
    elle a figé son port, une main dans le dos
    à l'autre se consume un fin cigarillo
    qu'elle porte à ses lèvres
    en gestes paresseux ou engourdis de fièvre
    - si je veux

    Parisienne le temps d'y croire encore un peu

    l'escale est à son terme et doucement l'entraîne
    où le prochain matin aura l'aube - roumaine,
    grecque, basque, italienne ? enfin, où le cheveu
    n'insulte pas la peau et rehausse des yeux
    la lumière châtaigne
    roulant ses plis marins et rebelles au peigne
    - si, j'y tiens !

    Une ombre dans son dos tente de l'approcher

    mais s'arrête aussitôt qu'elle penche la tête
    et se fige à son tour - seconde silhouette
    à la masse inutile et proche d'épouser
    dans cette perspective un grand meuble en noyer
    d'imposante stature
    dont l'arête prolonge encore l'imposture
    - quand j'y songe...

    Et voici comme l'heure est brutale, soudain

    un vis-à-vis s'éteint, en face, rue Le Goff;
    était-ce du destin l'impérieuse apostrophe ?
    du plafonnier rugit en un flot argentin
    de vives cruautés sur le long cheveu brun
    déchirant son épaule;
    un mouvement de danse, elle a changé de rôle
    - quand j'y pense !

    Repoussant l'homme sombre, elle entame un tango

    feinte, écarte et se sauve, élégante, féline
    elle aura disparu avant que l'assassine
    une invective rude avec un mot de trop;
    l'instant d'après, trépigne à l'angle de Soufflot
    hèle un taxi, s'engouffre...
    laissant là-haut la honte, la morgue et le soufre
    - ah, j'y compte !

    Parisienne le temps d'être encore à mes yeux

    plus que rêve impromptu, le monde indubitable
    à l'angle de Soufflot, j'ai vu depuis ma table
    la scène que mon sang dramaturge et curieux
    G-LAURENT_soufflot.jpg
    rendit plus comestible
    et par là me gavait d'autres reflets tangibles
    - si, je veux !

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Photographie : ©Gérard LAURENT, "Vinyle à la terrasse, rue Soufflot" (2008)

  • estivale

    L’ÉTE, SES TANNÉES


    Saison cataclysmique où les peaux de gala

    - qui feront chocolat, futures cancéreuses !
    vont mettre sur le gril leurs darnes plantureuses
    au comble du malheur dans leurs pâles appâts

    Choisissez ! c'est la foire aux étals sablonneux;

    voulez-vous d'un gigot ? d'une grasse poitrine ?
    ou bien de ce cuissot enduit de gélatine ?
    Vous règlerez au greffe à un moment de creux

    Allaitée, votre épaule à la crème, coco

    rappelle d'un sirop l'arôme industriel;
    ne seriez-vous pas employé de bureau ?

    La cloque à votre dos démontre votre zèle

    obstinée demoiselle au pimpant paréo
    Ah, l'été... braséro des nostalgies pucelles

    (ces tannées !!)

     

    estivale1.jpg

    tiniak - CARNAGES © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#80.

    Lien permanent Catégories : >imPrOmpTus, carnÂges 0 commentaire
  • pierrade

    Dans le sable des mots que ne filtre pas l'œil
    mais la main, le cheveu, l'algue élimant le seuil
    comme j'envie la pierre et sa tranquillité
    rugueuse, concise,
    qu'un mouvement précise
    en devant contourner, l'assise ramassée;
    dessus pointe l'orgueil reçu en héritage
    d'une calamité qui ne sait plus son âge
    et ne fuit qu'elle-même aux confins de... l'ailleurs ?

    Je ne suis pas la pierre
    je suis à l'opposé
    cette main qui, peut-être, saisit pour jeter
    c'est la mienne
    ce pied n'y prenant garde et l'enfouit du talon
    c'est le mien
    (quoi, j'ai ce côté chien, mais pas que...)
    et puis, j'ai des cheveux, des jambes,
    le goût à peine modéré des dithyrambes,
    des fauves plutôt grands (pour ne pas dire maîtres)
    et me surprends parfois songeant "je crois en naître"
    mais sitôt je me couche
    et découvre que j'ai du sable plein la bouche

    Vous mangez des cailloux ?
    Oui, non... ben, moi non plus
    Par contre, ce chemin ne me dit rien qui vaille
    tandis que ces cailloux respirent la trouvaille
    Ho ! Ho! Voyez l'astuce :
    nous serons tous rentrés pour le bel angélus

     

    cailloux zen.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Lis des phares

    Le phare Promeneur.jpg

     

    Rien n'est pas
    Tout est
    Je sais où tu es

    Elle viendra
    son heure
    Je nierai que
    tu meures

    et partirai
    à pied
    partout le démontrer

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Ataviques soleils couchants...

    OEUF.JPG

    Ataviques soleils couchants,
    couchez-vous une fois pour toutes !
    Que le sommeil balaie nos doutes
    au règne du Rêve ascendant

    Affleurez, bulbes rachidiens !
    Dardez votre face insomniaque
    contre les nuées qu'un Zodiaque
    amoncèle aux ciels quotidiens

    Allez, allez, fronts sirupeux !
    Ne faites donc pas tant d'Histoire;
    vos mesures conservatoires
    gardez-les pour de tristes vœux

    Nous venons fêter l'ascension
    du Rêve et de sa bacchanale
    où le sang que la carne avale
    est source de nos rémissions

    La queue en l'air comme le chien
    manifeste son enthousiasme
    vidant de nos peines les miasmes
    et nous défaisant de nos biens

    Voici notre cortège fou;
    à son allure somnambule
    imprime l'ordre noctambule
    un allant que rien n'amadoue

    Ni le pavot du pénitent
    en robe noire, grise ou bure
    ni des jeux la déconfiture
    en écharpes s'effilochant

    Pas de pause à nos francs sommeils !
    Que la station vertigineuse
    après l'autre - libidineuse !
    où ne brillent phares ni veilles

    Sous le duvet de la nuit court
    la farandole serpentaire
    d'une main l'autre à son affaire
    et ne sachant plus rien du jour

    Quand viendront poindre sous le rais
    d'horizontales métaphores
    l'horreur aura pour nom Aurore
    appelant sa sœur Hêmérê

    L'heure à demeure aux bras de Nyx
    est encore à l'heur d'apparaître
    fantômes narguant la fenêtre
    aux yeux vitreux, mornes et fixes

    Nous venons du Rêve où le sang
    fut contraint d'abandonner l'Œuf
    et n'aurons de cesse qu'à neuf
    renaisse l'unité du temps

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK