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  • Personne en vue

     

    JOUEF_aiguillage1.JPG

    Au quai des brunes
    qu'un rire
    désole
    la femme prune
    sans fuir
    s'étiole

    Dans l'ombre pleure
    son nombre
    intime
    où ses humeurs
    s'abîment

    Le train
    qui vient
    a du
    retard
    et rien
    ne tient
    le train
    qui part

    Un aiguilleur
    a fait
    la sieste
    et laisse à quai
    la femme
    en reste

    La journée couve
    une nuitée
    qui tout réprouve
    du passé

    Le train qui vient
    le train qui part
    plus rien ne tient
    dans ce regard

    Allers, retours
    fumées
    sans feu
    passent au four
    les jours
    heureux

    L'aiguilleur prend
    son tour
    de garde
    un train qui vient
    un train qui part

    Personne en vue
    au quai des brunes
    a disparu
    la femme prune


    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    JOUEF_aiguillage.JPG

     

  • Nietzsche et Veau

    nietzsche.jpg

    Ou personne parle et c'est intéressant, ou L'On bavarde et c'est navrant.

    Un veau dépouillé de dorure
    allongé sur son piédestal
    voit passer d'altière posture
    un homme au front philosophal

    L'homme paraissant l'ignorer
    le veau en mal de bavardage
    le harangue et veut questionner
    au fond cette personne sage :

    - Qu'appelles-tu vanité pure ?
    - Dire : "Je sais que je n’ sais rien".
    - Qu'appellerais-tu raison pure ?
    - Savoir qu'il n'est dieu ni de bien.

    - S'il n'est pas de bien quoi de bon ?
    - Tout ce que l'on jugera tel.
    - Et comment en jugerait-on ?
    - Ainsi que l'on goûte le miel.

    - Que définis-tu propre à l'Homme ?
    - Songe, parole et intention.
    - Quel en est le Pandémonium ?
    - La peur et ses compromissions.

    - Où peut se trouver le courage ?
    - À prendre la mort par le bras...
    - N'en diras-tu pas davantage ?
    - ...pour la mener où l'idée va.

    - Quoi de la vie et de la mort ?
    - Qu'il en va du chaos, de l'ordre.
    - Et d'après la vie, quoi encore ?
    - Ce qu'il peut en rester à mordre.

    - Où perçois-tu de la beauté ?
    - Au-delà des choses sensibles.
    - Qu'est-ce que l'acte de créer ?
    - Faire de la beauté tangible.

    - Qu'as-tu fait de beau, aujourd'hui ?
    - Regarder voler une mouche.
    - Et de ce vol, qu'as-tu appris ?
    - Par grand vent, de fermer la bouche.

     

    veau.jpg

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Edvard Munch, Friedrich Nietsche, 1906.

  • Cor de garde

     

    TAMBOUR.jpg

    Le souffle en arrêt sur le pas de la porte
    quelqu'un vienne
    quelqu'un sorte
    et l'écho du jour qui ne peut en finir
    de nuire
    de nuire

    Ah, mais voici les amis véritables
    avec leurs mines de tours pendables
    Ils forment tous un joyeux rigodon
    é-hon
    é-hon

    Éclats de voies...
    Fracas de vers...
    À chacun son lampadaire !

    La ville en arrêt sous le ciel indécis
    quelqu'un meurt
    quelqu'un vit
    Nos belles amours à n'y prendre pas garde
    bavardent
    bavardent

    Ah, mais voici les femmes et les sœurs
    le cul béni et la mouche en pleur
    qui s'en récrient "c'est la faute aux garçons"
    é-hon
    é-hon

    Joli minois...
    Jupes en l'air...
    Cauchemar communautaire !

    Avez-vous vu passer la garde
    avant de narguer la Camarde ?
    Votre Père est-il endormi
    avant de m'ouvrir votre lit ?

    Le chœur en arrêt d'une armée sans bataille
    quelqu'un perde
    quelqu'un graille
    Les sillons gavés de tout le Sang Impur
    s'émurent
    s'émurent

    Ah, mais voici nos héros fatigués
    avec leurs gorges bien cravatées
    Ils viennent mordre au dernier piège à cons
    é-hon
    é-hon

    Bourse aux abois...
    Loup grabataire...
    Euthanasie solidaire !

    La truffe en arrêt devant la femme accorte
    quelqu'un vienne
    quelqu'un sorte
    Un autre marri d'une autre peine à jouir
    soupire
    soupire

    Ah, mais voici les ennuis délicieux
    avec leurs baisers les yeux dans les yeux
    Ils vont s'encastrer en large et en long
    des hans
    des hons

    Bourgeois émois...
    Élans primaires...
    Aliénations volontaires !

    Eussiez-vous pu rameuter la garde
    vous n'en auriez pas moins la Camarde
    prête à bondir
    pour son plaisir
    de nuire
    de nuire

     

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    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Lien permanent Catégories : poLésiaques 1 commentaire
  • Ce petit pot de miel au bout du monde

    (mon trésor)


    Sous la masse du ciel poisseux
    où je ne gâche pas mes yeux
    une terre en friche
    j'y fiche mon pieu
    en découpe les couvertures
    toute une équipée de voilures
    bientôt sous le vent
    par tribord amures
    bombe le torse et me force l'allure

    Oui, je sais... je pars (encore !)
    en quête de mon trésor

    Un océan de lin m'adresse
    un soyeux drapé de caresses
    mon petit canot
    s'y frotte les fesses
    tandis que ma paume experte
    en éprouve l'onde offerte
    mon regard en brasse
    la surface verte
    où trace n'est qui ne courre à sa perte

    Je ne suis qu'un météore
    en quête de son trésor

       Mer ! Mer !
       Voici ton doux visage
       que borde le rivage
       de terres que je voudrais oublier

       Mer ! Mer !
       En dire davantage
       c'est remettre à l'ouvrage
       le forgeron de ton coffre à secret

    Sur la vague caribéenne
    l'esprit à vif et l'âme pleine
    quittant l'océan
    ses peurs et sa peine
    mon voyage arrive à son terme
    déjà s'étend la terre ferme
    où gît mon trésor
    dont l'or est en germe
    et le miel appelle mon épiderme

       Terre ! Terre !
       Voici ton long rivage
       que borde le visage
       aux lèvres que je reviens aboucher

       Terre ! Terre !
       En taire l’alliage
       c’est garder le breuvage
       63430.jpgau doux giron de ton coffre à secret

       (ce petit pot de miel au bout du monde)

    Je demeure promeneur
    au milieu d’un champ de fleurs.

     

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

  • Aux raisons futures

    raisin_blanc.JPGTaisez-vous, les microbes !
    Oh ça, la belle robe !
    Oh ça, le beau jus d'or !
    Ange, quel est mon sort ?
    Ah non, pas cette opprob’ !

    Ah, la gorge me brûle !
    - et ne suis pas Hercule,
    c'est assez d'être moi :
    la bouche au bout des doigts
    et le nez dans le pull

    Eh ! reviens, lent demain
    qui me prit par la main
    - quoi, pas plus tard qu'hier,
    pour débarquer à terre
    avec le frais marin

    Oh, j'ai bien travaillé
    depuis ce matin-ci
    et tout son aujourd'hui
    de quotidiennetés
    - dont je n'ai rien appris

    Et quoi ! Tout ce bel or
    'faut bien que ça s'mérite
    et la nuit qui s'invite
    à quai sur le vieux port
    met sa jupe alamite

    Ah, ce rose orangé !
    J'en boirais bien un peu ;
    il m'en coule des yeux
    des larmes trop salées
    pour apaiser mon feu

    Oui, mais des lendemains
    raisonnent les refrains
    de grinçante mémoire
    avec tous les déboires
    aux regrets assassins

    Alors non, c'est d'accord
    adieu donc, mon bel or
    je retourne à l'usine

    je retourne à mon sort
    où le silence dore
    des anges l'aube fine



    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK