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effet : mes rides - Page 11

  • Orange ballade

    (Rêve sans pédigrée)


    Cette ardoise après l’autre, une ville appareille
    avec tous ses sommeils et ses carnes repues;
    elle ne parle pas ou je ne l’entends plus
    ou bien c’est que je dors aussi, dans ma corbeille.

    Comme j’aurai couiné longtemps, après le jour
    léchant plus qu’à son tour la vigne des façades,
    je me serai lassé d’attendre ma balade
    aux oranges œillades couvrant mon parcours.

    Le partage du fleuve où trempe un doigt de ciel
    pour y goûter le miel d’une ère en mouvement,
    entraîne dans son flux la ville, mollement;
    peut-être que j’en suis, calme et atemporel.

    Je ne sais si la longe à mon collet de cuir
    a voué son empire, affable et quotidien,
    à d’autres gémonies livrées à d’autres chiens;
    je me sens libre enfin, t’approche, te respire.

    Ton odeur est partout, présente et résolue;
    par l’entrelacs des rues, les places et les squares,
    vient répandre son bruit dans le souffle du soir
    et se placer au cœur d’une histoire incongrue.

    Ô, maîtresse !
    Ton pas m’est bien plus doux si je trotte sans laisse
    autre que ce parfum qui me lie à sa loi
    et m’arrache du fond de la nuit les abois
    où tu reconnaîtras toute, mon allégresse.

    Oh oui, je serai bon et tu seras contente !
    Nous nous accorderons et l’allure et l’entrain.
    Tu sauras me flatter de caresses charmantes;
    moi qui t’aurai juré fidélité de chien.

     

    ...thrown away the key?

    extrait des Orange, chroniques  © 2011 DUKOU ZUMIN

     

    Laisse, va...

     

    Lien permanent Catégories : effet : mes rides 1 commentaire
  • pluviométries

    ...d'après © Louise Markise

    Deux mains fouillent un sol où le visage aimé
    a fini d'abriter son intime
    à chaque œil, un centime
    à chacun son loyer

    Mais la terre argileuse ayant durci le ton
    fait de la rétention de calvaire
    n'entend pas la prière
    les regrets, l'abandon

    Obstinément des pleurs martèlent la surface
    sans pouvoir délayer la poussière tenace

    Et le front qui se lève au ciel inamovible
    souhaiterait qu'enfin crève un nuage tangible

    L'orage passe au loin
    épargnant le bon foin pour les granges d'ici

    Ah, dieu ! que fait la pluie ?

    Les bottes gavées d'eau terreuse et de gravier
    un enfant du quartier, goguenard
    rentrera sur le tard
    sa gueule enfarinée

    Parenté pointilleuse, il aura sa leçon...
    mais l'heure est à l'affront, haut et fier
    devant tous ses confrères
    garder ses pantalons !

    Ouvertement railleur et le rire bravache
    ajoute à son aspect déplorable des taches !

    Et c'est la lutte à mort qui s'ouvre au caniveau
    Ça redouble d'ardeur et ça hurle "taïaut !"

    Il ne manque plus rien
    qu'un déluge au festin; que tout soit accompli

    Putain ! que fait la pluie ?

    Une glaise attend là de prendre forme humaine
    Et tout un régiment d'achever la semaine

    Une larme se tient tranquille au bout du nez
    Un coup de pied au cul se perd dans la soirée

    © Louise MarkiseMais la pluie ne viendra
    (toute à son importance)
    qu'à cette condition :
    Formez le rigodon !
    Il y faut une danse...
    Qui en saurait le pas ?

     

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#132 

    Illustrations d'après et de
    ©
    Louise Markise

  • décors cuivrés

    corsPa-pou ! Pa-pou !
    Deux cors se mêlent de gémir
    (quand, moi, je suis trop fatigué)
    Un rire (soupir) s'en est allé

    Ce bugle ! - est-ce mon reliquat ?
    remugle (remugle ?) tout mon fatras
    m'enivre
    et n'en finit pas de faire ses cuivres

    Sur l'avenue Flandres-Dunkerque
    je regarde passer le tram
    Madame,
    iriez-vous jusqu'à Albuquerque
    pour quelque flamme
    quelque envie de briser le cercle
    ou par peur
    d'avoir délibérément osé manquer l'heure ?

    (du retour ?)

    Amour,
    quel hymne de fanfare
    bourdonne au pavillon de Longs Retards !
    quand, bourgeoises
    (suivies d'une arobase)
    s'indignent de trop conjugales bases
    et s'adressent
    dans la distance, fantasmes, caresses
    hédonismes
    aux contrefaits apanages et prismes

    Un mot pour ce lardon
    qu'il aura fallu passer au siphon
    Ainsi font pucelles (chante !)
    mais vous, madame, n'êtes plus si frêle...
    pente !

    Sur l'esplanade de la gare
    j'observe un rang de voyageurs
    Se pourrait-il, pétard !
    qu'un seul... qu'une seule meure
    de l'envie
    de pousser jusqu'à Albuquerque ?
    Oui, d'ici
    à deux mains
    repoussant les lourds battants du destin

    Et ce souffle par les cors
    de jeter mon aspect dans le décor

    Tiens, j'ai faim ! Chèvre chaud ?
    ou camembert mêlé de Livarot ?

    Liverpool-Amsterdam
    Se pourrait-il enfin... pour quelque flamme ?

    Pa-pou ! Pa-pou !
    De mes lèvres chèvre, chauffer l'embout
    essoufflé
    d'être encore à me vouloir embarquer
    sur le port
    où vibre la cacophonie des corps

    Adieu, parties ! Je reste ensemble
    Plaise qu'à vos dénis la mienne tremble

    Singeons : l'art allonge la vie
    A quoi bon se chercher des raccourcis ?

    Mentons : crevez, madame...
    J'ai mon billet Liverpool-Amsterdam

    décors cuivrés

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • dénoué de sens

    noeuds_marins.jpg

    J'étais las, empilant, étage après étage
    mon distant sentiment (mon manque de courage ?)
    que de ma tour d'ivoire aux parois amovibles
    se repeigne de noir le centre de la cible

    Quand j'eus cette impression, volage puis tenace
    que mon éducation n'était qu'une carcasse
    lourde, impropre - futile ?
    dont m'indisposait que le panache rutile

    Aussi, j'ai résolu de me faire une corde
    pour échapper en douce à ma propre discorde
    échafaudais un plan de pure espièglerie
    en puisant aux ressources de ma fantaisie

    Lentement, patiemment, nouai les échelons
    qui me délivreraient de ma haute prison
    sans connaître le seuil
    qui me fera toucher la base de l'écueil

    L'échelle fut complète avant que ne le sût
    mon esprit attaché au résultat voulu
    J'étais à mon affaire, étourdi, désireux
    qu'un sens irrévocable émane de ces nœuds

    Au bout, la liberté ! Ça, je n'en doutais pas
    Qu'importe la saison : soleil cru ou frimas
    je serai libre enfin
    quel qu'en soit le ciment d'écrire mon destin

    Ainsi nouai-je
    comme à la partition les notes de l'arpège :

    au boudin antillais, la normande escalope
    à mes rires épais, le rire des salopes

    aux bottes de Poucet, une voile marine
    à la fin des espoirs, une humeur assassine

    à d'honnêtes soupirs, un masque rigolard
    aux regrets du désir, un audacieux regard

    à de pâles odeurs, un livre : Le parfum
    aux humaines chaleurs, un spirituel festin

    à mon sens,
    rien qui ne vienne entraver l'existence !

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#127

  • dramaturgies caractérielles

    CaillebotteDes catalogues de misères
    j'en ai en-veux-tu-en-voilà
    suffit que je regarde en bas
    dans la rue sous son réverbère

    Il en court aussi sous mon crâne
    mais je m'en débrouille assez bien
    suffit que je tienne mon chien
    et m'allonge sur ma rabane

    Tenez, prenez cette bourgeoise
    le sac arrimé sous le coude
    on pourrait penser qu'elle boude
    mais elle sait comme on dégoise
    sur son cru
    réputé pour ses allants convenus

    Et que dire de ces jeunesses !
    les yeux rougis au vin mauvais
    Que dire de ce rire épais
    où s'entend leur vaine détresse
    à cette heure
    où se vendent nos capricieux bonheurs

    Et l'autre au cerveau saturé
    d'obligations, d'ordres, de chiffres
    conscient de n'être qu'un sous-fifre
    au chœur des pipeaux biseautés
    Sa rage
    à l'aune de son manque de courage

    J'en cause, mais vous les voyez
    chaque jour né du coin de l'œil
    en serrant votre portefeuille
    où ne tinte plus de monnaie
    que des cartes
    qui obligent à vivre à la spartiate

    Bon, c'est dit ! Je le vois le monde...
    mais faudrait-il que j'y abonde ?
    De quell' sorte ?
    Me suffit de fermer la porte
    et d'y voir
    l'occasion de lustrer ma tour d'ivoire

    Ciel, pourris ! Terre, pue !
    Déjà ce que j'aime n'est plus
    qu'un îlot
    où je consume les brûlots
    qui me viennent
    par dépit, et faute d'antienne
    rigolote
    qui alimente ma Charlotte
    (ma guitare)
    seul à traduire où porte mon regard
    et pour qui ?...
    Autant n'en rien savoir et lalali
    lalala
    garder un œil sur ce qui s'passe en bas

    Oh, ma tour ! Oh, mon fief !
    Sachons mettre l'ouvrage derechef
    sur le tas
    en se donnant le ton du cancre las
    de ce monde
    mais prenant soin d'en relayer la sonde
    et d'en faire
    le théâtre de nos Petit's Misères

    Caillebotte
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration d'en-tête : Gustave Caillebotte (portrait ci-dessus)