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manifeste - Page 11

  • déboutonne hier

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    J'ai eu trop faim
    J'ai trop mangé
    rien ne peut m'arracher les pieds à ta surface
    plantureuse et cocasse

    Et des trésors
    et des beautés
    je veux encore en célébrer les mains au ciel
    toute flamme et tout miel

    Je veux chanter
    sur les fumiers
    des étoiles dans le regard
    narguer des sombres avatars
    la folle course

    Je veux goûter
    dans les vergers
    tous les fruits qui seront à prendre
    où c'est ivresse de comprendre
    être à la source

    J'ai eu trop peur
    J'ai trop pâti
    à longer des intérieurs-nuit la farce triste
    - de tous les maux lampiste

    Et des chimères
    - et des obscures !
    la douce-amère sinécure aux mornes plaintes
    je sais toutes les feintes

    Je veux chanter
    sur les fumiers
    des étoiles dans le regard
    " Je suis le premier des bâtards
      grand bien nous fasse ! "

    Je veux goûter
    dans les vergers
    des essentielles friandises
    la riche et prodigue surprise
    - aussi, la valse...

    Et je reprends
    patiemment
    les vieux accrocs de ma défroque
    et tandis que je soliloque une glissière
    me remplace la boutonnière

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • allégeance

    Légèreté, même d'ici, je me souviens de nos élans
    et comme ils défiaient le vent d'un simple rire

    J'avais ta robe dans les mains - celle avec tous les petits trous,
    je n'avais pas assez d'yeux fous pour les remplir

    Légèreté, même d'ici, je me rappelle nos vigueurs
    comme j'en tirais le bonheur de bien dormir

    J'avais ton souffle sur la nuque et ça poussait la chansonnette
    à hue, à dia et à tue-tête, à na-na-nir

    Légèreté, même d'ici, je révoque tous nos discours
    comme s'y confondaient l'amour et le délire

    J'avais ta verve dans les flancs qui me sortait de toute part
    je n'étais pas assez bavard pour te suffire

    Ma légèreté, je t'en prie, viens, et rejoins-moi jusqu'ici
    Dis-moi qu'on n'en a pas fini avec le monde

    Je suis mort d'être trop poli, trop soucieux et trop patati
    je veux changer ce caillou gris en bille ronde

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    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • PoLésie (2)

    rame, rame, rameurs, ramez

       I

    - Dis, c'est encore loin la Polésie ?
    - Tais-toi et rime !

     

       II 

    Lume rémanente et sidérale
    le jour n'y est pas le jour que l'on sait
    occultant des nuitées l'ombre partiale
    aucun contour n'en bornera jamais
    l'immensité

    Vertige intense où peuvent se commettre
    du beau du laid l'effarement des sens
    et l'étrange expérience de renaître
    à éprouver des béates jouissances
    la vérité

    Fantaisie insolente et curative
    où la bouche est à l'oeil comme une main
    venue calmer des suées maladives
    qu'une autre fièvre instaure du chemin
    la liberté

     

       III 

    Tue, même d'un mot la peur au ventre
    je trouverai la force de le dire

    Tu m'aimes d'un mot, j'aime l'entendre
    et n'ai d'autre repos que ton sourire

     

       IV

    Je vous écris de Polésie où je séjourne
    avant que mes yeux de la vie ne se détournent
    j'y ai retrouvé quelque ami que j'ai cru mort
    mais réside et demeure ici au bout du port

    Il m'assure qu'on est ici plus que vivant
    il me semble qu'il ait raison contre le Temps
    de là pourquoi je vous adresse ces nouvelles
    je pense que je vais rester, mon hirondelle

    m'appelle.

    oups !
    P.S. : c'est manifeste, je reste.

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

    I guess I just wasn't made for these times

  • l'heure avait le front noir...

    l'heure avait le front noir et or
    à en courber l'échine
    l'automne et ses rapines
    dépouillaient nos grands frères

    les nuées se livraient encore
    à quelque horrible fête
    on y tranchait les têtes
    dans des éclats de rire

    et moi de contempler le spectacle sauvage
    comme un autre à la plage regarde ses pieds

    un capiteux parfum d'été
    engluait l'atmosphère
    il vous coulait de l'air
    jusque sous la pelure

    des incantations débridées
    mugissaient à folir
    ou priaient d'un soupir
    que l'eau mouche la terre

    et moi j'applaudissais la venue sur les Maures
    de madame La Mort et tous ses nains mauvais

    la ruée s'abattit brutale
    tapotant sur les tuiles
    changeant le sol en huile
    ruinant les capillaires

    cette chevauchée magistrale
    s'écriait : ville prise !
    arrachant aux chemises
    l'opacité mature

    et moi de savourer toujours
    de l'orgie cathartique
    les foudres énergiques
    m'inspirait de l'amour.

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    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (paru dans l'abécédaire poLétique - adjectifs)
  • impropre exil

    (manifeste poLétique)
    autoportrait

    Ton exil est le mien, poésie vive en rêve
    sur les flots incertains charriant l'humilité
    dont ne sont pas nourries ni les âmes bien nées
    ni les peaux de chagrin pour qui l'aube est trop brève,
    nous voguons vent debout l'un vers l'autre portés

    Idiot celui qui croit - comme on croit un Jésus
    car l'aimer nous ferait une toute autre histoire !
    en l'exil volontaire, œuvre libératoire
    d'un génie supposé en connaître l'issue ;
    nous couchons sous le pont des frères à peau noire

    La prison, c'est l'idée aux forces surhumaines
    (l'espoir d'en réchapper en insulte la grâce)
    le séjour y est doux quand on sait la menace
    qui mange tous les corps et dehors se déchaîne ;
    nous y purgeons le temps que notre âme s'efface

    Pourtant nous la quittons quand nous prend le désir
    d'aller voir les ailleurs qui nous viennent en songe
    espaces infinis que le verbe prolonge
    en y faisant rimer le meilleur et le pire ;
    nous nous retrouvons là, affranchis du mensonge

    Mais les cailloux jetés à la crête des vagues
    forment bientôt les murs qui vont nous contenir
    chacun dans sa cellule à pousser des soupirs
    dessinant à la craie une raie pastenague
    ou sifflant dans le vent la nuit qui doit venir.

    Aussi vivant qu'il soit le rêve meurt un peu
    quand nous fermons les yeux sujets à nos effrois ;
    aussi bien ferons-nous malgré l'heure et le froid
    de veiller avec joie son objet merveilleux

    Et nous irons chanter sous le grand cacatois
    enviant d'un géant les plongeons gracieux
    triomphe d'innocence entre ciel et flot bleus.

    ouééééé, elle est bwooOonne !
    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK