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La maison violéeLa maison les yeux clos, la bouche entrebailléefigée dans la stupeur, m'a fait lever le nezsous la flamme accôtée à mon bras de fauteuil.D'abord, je n'ai rien su, que la nuit qui s'effeuilleque j'étais dans l'idée - ayant fini mon deuil,de me jeter au fond, d'aller lui déflorertous les bruissants recoins qu'elle m'aurait offertcomme on se connaissait - pas tout-à-fait d'hier,et qu'il ne pleuvait plus.J'avançais mollement dans la gorge nouéede la maison glacée qui ne respirait pasni l'air dans les cheveux défaits de la voisine(la forêt de Perseigne avec son vin mauvaisdepuis qu'on lui a tué son loup, son grand corbeauet le petit mulot qui lui fisait les pieds)ni la chair de poussière aux rampes d'escalier.Je n'étais pas inquiet, j'enfilai un manteauune écharpe et des gants.Quand j'entendis, soudain, qu'on marchait, là dehors- et d'un pas sans effort dans cette obscurité ?!Ça filait droit devant, sur la maison livideet je distinguais bien comme ça soufflait fort.C'est entré, sans mot dire et m'évitant de peuJ'ai entrevu ces yeux; ils étaient comme vides !C'est allé en cuisine en grognant, tel un fauve,un vilain sanglier fuyant devant la courreet puis, ça disparut.Le mur l'aurait mangé ? Avais-je eu la berlue ?Mais non ! Dans les fourrés, ça massacrait des branchesaprès avoir foulé le potager couvert,au dos de la maison qui pleurait en silence.En emportant plus loin son étonnant vacarme,ça ravageait l'hiver avec obstination.Je restai interdit, un moment, sans raisoncaressant la maison, apaisant sa souffranceet son cœur en alarme.tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKpour un Défi du Samedi
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apostasieL'ivresse goûtée mot à motLe regard à l'offre éternelleLe sourire au bas de l'échelleLe pas confiant, par monts, par vauxL'histoire inventée par l'auroreL'horizon comme un lent soupîrLe géant tiré du nadirLe chant luisant du fleuve d'orLe rêve aux portes de l'oubliLe continent plus loin, ce soirLa peur laissée dans le couloirL'élan fragile de l'espritLe salut prodigieux d'un psaumeLa paix sereine du pardonLa très singulière chansonLa main entière dans la paumeLe serment exempt d'hypothèqueL'épaule couverte d'un brasLe tonnerre ourlé dans la voixL’œil plus frais qu'un jus de pastèqueJ'ai tout perdu à ton départpourtant que tout reste à portéedu goût, du toucher, du regardde l'odeur prise à l'oreillerDans le désert de ton absencequ'étale un ciel sourd et muetje me cherche une autre évidenceà la présence des nuées
 tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
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Retour en grâceAvalée par le mur se tient la porte closeAu pied de l'arbre un fruit tombé depuis hierUne étoile accusée par quelques nuées rosesLe ciel tend son miroir à l'océan, la merDans un oubli malingre une idée s'est perdueSur la page aucun mot ne vient lécher la ligneDes yeux abandonnés à jamais par la vuedont nul ne lira plus comme la vie fut digneL'avortement d'un cri n'inquiète pas le jourpas plus que sur l'épaule un geste qui renonceni la question posée demeurée sans réponseni la mélancolie d'un trop ancien amourEt pourtant, je le sens, le bruit va me surgirquand j'en aurai assez de contraindre mon cœurJe serai le vacarme neuf de mes ardeursdans un monde étonné par mes éclats de rire !
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rue, mine !C'est la venue des gens petits 
 l'artère des fins microbiennes
 il y circule des semaines
 un laborieux ordre établiClaque, talon ! L'autre tape un 
 joufflu perdu pour le Trésor
 Négoce des petites morts
 dimanche s'en lave les maintsÇa va; ça vient, de l'aube à l'aube 
 en s'ignorant le mieux possible
 et masquant des zones sensibles
 l'âcre fumet de maigre daubeJ'ai laissé mon chien à son jeu 
 mes rêves crus au caniveau
 sous ses pavés mes idéaux
 couverts de bitume spongieuxMais c'est la mienne; et j'y retourne 
 à ne plus savoir en quel sens
 par automatique évidence
 et n'espérant pas de ristourneC'est là que je divague entier 
 une heure, un instant et ma mort
 occupés à tirer des bords
 vers ses rivages séculiersC'est là que je navigue encore 
 une heure, un instant, volontiers
 hissant ma verve à son hunier
 gonflée d'un souffle franc de porttiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
 pour un impromptu littéraire - tiki#195
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Arrière, Saison !Prolongations de la saison 
 les soirées traînent en douceur
 des simulacres de langueur
 aux pans ouverts de leurs visonsCongrégation des afflictions 
 dythirambe hâlée, des soupirs
 célèbrent de latents désirs
 aux estivales émulsionsDébonnaire, un Bonhomme-Hiver 
 picore déjà feuille morte
 flaque piègeuse au pas de porte
 onguent, tisane et le thé vertPrune amère, une idée d'en l'ère 
 vogue mollement sur les toits
 n'entend pas que le monde aboie
 mais débarque enfin à CythèreEmballement des expédients 
 l'heure est aux dernières folies
 dénichées (plutôt à bas prix)
 par les greniers vidés à tempsRengorgement des Ci-Devant 
 sur les bancs faits pour - à la tâche !
 comme au poste-clé va la gâche
 au buvard, les émargementsHallali des péripéties 
 dans la main, le courrier grimace
 le ciel assemble ses menaces
 et bouchonne aux périphériesIncurie des salmigondis 
 le plat refroidit, ras le bol
 le piano tire des bémols
 et canarde l'enharmonieDésolation ! L'Arrièr'-Saison 
 à siffler son dernier dimanche
 avec un bourguignon (de Branches)
 y laissa toute profusionConstellation des pantalons ! 
 C'est fini, les fanfaronnades...
 Rangées les tongues z'et pommades
 montent les cols sous les mentons tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
 pour un Impromptu Littéraire - tiki#194
 
