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gaëna - Page 5

  • gourmandise, dose

    Elle ose
    Ignorant les tourments qui l’indisposent
    dépose
    au pied du lit grinçant la triste chose
    offerte par l'amant, fanée, morose
    au parfum dégradant
    au duvet sanglotant
    des regrets désolants
    à cause
    du temps

    Elle ose
    Malgré le froid mordant qui la sclérose
    appose
    à l’entour de son flanc l’étoffe close
    d’un dessus de lit blanc ceignant le rose
    227629807.jpgde sa peau frémissant
    à son corps défendant
    dont le désir hurlant
    l’arrose
    dedans

    Elle ose
    D’un fond de récipient lape la dose
    implose
    son œil éclate en de sombres nécroses
    avançant lentement ses pas l’exposent
    aux regards insistants
    de tableaux ravalant
    leur grandeur pourrissant
    mycose
    d’antan

    Elle ose
    328384030.jpgDes mots s’insinuant en elle éclosent
    symbiose
    un billet contenant la vive prose
    de l’hôte entreprenant qui là repose
    l’engage plus avant
    elle entre maintenant
    derrière elle laissant
    sur pause
    un chant

    Le doux ami dont j’étais éprise
     ne m’aura pas comprise
    Je le sais bien, car depuis je tiens
     une autre gourmandise
    Qui sied bien mieux à l’amoureux
     désir dont je suis prise
    Fini le temps des sentiments
     vive la paillardise
    Fini le temps des sentiments
     vive la gourmandise


     

    norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    texte inspiré de photographies
    extraites de
    LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna

  • carton pathe

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    Le carton d’invitation était des plus laconiques.
    Empreint de circonspection, il tenait de la supplique.
    « Venez, lisait-on, tout ici requiert votre présence. »
    Dans son coin, un médaillon de facture vieille France,
    représentait un bastion qui surplombait la Durance.

    Au long des Bois de Gahenne, je méditais l’invite,
    le souffle court et l’haleine d’une âme en fuite.
    Je parvins à l’endroit dit « De l’aube claire »,
    me présentai devant l’huis sombre et austère
    ouvragé de corps mêlés comme en enfer.

    Usant du pesant heurtoir, je frappai fort ;
    Un écho dans le couloir s’y perd encore.
    La lourde porte s’ouvrit, sans personne à l’accueil.
    Ma curiosité grandit quand j’eus franchi le seuil.
    Des statues de marbre gris avaient la larme à l’œil.

    De l’étage s’évadait une étrange musique,
    une obscure mélopée, à peine mélodique.
    Gravissant un escalier de pierre lisse et nue,
    j’arrivai sur le palier et me serai perdu
    sans la porte entrebâillée où j’étais attendu.

    Accroupie sur le plancher poli comme un miroir
    une dame se tenait dans cette Chambre Noire.
    J’eus le sentiment confus de connaître la scène
    et que j’avais entrevu, par les Bois de Gahenne,
    ce corps à demi vêtu dans son corset d’ébène.

    La voilà qui se courbait maintenant devant moi
    répandait, agenouillée, ses longs cheveux de soie.
    Dans l’obscurité saillaient la croupe et les épaules,
    où vibrait et frémissait, selon, à tour de rôle,
    un élan désemparé et triste comme un saule.

    « - Vous qui célébrez mon nom, disait de sa voix lente,
    la dame qui maintenait sa pose de servante,
    voyez, je suis toute à vous. Ne craignez pas de prendre
    ce corps qui ne veut de vous rien d’autre que d’apprendre
    comme le désir est doux et la caresse tendre. »

    « - Madame, vous me troublez, et je crois reconnaître
    en vous cette âme égarée qui courait sous le hêtre.
    Vous m'y avez inspiré nombre de mes poèmes.
    Et c'est peut dire en effet comme au fond je vous aime ;
    mais nous devons partager ce sentiment suprême. »

    « - Vous m'aurez donc, corps et âme, dit en se redressant
    la dame habitée de flamme où brûlait un tourment. »
    La lutte fut inégale, elle y mit tant d'ardeur
    que son désir abyssal absorbait ma chaleur.
    L'issue m'eût été fatale s'il ne s'y trouvait du coeur.

    Je mis le mien tout entier à pouvoir satisfaire
    la fougue de l'esseulée qui ne faisait pas mystère
    de l'immense variété de ses appétits sauvages.
    Nous y avons consumé nos corps et bien davantage,
    livrant nos intimités à un délicieux carnage.

    Tandis qu'elle reposait, le sein lourd et alangui,
    j'eus le temps de composer quelques quatrains à l'envi.
    Sur la table de chevet, je laissai en évidence
    les feuillets de mon billet où se lisait l'importance
    que je voulais accorder à l'ineffable expérience.

    Comme je quittais l'endroit, des sensations nouvelles
    se révélaient à moi, jaillissaient en étincelles
    et soudain j'avais compris, cheminant sur la terre,
    de l'épisode inouï le caractère éphémère :
    tout séjour m'est interdit au pays "de l'Aube Claire".

    Les Bois de Gahenne ouvraient leurs mirages sur ma route
    confiant j'en traversai la profondeur, et le doute
    pas à pas accompagnait ma saine contemplation,
    tout au bonheur d'être au coeur de si denses frondaisons
    - dans mon sillage, émietté : un carton d'invitation.

    norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    texte inspiré par une photographie

    extraite de LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna

  • Le poignard et le sein

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    Le poignard attendait, au mur, dans son étui que tu aies ragrafé ta robe dont les plis enveloppaient ta jambe où frémissait encore un refus de l’assaut qu’avait subi ton corps.

    Tu n’en avais rien dit, tu t’étais laissée faire mais tu savais, tandis qu’il outrageait ta chair quel enfer s’ouvrirait quand reviendrait son tour à chacun de ses pas résonnant dans la cour.

    Le poignard attendait que ta main s’emparât de son manche argenté jusqu’à la garde fine quand tu délogerais cette lame assassine de son fourreau courbé, alors il frappera.

    Ton silence pleurait des larmes que la rage aussitôt asséchait sur ton pâle visage et les cheveux défaits qui caressaient ton sein dérobaient à la vue quel était ton dessein.

    Le poignard attendait dans l’ombre de la pièce où s’était déroulée l’infâme ignominie et ton sein fomentait la naissance d’un cri qui lancerait bientôt sa clameur vengeresse.

     

    Tu ne diras plus rien, car ta bouche est trop pleine du sang qui veut du sang à l’appel de la haine et le flux de la veine engorgeant le tétin porte un sang noir ébène à sa touche de brun.

     

    Maintenant que le jour a fait son tour de ciel que monte de la cour l’écho d’un pas de fiel sous ton col échancré où tu portes la main se joignent, décidés, le poignard et le sein.

     

    norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    texte inspiré par une photographie

    extraite de LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna

  • southern red woods

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    je t'avais suivie, à travers Gahenne

    jusqu'à sa frange méridionale

    bordée d'arbres nains aux feuillages sang

    de puiser le sang au pied meurtri

    sur la terre où l'ocre jaunit

    je t'avais suivie, mais je t'ai perdue

    comme convenu, juste à la lisière

    un regard encore avant la misère

    et tu disparus, allure légère

    sourire éphémère à la jambe nue

    je gardais pour moi cette goutte d'or

    ce bouton des trois entre tes épaules

    nous savons tous deux quel heureux trésor

    perle de la mousse que l'on frôle

    à ce jeu de rôle, il n'est de plus fort

    je gardais pour moi le chant de Gahenne

    et son accent méridional

    tu courais déjà la frange rousse

    piétinant la mousse et la feuille morte

    allant, jambe nue dans sa gaine d'ombre

    allant, jambe nue rejoindre le nombre

     

    © 2008 tiniak (nobert tiniak) DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • Pagan Poetry

    73f512f0385e6a3d45d1460e299c08ae.jpgAux Bois de Gahenne, sous les frondaisons
    devant la robe pourpre et l'oeil profond
    venant perdre en ce lieu toute souffrance
    et, à l'abri des dieux, mener la danse
    entraînant dans ses pas esprits et bêtes
    tout ce qui vit là se joint à la fête
      
    Le joyeux rigodon parvient au coeur
    du bois, se met en rond ; une clameur
    jaillit de l'assemblée. L'unique note
    agit comme le fait un cataphote
    dans l'ombre Gaëna se place au centre
    de l'étrange agora tenant son ventre
      
    Sa longue robe glisse à ses pieds nus
    et voici Gaëna seule à la vue
    de tous, les bras au ciel sous les grands arbres
    qui, n'étant ni de gel et moins de marbre
    lui font un courant d'air plus confortable
    de sorte que sa chair fût inviolable
     
    De sa gorge s'évade un chant serein
    une païenne aubade au jour qui vient
    le chant de Gaëna est une invite
    connue de tous ceux dont le coeur palpite
    au sortir de troubles obscurités
    comme aux côtés de l'être tant aimé
      
    984c8558f736af6fb81dfb2a982e1deb.jpgLe charme mélodique opère alors
    dès que l'ombre le cède aux reflets d'or
    des nuées penchées sur l'orée du bois
    où le prédateur embrasse la proie
    dans une vibrante explosion d'harmonie
    autour de Gaëna renaît la vie
     
    Aux Bois de Gahenne, sous les frondaisons
    la reine païenne aura eu raison
    des peurs incertaines comme des frimas
    ombre, haine et peine ne résistent pas
    au doux chant de Gaëna

    norbert tiniak © 2007 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    texte inspiré par une photographie
    extraite de LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna