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  • vers, pâtures, âges

    Et, d'aussi loin que souhaitable
    me rengaine un soupir
    les mains bien à plat sur la table
    je m'entends dire

    1379419356.JPGEnfant, ce terrain gras souillait
    tout sens dessus dessous - crottés
    souliers, pantalons, manches !
    les habits guindés du dimanche

    Bonne Mère ! Tout ce vert !
    Qué faire ! ...comment le ravoir ?
    peste peste et bave au lavoir
    gorge, battoir et vaste hanche
    Fantine à sa lessive blanche

    A bout de sente, fatigue
    la prairie se fait garrigue

    Garrigue, garrigou, garriguette
    Chênes verts, genêts et bluettes
    Jeunesse en génèse, amours fous
    Garrigue, garriguette, garrigou

    Fatchede, la mignonne
    au cheveu court garçonne
    un giron doux

    A bout de souffle, castagne
    la combe se fait montagne

    Verts pâturages dominant
    la vallée verte et rouge et or
    qu'embrasse un fleuve à bras le corps
    en lui promettant l'océan

    Foutaises !
    ironise un soleil de braise
    enrubanné dans le ponant

    A bout de rêve, un ciel
    où frétille un battement d'ailes

    En exil dans les Mascareignes
    où j'aime autant que mon coeur saigne
    L'oracle et l'Oiseau Vert se gardent
    de connaître qui les regardent

    La nuit qui vient m'est grand ouverte
    Lève donc ton verre à ma perte

     

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi
    [#88]

    val_pix0.jpg

    illustré d'après une photographie de Val Tilu

  • cheveu océan

    gaen_wave (2).jpg

     

    Plus fort que le vent
    un plein mouvement
    sans l'épaule, du visage
    et soudain comme un rivage
    dans le galop géant d'un cheveu océan

     

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour Gaëna Da Sylva, autoportrait

  • Révolution des résolutions

    « Tu voudras bien d'un gâteau, maintenant »
    dit la bouche fine, parlant
    sous le regard à l'ombre
    avec, sur le gâteau
    une manière de prière
    et dans le dernier mot
    à deux doigts de l'espièglerie
    une certitude alanguie
    déposée devant les mains jointes
    l'une par-dessus l'autre, éteintes
    ou peut-être engourdies
    ou feignant de s'être assoupies

    ...Et quoi ! d'autres font la sieste à cette heure
    au prétexte que la chaleur l'exige
    Ça, et puis le nombre de piges...

    Sur la nappe en toile cirée moutarde
    une couteau patiente sur sa garde
    il ne veut plus jouer à l'horloge
    espérant là qu'on l'en déloge
    et bientôt tinter dans l'assiette
    et trancher et faire des miettes
    mais l'assiette aussi, vide et pâle
    attend au pied du verre, sale
    où de vestiges en fragments
    subsiste une gloire d'enfant

    L'assiette à un bout, la voix de l'autre
    et au milieu boude une poire

    Une poire en est pour ses frais !
    Elle qui s'est coupée en quatre
    en quatre encore et puis en quatre
    Elle a sucré, de ci de là
    de quelque bras long quelques doigts
    Elle en garde le dos pelé
    et personne pour y goûter ?
    C'est gâcher ! C'est misère !
    et qu'en dire à la Terre Mère !

    Dans le rai de lumière
    que laisse un volet entr'ouvert
    partager l'intérieur
    arrimé ferme à son balcon
    l'oiseau de la tête, non-non,
    décline cette invitation

    C'est qu'il a résolu hier
    de faire maigre tout l'hiver
    ayant cet été pour dessein
    de voyager léger (enfin!)

    C'est ainsi ...allez !
    C'est tant pis, pour les
    bonne poire,
    pov'pommefête des miettes,
    voix dans le noir...
    l'oiseau a quitté son perchoir;
    il ne reviendra de sitôt
    que l'on célèbre l'an nouveau

    Voici comme en révolution
    s'ensuivent les résolutions


     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki#64

  • Ode et Beauté

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    A quoi ça tient, la beauté du monde...

    Tout peut changer dans la seconde
      il y suffira d'un regard
      d'une voix qui vient tôt ou tard
      de l'attention d'une caresse
      d'une vertigineuse ivresse
      et c'est l'univers qui bascule
      de lumière à ombre et retour
      et tout le chemin à rebours
      jusqu'au prochain arrêt
      interdit devant la Beauté

    Beauté
      de toutes la plus diligente
      à force d'harmonies profondes
      où se disent les cris du monde
      et ceux de l'intérieur s'entendent
      fouler des rêves la face tendre
    Beauté, de ta beauté
    apprendre

        la partition des genres
        et se donner la main
        avant de traverser

        Les couleurs de l'étrange
        et reprendre des murs
        le crépi fatigué

        Le goût de la lumière
        et comment on s'abreuve
        à ses virginités

    Beauté, j'ai su ton nom certain matin de fièvre
      j'y ai su et connu comme du bout des lèvres
      s'impose à nous ton ouvrage latent
    Beauté, bottée par tous les temps

    Moi qui pensais aimer au soir
    la fin de tous les vains espoirs
    je t'appelle, Beauté, qu'au fond du corridor
    ta parenté m'inspire encore
    armé léger devant le pire
    la grimace d'un gris sourire

    et ce Cri !
      j'en ai l'oreille abasourdie

    et ce Sang !
      j'en ai le poumon vide et blanc

    et ce Jour !
      j'en ai brûlé tous les contours

      mais je n'ai jamais pu solder
      ma redevance à tes clartés
    Beauté, oh Beauté des beautés

    Beauté qui vois où court le monde
      à l'escalier de ta rotonde
      un nouveau tableau chaque fois
      cadre de fer, cadre de bois
      vient compléter ta galerie
      sans en altérer l'harmonie

    J'ai su
      des champs et des forêts sauvages
      crachant de fureur et de rage ;
      il y pousse des pieds sans jambe
      et des bordées de fleuves flambe
      l'autodafé des parricides
      au long de leurs berges putrides
      où chanteront le crapaud-buffle
      avec tous les corbeaux - ces mufles !
      tandis que la terre ravale
      des corps mutilés tous les râles

    Je vois
    au matin, des chemins d'école
    où des cartables les lucioles
    sous une lune bienveillante
    à demi rongée, indolente
    adressent quelques pieds de nez
    au soleil à peine levé

    J'ai vu
      s'effacer le visage aimé
      au dernier mouchoir dénoué
      puis dans le bougeoir s'affadir
      la pâle flamme du désir
      l'ombre ramassée sur son ventre
      se donner des allures d'antre
      où ne dort pas le Minotaure
      ni ne passe aucun météore

    Je sais
    à l'humeur changeante du jour
    comme le temps suspend son cours
    pour écouter sur l'océan
    poussé par les vagues le chant
    étrange et mage cantilène
    disant de lointaine sirène
    le puissant et vif appétit
    où s'écrit le bel aujourd'hui

    Beauté, Beauté !
      t'ai-je tout dit ?
    je dois partir avant la nuit
      gagner mon rêve
      à marcher pieds nus sur ta grève

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK