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fleuve - Page 3

  • dans un bonjour

    Ce machin ! tout gris, tout tordu, à la tête d'épingle
    aux bras de bonobo
    que prolongent deux tringles,
    il me suit partout comme une ombre - et peut-être en est-ce une !
    Si je porte chapeau
    il en coiffe la lune
    Le fleuve
    il en singe les joncs
    - la preuve ?
    ses grands pas de héron
    qui se tendent, se meuvent d'étrange façon

    Si je l'entendais bruire... !

    mais je n'entends jamais que mes propres soupirs

    Je l'appelle...

    disons, quand l'idée me vient à l'esprit : Ficelle
    - n'en déplaise aux férus de feu Giacometti
    ou aux arts éternels,
    c'est ainsi

    Quel bidule !

    et moi de m'inquiéter d'être sous sa férule
    avec mon gris sourire
    et cette propension à redouter le pire
    dans la chose certaine
    (qui prétend régenter notre nature humaine ?)
    pour un peu, ça m'étouffe
    et m'entraîne à surjouer ma partie dans l'Esbroufe
    générale
    où se distrait l'ennui de son issue fatale

    Mais, bon... c'est décidé : je veux tordre le cou

    à la dernière peur qui tarde
    à s'assagir enfin
    quand l'autre affreux pantin musarde
    et se gave, après tout,
    de ces mornes courroux qui m'affligent la carne !

    Je tire la ficelle...

    au bout, pas de surprise :
    une charpente grise et maigre comme un clou
    vient et s'immobilise,
    ruissèle de partout
    de la cendre
    que mêle un jus épais à l'odeur sulfureuse
    de coriandre ;
    dans ses orbites creuses
    où l'ombre est à se pendre
    je cherche une émotion
    - quel âne !
    depuis longtemps l'essence a déserté ce crâne

    Si j'avais des ciseaux... !

    mais des ongles gelés me parcourent le dos

    Les miens étaient rongés (maintenant que j'y pense,

    comme c'était fort laid !)
    au fur et à mesure
    que l'autre décharné réclamait ces rognures
    pour lui-même
    et sa triste posture de cri sans thème
    et puis cette douleur
    dénigrant des caresses le simple bonheur
    d'être douces, attentives
    et au lieu de cela - prétention maladive,
    abritaient sous mon bras leur méfiance craintive

    Suffit, là !

    je regarde la vie
    elle tient devant moi
    elle a le cheveu court
    (un peu plus court qu'hier, oui)
    et dans son œil m'accorde une larme sincère
    et gaie !
    voyez comme !
    Il est temps d'en finir, allons ! vilain bonhomme

    Je me tiens devant elle

    Pardon... je me tiens devant toi, Ficelle !
    et le mot qui me vient pour déjouer tes tours
    est si simple à présent : bonjour

    1965Giacometti -Lotar III.jpg

     

     

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un hommage à Alberto Giacometti

  • roman fleuve

    Molle parade au lit noueux
    va son cours le fleuve indolent
    ses lèvres brunes paressant
    aux pieds des arbres tortueux

    Au loin, son sourire folâtre
    avec une ancienne aventure
    qui le nargue à cette embouchure
    et lui rengorge une eau saumâtre

    Pas de deux sous l’enjambement
    d’un pont sur ses rives cabré
    nous promenons nos satiétés
    repues de nos derniers élans

    Tu n’as pas froid, dis, sous mon aile ?
    Es-tu sereine et bien heureuse ?
    Tai-je connue plus radieuse ?
    Hier, étais-tu aussi belle ?

    Vois, je rechigne à prononcer
    à ton oreille ces questions
    quand à ma joue colle ton front
    et que je t’entends murmurer :

    Vois, je suis pareille à ce fleuve
    où tu viens tremper ton plumage
    toi, mon bel oiseau de passage
    et que n’entame aucune épreuve

    Moi qui me rêvais mandarin
    pêchant jusqu’au seuil de la nuit
    de quoi combler nos appétits
    et te réveillant au matin !

    C’est à douter des connivences
    et leur tacite certitude
    accolée à cette habitude
    où nous croyons lire la chance

    Comme à marcher d’un même pas
    on se croit pris d’un même élan
    vers le même endroit cependant
    qu’on sera seul arrivé là

    Où mollement le fleuve emporte
    la moindre poussière alluviale
    que la profondeur abyssale
    entraîne dans sa place forte

    Mais puisqu’on se l’était juré
    je te dis tout mon sentiment
    quand le marin de l’océan
    ravive le parfum salé

    Et ton sourire
    chasse entre nous l’idée du pire

     

    madarin.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK