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fleuve - Page 2

  • allégations fluviales

    fleuve

    Fleuve, mon fleuve où tout se noie
    arbres, lunes, ciels - mais sans moi !
    t'ai-je dit que ta pente est douce
    et, comme s'y mirent les mousses
    qu'à mon heure, j'y plonge aussi
    mon trop-plein de langueurs aux pleurs inassouvis ?

    Fleuve, mon fleuve de patience
    où se charrient de nos romances
    le sang des pactes avortés
    les sourires désabusés
    le fer blanc des cœurs que convoitent
    les navrants socs de nos breloques d'ouvre-boîte

    Quand je confie à ta livrée
    le flot tari de mes pensées
    mon esprit prend les coloris
    mouvants de ton cours assagi
    par quelque force inéluctable
    au langage oublié de moi et mes semblables

    Être saule et te caresser
    cygne et nager dans tes reflets
    ragondin pour fouiller tes berges
    vent pour jouer à ployer tes verges...
    Ma conscience te suffit-elle
    à t'écouler vers ton baiser d'or et de sel ?

    Fleuve, mon fleuve au lent passage
    aux antédiluviens hommages
    glissant sous les arches des ponts
    comme frappés d'inanition
    dis-moi juste à quelle heure on dîne
    que je lave mes mains aux larmes de la bruine

    Quand tu chopes la chair de poule
    à la surface de ta houle
    c'est sous l'effet d'une risée
    où la saison vient s'annoncer
    que les seuls oiseaux savent lire
    et que dévoie le trouble émoi de mon délire

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • faux serf

    ouh, féchô !

    Je m'écoute parler, m'en raconte, m'en chante
    des refrains éculés, des histoires charmantes

    Quand j'en ai tout mon soûl avec les dents qui baignent
    explose mon ennui en cirques fraternels

    Puis, je me pleure un peu, beaucoup, passionnément
    et m'arrache des yeux la vision du moment

    Pour n'en dire
    qu'un triste résumé : je ne sais pas mourir

    Alors, je vais m'asseoir au fleuve séculier
    où je finis de  boire un rite familier

    Sa liqueur oublieuse a le goût des ravages
    et puis, le lendemain, mentirai "c'est dommage..."

    Avec le cœur bien gros, tout larmoyeux d'hier
    je tournerai le dos à mes noiseux faux-serfs

    exitEt puis, le lendemain, les yeux à l'aujourd’hui
    te donnerai la main pour m'accorder la vie

    Qu'à ton livre
    j'apprenne ce que c'est que d'aimer et de vivre

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • saulitude 125

    saules de Vincennes

    Vincennes, 10 janvier 2010

    Gazouillis si particulier
    que les chants d'oiseaux le matin
    Grave, aigu, à proximité
    l'un à l'autre de loin en loin

    Il me semble y pouvoir entendre
    harmonieusement concentrés
      une réponse à son appel
      l'ivre désir à la parade
      la faim du jour dans sa nacelle
      du chapardeur la dérobade
      l'entrain, la fuite
      et quelque autre notion profonde
      - qui m'est interdite, du monde

    Ramassée sur sa branche
    la poésie que rien n'étanche
    est assoiffée
    le fleuve las, n'y suffirait
    ni la pluie,
    ni la beauté que je t'envie
    grand saule,
    à qui voudrais tendre l’épaule

    Où t’emmener du bout des doigts
    hors cette fraîcheur qui décroît
    mais traîne ?
    Que ferions-nous de la semaine ?
    De novembre ?
    Et de la jalousie des trembles ?

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#102
    en 125 mots, donc.

     

     

  • mécanique ? huis l'est !

    rouages.jpgEn mode automatique
    le Roi de la Bernique
    rentre les pieds au chaud
    sac à vin sur le dos
    à la main une canne
    affectant un air crâne
    le front ceint d'un chapeau
    vogue sur un vers d'O.
    dans la gorge, ce cri sauvage :
    « À cul, l'hypocrisie ! J'en rage »
    mais il chante :
    « À moi ! À moi, orgues atlantes !
      Je signe sur le fleuve
      les alarmes pour preuve
      que le monde réel
      se saoule de sempiternel
      quand la vérité sourd
      de bien improbables amours »
      se faisant, jette à l'eau
      une poignée de sable
      s'assied, puis s'interroge
      en termes plus aimables...

    Où est le temps de rire ?
    Quel est le sang des pleurs ?
    Et comment se le dire
    sans heurts ?
    L'océan vient buter sur les rochers hors d'âge
    (et personne jamais pour en faire un fromage)
    Les mouettes s'en amusent
    Les moules s'y agrègent
    et de sirènes muses les arpèges
    y ricochent
    mais des majorités d'arguer de l'Allons Donc
    de juger « c'est abscons,
    imbécile, fantoche, obscur à la raison »
    préférant leurs tiroirs
    où ranger, séparés, le paraître et l'avoir
    le duvet marital
    et certaine idée préconçue
    du bon, du vrai, du mal
    et du Bien Entendu

    « En matière de ritournelle,
      c'est la paille et la poutre !
    s'échauffe le J'en Foutre,
      à vous statufier des Cybèle
      pour leur coller des queues de loutre !
      Allez y démêler l'outrage...
      J'ai mieux à faire ; en outre,
      m'attend au coin quelque carnage
    - des plus précieux, et d'importance !
      de ceux que nous offrent la danse
      à sa façon, millimétrée,
      d'être à l'art de tout dépenser »

    Mais la plus sotte mécanique
    observant sa propre métrique
    parvient toujours à ce palier
    quand le verbe et le pas s'arrêtent
    sur le seuil où, finie la fête
    la tête lourde dodeline
    la gouaille range sa cuisine
    et la main va tourner la clé
    des habitudes retrouvées.

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#99
     

  • Le cri du papillon

    fly-in-luv.gif

    Papillon chassant l'autre
    d'un seul battement d'aile
    le cauchemar d'un roi étouffe un ouragan
    la main devant ta bouche
    Le cri que j'y recueille fait mouche
    et couronne mon front de ravage océan
     
    Levant des sables noirs en volutes épiques
    une tempête est née à l'autre bout du songe
    déchire du volcan la robe ourlée d'éponge
    et lance des coraux singer les météores
    vers le chaos d'un ciel où tous les dieux sont morts
    sans un cri, ni verser
    aucun sang sur la terre et ses glorieux palais
     
    Celui que je recueille
    m'écrit des libellules
    Mon regard les poursuit au ras d'un lit de fleuve
    Il y passe des nuits les amours qui s'abreuvent
    comme ces papillons défiant les gravités
    l'un de l'autre
    tandis que sur le fleuve un grand saule se vautre
     
    À cet endroit précis
    du monde que j'oublie
    la main devant ta bouche et l'œil à son festin
    je laisse les regrets au triste souverain
    et te donne en retour mon cri contre le tien

    fly4away.gif

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK