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mémoire

  • Fractale mémoire

    Le sourire appuyé flatte la proie suivante
    avec l'impunité souveraine et glaciale
    qu'affirme un prédateur sur le règne animal
    au moment d'appâter une chair innocente
     
    Passant de main en main, le billet anonyme
    ravage le destin de brûlantes jeunesses
    poussées sur les trottoirs des fragiles détresses
    qui n'aspiraient au fond qu'à toucher au sublime
     
    La progression prudente au milieu du vacarme
    va porter plus avant son projet délétère
    pour mériter demain son solde mercenaire
    et chérir en secret la puissance des armes
     
    Un nubile marsouin étouffe lentement
    le déchet a livré sa farce de méduse
    Tandis que, sur les flots, la croisière s'amuse
    maternelle, une peine erre dans l'océan
     
    En pays d'Avignon s'ouvre le festival
    L'enfant aux yeux béants découvre son cadeau
    La pensée engourdie laisse flétrir les mots
    Il plane sur le monde un parfum de scandale
     
     

    indignez-vous

     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki# 215

     

  • Cornes à l'agenda

    à Christiane et Eugène
     
    Une goutte de cire a roulé, s'est figée
    sur la bougie aux flancs toujours plus avachis
    Un hiver a passé sur tes cheveux plus gris
    dans un geste attendri, sa main froide et fanée
     
    Tu as rouvert au monde un œil jauni à l'ambre
    quand nos voix ont clamé haut ta révolution
    Ton regard a viré à l'or, sous l'émotion
    et nous a embrassé, chacun dans cette chambre
     
    Une année a roulé, s'est figé dans nos cœurs
    le temps, de la bougie, avait soufflé la mèche
    Et nous voilà, sonnés, comme l'insigne glas
     
    Nous réglons nos soupirs à nos sourdes fureurs
    et joignons nos bougies dans la bise trop sèche
    un triste anniversaire au creux de l'agenda
     
     

    amours filiales

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#209
  • Un jour de pluie sans nom

    Voici que tombe un nom, à nouveau, sur le sol
    de ma poche trouée ou d'un trop long envol
    J'en connais la musique; où reste son visage ?
    J'allais marcher dessus, mais je l'ai contourné
    Il avait beaucoup plu, il pleuvait davantage
    et j'avais de parures neuves pieds chaussés
    Je m'arrête un moment devant ce nom qui flotte
    dans la flaque où trempaient des feuilles déjà mortes
    Il perd de sa superbe et ses lettres s'étalent
    ou se font bombarder par la pluie qui redouble
    Le temps de respirer, la flaque est plus que trouble
    et fredonne ma bouche un nom moins abyssal

    poésie,anonymat,mémoire,automne,superbe,boisset



    iniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Le rêve du clown

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    Oh, foire !
    que c'est la nuit tombée d'arpenter son histoire

    Croquembouche dans la faïence
    d'une grenouille à bouche immense
    que soulignait une serviette
    j'esquivais ses coups de fourchettes
    malhabiles
    (il n'est pas pour les batraciens, cet ustensile !)

    Puis, je fus à table à mon tour
    cerné par d'anciennes amours
    qui s'échangeaient des connivences
    feignant d'ignorer ma présence
    désœuvrée
    (j'éprouvais le besoin d'aller me soulager)

    Un pavé tomba dans la mare
    Il m'entraîna sous son miroir
    Des poissons dans notre sillage
    crachaient des bulles de cirage
    noircissant
    l'opacité marécageuse de l'étang

    (le clown :) Triste vint, déballa
    devant lui tous mes aléas
    y accolant des étiquettes
    pour les vendre à la bonn’ franquette
    à la foule
    à son allure familiale qui déboule

    Le cauchemar !
    que c'est de prendre son histoire en pleine foire

    Un après-midi espagnol
    étirant sa sieste impromptue
    vient gâcher ma journée d'école
    jurer qu'on ne l'y prendrait plus
    pour circonvoler à nouveau
    avec la charcutière et ses deux jambonneaux

    Dans l'ombre, le parfum d'une forêt se fige
    autour d'un faisceau lumineux et naufrageur
    La fratrie sera sauve aux dépens d'autres sœurs
    par le génie de l'innocence encore aux prises
    avec une brute et formidable surprise
    renvoyant à ses limbes l'insidieux vertige
    d'être seul
    à trancher entre se jeter dans les bras ou la gueule
    - de l'ogresse ? du loup ?
    de quelque inexplicable et tortueux courroux !
    (Tu sais, la peur demeurera
     Poucet, tant que ne seront pas
     rendues au bout du conte
     pour être résolues de même :
     honte
     peine
     et dévorante nécessité
     que tu dises m'aimer)

    De lune grise en lune orange
    un singe amoureux de Saint-Ex'
    récita quelque œuvre connexe
    tenant lieu de monnaie d'échange
    - le primate ayant dans l'idée
    pour éloigner Bonhomme Hiver
    d'éteindre tous les lumignons
    catastrophait des réverbères
    la lignée
    à chaque bond impitoyable exécuté;
    pour finir
    il m'assomma de paroles sans consentir
    à rien me dire de nouveau
    sur le programme à suivre au lever du rideau

    Je lui tire mon chapiteau d'irrévérences
    allonge encore en pourboire un déca
    puis vais me fendre au sujet d'une danse
    d'un billet n'ayant rien à voir avec mon cas

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    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#141 

     

  • passes

    Où passe
      tout et tout ce que j'en oublie

    s'entassent
      les mots que je n'aurai pas dits
      et ceux que je n'aurais pas dû
      l'autre que je n'avais pas vue
      et dont je me croyais épris
      ainsi
      des chairs dont je m'étais saisi
      le nom que je n'ai jamais su

    hélas !
      faut-il que l'on soit dégueulasse,
      ma vie ?

    Cagasse !
      quand au bout de la nuit du bout de mes godasses
      luit, s'enfile ou passe
      au puits chéri des "pile ou face"
      mon prochain hallali

    Mélasse
      en cuillerée de fruits confits
      tous mes réveils inassouvis
      tartinent, pugnaces
      leurs chapelets de guerres lasses
      pétries
      d' « il eût fallu que tu capitulasses »

    Et puis j'en passe et j'en oublie
    et ça grossit d'autant la masse
    au fond du puits ;
    j'en ai la carcasse alourdie
    et l'aujourd'hui pris dans la nasse
    où marinent les apathies
    d'hiers que je n'ai pas finis

    Bien le bonjour, miss Upperclass...
      Irons-nous mêler nos ennuis ?
      Voulez-vous palace ou paillasse ?
    - cette nuit !

    ...paire de valets ...brelan d'as ?
    Alors, c'est dit

     

    brelan.jpg

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK