Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

anarchie - Page 3

  • Larmes de Celle

    (la femme de Loth, con !)


    La femme de LothQuel nom était le tien, Statue de Celle
    qui fut
    marchant
    laissant les autres devant
    de ton pied caressant la route longue et dure
    évidemment vivace, belle et sûre
    et le sourire aimant
    quand parfois le silence
    vibrant du fait de ta seule présence
    t'enrobait l'alentour
    avec cette attention diffuse, calme et bienveillante
    qui parfume les muses
    des légendes atlantes
    ou se peut ressentir au petit jour
    qui monte maintenant
    et t'embrasse en retour

    C'est quelque vieux bavard
    au ton bien inspiré
    qui conta ton histoire au troupeau en exil
    lui laissant pour mémoire
    depuis ce temps d'arrêt
    une tache à la marque indélébile

    Des scribes scrupuleux
    en tirèrent un livre
    prétendant à un nouvel art de vivre
    Un ordre impérieux
    en dévoya le sens
    et noya tout le sel de l'existence
    dans les larmes, le sang, honte et obéissance

    Vinrent les temps de pendre et torturer
    la chair humaine à vendre et déporter
    en priant d'implorer miséricorde
    les mains entravées, le cou dans la corde
    pour expier le crime abominable
    de n'avoir pas voulu renier son pain ni son étable

    Ce nom que je lis, ce n'est pas le tien
    le lire comme le dire me laisse froid
    mais plus je te regarde
    figée dans ton effroi
    plus m'insupportent le dogme et la loi

    Car, je ne risque rien à jeter à loisir
    par-dessus mon épaule un regard en arrière
    aucune contrition ni aucun repentir
    encore moins les affres d'un pénible enfer
    ne m'empêcheront de te revenir
    que des yeux je te pose ma question
    Statue de Celle Qui Fut quel était ton nom ?

    tiniak - totalités mineures
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Des ministres et des cancres las des sinistres quatorze juillet

    haut-de-forme.jpgJe prends tout et je retiens d'eux - enfer !
    la foire à la rescousse
    des affolements pécuniaires

    Mon cArnet s'en émousse et - t'en fich' mon billet,
    le front grave des frontispices
    voudra bientôt le mettre au supplice
    et combien ! et comment !
    Chaque mot vaudra bien son pesant d'artifices
          Ô Quatorze Juillet !
    Au cours de l'exercice, il sera mesuré
    combien valeur attente au nombre des âm'nées
    Que tous les dividendes
    soient dûment reversés à ceux qui y prétendent
    (bien avisé l'auteur sachant mettre en veilleuse, alors
    de sa fibre verbeuse le secret or)

    De l'écrit, l'économe
    y verra le rachat potable des "pense homme"
    "songe un peu"
    "sais-tu que cet ennui peut-être fructueux ?"
    quand, aux et cætera
    seront sacrifiés les artistes fatras

    Des économies d'écriture
    l'On gagnera le temps de lasser ses chaussures
    aux allers et retours quotidiens et bravasses
    que recommande aux biens l'Ordre de l'Efficace

    Œuvrez, ministres parapluies !
    Retournerez à vos baleines
    la peau pleine de collagènes;
    tendues, vos sinistres envies
    sauront comment faire vos lies
    pour la semaine
    (bien avisé le sot - enfer !
    mettant par devers lui, couvert
    le Verbe sous le coup d'arrêt du secret taire)

    On entendra, c'est déci
    comme vous nous haut-parlerez
    en long, en large et à travers
    nos rues de cités populaires:

    Allégoriques salves
    songeuses métaphores
    Ah, ça !
    Vous coucherez dehors
    avec la pute slave et son charivari
    ...deinde philosophari

    Moi, si je gâche ma salive
    c'est qu'elle est déjà maladive

    Quant à l'encre
    voyez dans votre dos ce qu'en ont fait les cancres !

    dessin011.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    1110964340.jpg 

  • Ce désordre nous vaut

    CHUT!!.JPG

    Que ce qui bouge là-dessous se taise
    on s’entend plus soufrer !
    on n’est plus à son aise !
    Que nos lies de regrets s’apaisent, fondent
    et forgent nos épées pour conquérir le monde
    Que tous nos fers de lance
    contre le ciel s’élèvent
    tandis que nos foulées sur la terre mouvante
    l’obligent à garder pour elle
    sous le manteau la sève, lente,
    où roulent du magma les sifflets infernaux
    et des affres déliquescentes les pipeaux

    À vous, les flores microbiennes !

    Levez vos légions virulentes, artistes
    par les pelures de nos plaines
    depuis nos montagnardes sentes et pistes
    aussi les fleuves
    où nos sillons de culture s’abreuvent

    Abrogeons les lois du vacarme
    aux assemblées de crocodiles
    baillant tous leurs palais bourbons aux larmes viles
    Aux larmes !
    Émanations du sens pratique
    les larvaires compromissions
    au dernier souper de maximes
    pour ne pas solder l’addition
    s’alarment
    en lettres d’accréditation
    s’acharnent
    et se renvoient l’obligation
    - et, quoi qu’en disent aux frontons
    les nobles lettres capitales,
    ce que c’est d’être sous le charme
    inféodé à l’émotion
    sans souffrir aucun état d’âme, ça non !

    Debout, les données délétères

    les étiquettes de cal’çon
    les chaires
    des biométries identitaires
    et des nano-introspections
    le pain au levain du pays
    - dont vous ne savez pas le prix,
    vous rengorge votre ignorance
    le dos au mur
    avec la suffisance de vos investitures

    Assis, les révolutionnaires
    aux massives résolutions !
    Que les esseulés de la terre
    tenant chacun sa position
    ferme en sa force d’inertie
    - le rêveur ou le sans abri,
    vous assignent à résilience
    et vous rappellent à l’urgence
    d’exister

    CHUTZEN.JPGDebout, assis, couchés !
    Rira bien qui se taira tôt

    Le silence va révéler
    ce que le désordre nous vaut

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • ÇA CANARDE À BOULOGNE

    billancourt.gif

    Si casser des œufs pour une omelette
    n'est pas casser trois pattes à un canard
    ça demeure être vilain merle
    que tuer dans l’œuf une perle
    qui sait ? qui eût été douée pour l'art

    Pi que l'oiseau sur une branche
    mon pauvre, que tu es serin !
    de te croire à l'abri, serein
    dans ton bel habit du dimanche;
    ici, on plume le pigeon
    quand il porte chapeau-melon
    et ne sait pas trousser ses manches

    C'est pas en trouvant pie au nid
    qu'on évitera l'anarchie


    Oh là !
    Ton papier, ça déchire !
    C'est pour la gazette à venir ?

    Et pan !
    Dans son cul, la bourgeoise !
    Ah ça, j'aime quand ça dégoise !

    Ah, nom de nom !
    C'est quelque chose
    t'avoir avec nous pour la cause

    Tu penses !
    On n'est pas des aigles, hein...
    L'école on l'aura vue de loin

    Et tah ! et toc !
    Comment qu't'as dit...
    ... quand t'ça finit par "anarchie" ?

    Et rlaan !
    Dans son cul, la bourgeoise !
    Je t'en foutrai moi, des framboises

    Aux fraises
    qu'ell' peut toujours aller courir;
    on dira ce qu'on a à dire

    et la gazette
    elle irait se torcher avec
    ce serait qu'un bonheur de plus
    de la savoir dans son joufflu

    kollwitz_misere.jpgAh, mon colon...
    Adieu patron ! Adieu patronne !
    Y a pas que des cons à Boulogne.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi

    Illustration ci-contre : Käthe KOLLWITZ
    (cliquer pour élargir)

    En-tête, grévistes à Billancourt, 1955.

    ci-dessous, poursuivre l'idée... ?

    ana_ban4.jpg

    UNE LUEUR DANS UN REGARD NOIR

  • 34!

    barreaux22ge.jpg

    « Coupables »

     

    A peine croyable ! En vingt-deux ans de carrière, je n’avais jamais vu ça, et pour cause ! La sentence fut prononcée trente-quatre fois d’affilée pour le même chef d’accusation entraînant la même peine, uniformément appliquée aux trente-quatre prévenus : douze mois incompressibles de prison ferme. La qualification du crime lui-même avait été problématique pour le Parquet. La requalification du délit d’outrage en circonstance aggravant le crime valait pour satisfaire la Partie Civile, mais ç’avait été un véritable casse-tête juridique pour le bureau de l’avocat général que d’arriver à formuler cette requête au Pénal.

     

    Du côté de la défense, dont j’avais la charge, il faut bien dire que la tâche fut à la fois des plus sympathiques (à peu près dans toutes les acceptations possibles du terme) et des plus ardues : mes trente-quatre clients ne reconnaissaient pas les faits, ils les revendiquaient ! Et leur victime n’était rien moins que la société civile à travers une de ses plus hautes institutions d’Etat – d’où l’outrage.

     

    C’est sans manifestation outrancière cependant, que la bande d’employés du Ministère, accueillit la condamnation. Un large sourire illuminait toutefois ostensiblement le visage de chacun et chacune d’entre eux. Il y eut même quelques embrassades et effusions amicales entre les condamnés. Du jamais vu, je vous dit !

     

    Deux mois plus tard, je passai rendre visite au plus malicieux, mais aussi au plus loquace d’entre eux, David F**, que je soupçonnais d’être l’instigateur du plan général. Il me reçut avec sa bonhommie habituelle, prit des nouvelles de ma santé, de celles de mes proches, de mes collègues du cabinet…

    J’en vins assez rapidement à l’essentiel de ce qui me tracassait depuis le début de l’instruction (qui fut expédiée en dix-sept semaines et quinze jours) :

    «  - Pourquoi ? »

    Le comment était explicite. La quasi-totalité des employés du troisième et de cinquième étage du Ministère de *** avait d’abord occupé les locaux durant toute une nuit afin d’en déménager la plupart du mobilier sur le parking, au vu et au su des agents de sécurité neutralisés par quelques collègues complices. Puis, chacun des « malfaiteurs » avait choisi deux éléments de ce butin improvisé pour les emmener à son domicile, au cours d’une singulière parade qui prit à contre-sens l’arrivée matinale des autres employés dudit Ministère. Enfin, l’un des éléments dérobés fut méthodiquement détruit devant le domicile de l’employé criminel, tandis que l’autre « trônait » en évidence quelque part dans son logis. Circonstance aggravante, l’objet détruit revêtait un caractère confidentiel relevant de la gestion de dossiers de contribuables lambda.

    De l’autre côté de la table d’entrevue, le condamné prit appui sur le dossier de sa chaise, les poignets sur le bord de la table et les mains jointes. Il respira un bon coup, puis me dit d’une traite :

    « - Maître, vous n’aurez pas été sans noter que notre joyeuse petite bande se compose de personnes vivant seules ou maritalement, mais sans enfants à charge. Chacun d’entre nous a des raisons particulières d’avoir agi ainsi. Ce que nous recherchions, c’est ce que nous avons obtenu : douze mois de prison ferme. Je vous l’accorde, il y a d’autres moyens d’obtenir une année sabbatique. Mais, voyez-vous, nous, qui sommes dans la machine, savons pertinemment les dégâts qu’elle cause chaque jour chez nos concitoyens. Il nous est impossible d’amener le système judiciaire à identifier des responsabilités précises dans ce que nous considérons bien souvent, quotidiennement – c’est-à-dire dans la quotidienneté de nos tâches, comme des actes criminels. Aussi avons-nous décidé de nous payer des vacances au frais de l’Etat tout en payant la dette que nous estimons avoir envers nos concitoyens administrés. C’est aussi simple que ça. »

     

    Je ne parvenais pas à y croire. Rendez-vous compte : trente-quatre de gré à l’ombre !

     

    impromptu littéraire de tiniak - tiki#2

    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions Twalesk