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peinture - Page 3

  • voie rouge

    Chen_légendes célestes.jpg

    A portée de regard, célestes, légendaires
    elles sont devant moi les marches de Yu Gong
    taillées à même le roc sur les pas de Kui Fu
    entre le vieux Taihang et le rustre Wangwu
    et le souffle me manque à fouler cette terre.

    Je vous entends railler - comme autrefois Zhi Sou
    se moqua du vieillard attaquant ses montagnes,
    vous qui baignez vos pieds dans la rivière Han
    en rêvant de loisirs sur notre mer Bohai,
    vous me tenez pour fou.

    Elles sont pourtant là, réunies sous la lune
    qui vient de s'arracher à la verte lagune
    et je monte vers elles
    qui sont l'Eternité
    rouge et dorée.

    Je ne sais qui m'attend - peut-être une sirène ?
    il n'y a dans le vent plus rien qui ne m'aliène,
    j'en épouse les ondes.

    La pente n'est pas forte et mon pas leste encore ;
    deux génies bienveillants ménagent mes efforts
    et m'accueillent au ciel
    où je suis convié
    à demeurer.

    Je vais dire mon chant sur la source de Han
    aimer d'un même élan le sacré, le profane
    et embrasser le monde.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    inspiré d'une toile de Joëlle CHEN

    Légendes Célestes, déc. 2008

  • soleil chiffon

    peinture : Joëlle CHEN
    toile d'un jour qui cherche son nom
    près d'un soleil chiffon
    écrin de nuit où l'eau de pluie
    dans la lumière boisée dore
    du petit jour l'âpre décor
    timide
    murmure encore humide
    sous la verdure en putréfaction
    fait un semblant de brume
    et ma nuit d'amertume
    s'évade à reculons


    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré de "Toile d'un jour..."
    une oeuvre de Joëlle CHEN

  • La Venue

    Joëlle CHEN, Aube de l'Humanité

    Je suis là, oui,

    viens, par ici

    allons, approche

     

    approche, voyons

    je suis là, au fond

    par là, oui, tout au fond

     

    Vois, j’ai le pied dans l’eau

    - la première eau du monde,

    et j’ai la tête en feu

    - bientôt la fin du monde,

    et je te vois venir

    pleureuse moribonde

     

    approche

    approche, oui

    il n’est de peur, ici

    plus aucune à la ronde

    sauf à craindre la vie

    le temps qui vagabonde

    et longe l’infini

     

    Me vois-tu, maintenant

    je t’attends, le sais-tu ?

    viens à moi, la pleureuse

     

    viens marcher sur le sol de mes ciels échaudés

    viens, perce la lumière, sa douce pluie d’été

    n’a pas d’autre mystère et peut te révéler

    comment je fis la Terre, l’Homme et sa destinée

     

    M’entends-tu, maintenant ?

    reconnais dans le vent

    de ma voix les accents familiers

    que ton père te menant

    coucher au firmament

    était seul à savoir murmurer

     

    allons, approche Mère

    Femme, fille impubère

    laisse derrière toi

    la plainte, la misère

    et le sale univers

    approche et viens à moi

     

    Ni pires ni meilleures

    dans le secret de l’Aube

    il pleut comme tu pleures

    lumière

    poussière

    ardeur

     

    et te voilà enfin

    je t'embrasse, mon pain

     

    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    inspiré d'une toile de Joëlle CHEN

     

    peinture: Joëlle CHEN
    "Aube de l'Humanité", nov. 2008 / huiles 40x40
    __________________________________________
    bonus welcome

    j'aime de Joëlle
    les huiles à couteau-tiret
    elles m'ensorcèlent
    prêtent à rêver

    dans mon escarcelle
    Joëlle CHEN est arrivée
    pour donner des ailes
    à ces quelques pieds

    si ma ritournelle
    vous amène à contempler
    l'oeuvre de Joëlle
    j'en suis satisfait

    tiniak le niak(ouè!)

    _________________________ 

    -je t'embrasse, mon peint-

  • merci, Derain

    Derain - L'Estaque, 1907

    Dans les sous-bois de l’Estaque
    à l’abri d’un soleil flaque
    je t’ai vue venir, orange
    partagée d’aucun mélange
    oser le blanc sur le mauve
    là, entre les ocres fauves
    dans une ombre enfin lumineuse
    ta nudité radieuse

    Le cheveu brun à l’épaule
    le poing serré sur la gaule
    je t’ai croquée toute, écrue
    du bout du sein et du cul
    Ignorais-tu que je planque
    chaque jour dans les calanques
    tandis que dru le soleil plaque
    un dais sablé sur l’Estaque

    Tourbillon vertigineux
    l’œil mi-clos et la main bleue
    tu embrassais des fantômes
    essences parmi les chromes
    Quel bonheur de te saisir
    absolue dans cet empire
    lent mouvement rafraîchissant
    dansante absence de vent

    A travers le chêne-liège
    par quelque envieux sortilège
    tu m’aperçus, me souris
    m’approchas sous les taillis
    sans un mot pour mon travail
    ôtas mon chapeau de paille
    me confondis sur ta poitrine
    perlée de suées cristallines

    Notre bal sous les branchages
    un feu païen de sauvages
    rappelait de la nature
    la force brutale et pure
    surgissant de la bruyère
    s’égaillant dans la clairière
    escadrons frôlant nos genoux
    des nuées de criquets fous

    De vie à trépas, retour
    en ma chambrée de Collioure
    sous l'coude un canevas cru
    où tu ne figurais plus
    Je t’ai gardée pour moi seul
    pièce manquant au puzzle
    où l’écho de ta robe claque
    dans le marin sur l’Estaque

    (épilogue)
    t'ai-je vraiment retrouvée ?
    un peu tard, l’été dernier
    tes yeux plongeaient dans la toile
    mi-clos comme l’Estivale
    tu as vieilli ; moi, pareil
    nous reproche un franc soleil
    tu me remis ce chèque en main

    tu dis : merci
    moi : Derain.

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré d'une toile de André Derain
    L'Estaque, 1907.