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tiniak - Page 16

  • gris sourire (1)

    agrandirLa pluie triste chante
    L'heure est la précédente
    A l'instant gris sourire
    sous le regard en fente

      La corde est prête et vibre
      balance libre
      inamovible attente

      La mémoire tâtonne
      un rêve anone
      près de l'oreille absente

      La terre est pis que froide
      et rive roide
      ma peau à sa charpente

    La pluie goutte sang vide
    un pleur décide
    amorce la descente
    un vilain rire enfante

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • substantifs (mno)

    Mystère :
     Où que je me cache
     le mystère me trouve
     soulève la bâche
     et me rejoins dans le canot
     et nous nous perdons sur les flots
     secoués de rires de potaches
     singeant mantras et cris d’Apache
     et buvant la mer au goulot

     Si je reste coi
     j’ai le mystère en bouche
     il lève le doigt
     brave compagnon de pupitre
     de bon conseil et bel arbitre
     il me cède la douche
     et m’attend sur la couche
     où tu trembles d’émoi

     Quand enfin je dors
     le mystère me berce
     un murmure encore
     et c’est le monde qui bascule
     oubliés, chagrin, ridicule
     une flèche perse
     d’un trait vous transperce
     roule, chariot d’or…
    ; cet inconnu au charme fou.
    - Et moi j'apercevais – pourtant / Qu'on fût loin de Cythère -/ Un objet singulier. Mystère : / C'est un éléphant [Paul-Jean Toulet].

    Nuit :
     Nuitamment lune luit
     notoirement l’autre pas
     mais, désastre de la nuit
     le matin revient déjà

     J’aime encore être du nombre
     de ceux qui forment dans l’ombre
     leurs desseins et leurs ébats

     Plutôt que d’être pareil
     à ces corps sous le soleil
     fondant comme chocolat

     Nuitamment lune luit
     notoirement l’autre pas
     mais, désastre de la nuit
     le matin revient déjà
    ; étoiles et révolutions passent, elle demeure égale.
    - Sous le plafond bas de ma petite chambre, est ma nuit, gouffre profond [Henri Michaux].

    Ombre :
     Elle a parfois tant de bras que les bras m'en tombent
     Elle est aussi petits pois sous un chapeau vert
     Elle a fondu sous le toit d'un chagrin d'hiver
     et dort sous le marbre froid qui couvre les tombes

     Elle est sœur de cet émoi que l'on nomme peur
     Elle inquiète le prélat, un enfant qui pleure
     Elle est ce qu'il adviendra des joies les plus douces
     et son terme emportera l'un et l'autre, tous

     Elle est complice déjà des échappatoires
     Elle sait bien où les gars se trouvent le soir
     Elle avance pas à pas et sans réfléchir
     que des portraits que dada signerait sans rire

     L'ombre, elle
     s'ignore sous le ciel.

     Elle est tapis dans le bois, banc contre le mur
     Elle est abri pour le rat comme le murmure
     Elle est l'arc sous le sein droit que ta main libère
     et son toucher délicat me radoucit l'air

     Elle mène guérilla parmi les ruelles
     Elle y brise tout l'éclat de nos francs midis
     Elle enveloppe le drap, caresse de nuit
     et lui, rapporte tout bas nos joutes fidèles

     L'ombre, elle
     n'en dira rien au ciel.
    ; piètre praticienne des arts (plastiques ni même vivants) quand elle passe au tableau ; obscurité rafraîchissante de bonheur imbécile réveillant parfois de primordiales angoisses.
    - Ainsi dans les ombres du doute / L’homme, hélas ! égaré souvent, / Se trace à soi-même sa route, / Et veut voguer contre le vent [Alphonse de Lamartine].

     

    LSDYETI.JPG

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • substantifs (vw)

    Verbe :
     Dans la nuit primordiale,
     distantes, esseulées
     les idées ont le regard biais
     chacune a son étoile
     brillances inégales
     pâle fantôme
     bang sidéral
     dans cette inanité
     d’un Rêve sans objet ;

     - Je m’ennuie grave, pense Lune, intérieure, brune.
     - Je brûle d’impatience, trépigne une nova sur son quant-à-soi,
     mais je ne sais pour quoi.

     Et toutes de se rapprocher
     (entendez : au sens figuré)
     autour de ce triste penser
     dans un profond silence.

     - Pouf-pouf
     ce-se-ra-toi-qui-par-le-ra-la-pre-mière
     ritourna Le Verbe Oublié
     soudain pris de l’envie de jouer

     Pointant son doigt vers la Terre, il dit :
     - C’est toi qui t’y colles.
     - Qui, moi ?
     - Et oui, voilà, c’est comme ça.
     - Pas d’bol !

     La Terre avait beau faire
     elle n’entendait rien à ce nouveau jeu
     Le Verbe lui caressant les cheveux dit :
     - répète après moi : Je Suis.
     - et puis quoi ?
     - répète…
     - Je Suis !

     Sur la Terre un doux rêveur
     entendit cette rumeur
     il la reprit, en fit un chant
     un hymne, un chœur, une mantra
     une jolie chanson à doigts
     le mode s’empara des hommes
     qui n’eurent de cesse depuis
     de nommer tous et tout ici
     de ci de là et tralala
     maximes, poèmes et blablas
     même ce qui n’existait pas
     ils le nommaient, à la fois
     pour leur propre et joyeux plaisir
     et le besoin d’avoir toujours
     sur la peine, la joie, l’amour
     le temps qu’il fait, le superflu
     quelques choses à dire et même plus.
    ; le seul qui puisse se targuer de n’en pas dire un de trop, puisqu’il est tous les mots.
    - Il s'exaltait et s'avançait comme ébloui / Dans ce monde créé par lui : / Le verbe [Emile Verhaeren].

    Western :
     Après ce plat de spaghetti
     je materais bien un western
     songeait en son palais de Berne
     un parvenu chez les nantis ;
     d’un clic sur sa télécommande
     le paradis à la demande
     bientôt il s’endormit dessus.

     Après la pluie, la pluie encore
     se lamentait à Douarnenez
     rangeant son étal de boucher
     bien marri le vieux matador ;
     quand il eut plié sa roulotte
     il ôta sa paire de bottes
     et quitta la ville pieds nus.

     Après six, le numéro sept
     précisait aux poupées de son
     défilé, de la collection
     le directeur dans sa jaquette ;
     encore un tour et je retrouve
     de vraies beautés, nus dans les douves
     - sur sa patère un par-dessus.

     Après tout, il n’en reste rien
     philosophait le nécromant
     devant le désastre évident
     du corps sans vie entre ses mains ;
     lui remodelant un sourire
     il contemplait son avenir
     et lui trouva bien des vertus

     Un cowboy au paradis
     se promène les pieds nus
     sur l’épaule un par-dessus
     et pour vertu son sourire.
    ; le genre de film qu'on se fait quand on est en mal de chevauchées fantastiques ; ce que l'on regarde à l'ouest sans qu'il s'y passe rien de nouveau, que le coucher du soleil, bientôt.
    - Le Moyen Age est un monde merveilleux, c'est notre western, et en cela il répond à la demande croissante d'évasion et d'exotisme de nos contemporains [Georges Duby].

     

    western-fig.jpg

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • noms communs (ghi)

    Gant :
     Ta main de sable fond dans
     ma nuque affable de blanc
     cerclée de larmes criant
     les hauts faits d'âme
     d'antan

     Ta main de sable sans gant
     de sous la table coule en
     morne ressac sanglant

     Le grain amer
     de cette chair
     que je gourmande en lévitant
     est l'atmosphère
     que je vénère
     comme plus aucun Léviathan

     Le fondant de ta main de sable !
     Le mouvant de ta main de sable !
     dédaigne les dessous de table
     aspire et absorbe le temps

     Ô muse au museau irritable et charmant
     demeure un saisissable et long tourment
     qu'à l'heur d'être à l'heure adorable où tu prends
     ma nuque dans ta main de sable
     je retienne pour véritable
     la paix d’un toucher se faisant aimable
    ; accessoire hypocrite quand, cousu de fer blanc, on en couvre d'autorité la pêche de sa main. 
    - La main (…) rhabilla mon bras avec un long gant suédé, tomba de mon épaule comme un
    insecte, s’accrocha à l’aisselle [Violette Leduc].

    Heure :
     Ah l’heur ! Ah l’heur
     de n’être pas à l’heure, dites
     quand la mort s’invite
    ; unité de mesure du temps convenue relativement à tout sauf à l’action en cours.
    - Vienne la nuit sonne l’heure / les jours s’en vont je demeure [Guillaume Apollinaire].

    Ici :
     Ailleurs, cet ici quand on y songe à pas d’heure
     me rapproche là-bas l’espérance d’y être
     et c’est les yeux fermés (ouverts à l’intérieur)
     que j’effleure la vague d’un certain peut-être

     Je pleure l’ici-bas en faisant ce voyage
     avec, à chaque pas, chaque trace laissée
     un peu plus de courage dans la destinée

     Ici est maintenant une étrange mouvance
     où je suis hors de moi le flux des appétences
     ruée vers l’horizon qui recule toujours
     différant l’arrivée au siège des amours

     Je reste ici ou là en quête peu ou prou
     d’un ailleurs immobile et qui m’accueillerait
     et mon rêve de fou alors l’embrasserait

     Et je saurai par tout par où aller
    ; l'endroit où l'on ne se cherche plus.
    - Tu n’es plus ici, tu n’es pas ailleurs [Charles Vildrac].

    breton_nadja.jpg
    [illustration pour le Nadja de A. Breton]

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (jkl)

    Jumelle :
     Sœur, jumelle à l’exact opposé de mon cœur
     je te suis par tout ce que je ne sais pas être
     je t’aime autour et dans l’étrange mot peut-être
     il exprime entre nous le parfum d’un fol heur à naître

     Sœur, au collier bordé de femelles sueurs
     nœud coulant qui me prend et mène à sa potence
     un empire aboli dans de brèves jouissances
     tandis que ta sentence après elles demeure essence

     Sœur, au fragile éclat vite gâché d’un pleur
     le subtil agrégat de ce qui te compose
     a pour ciment liant la nature des choses
     négligée trop souvent pour ton profond malheur

     Sœur, de brune et fertile et constante rondeur
     que ne peuvent au ciel égaler ni la lune
     pas plus que l’astre auquel on confie sa fortune
     Sœur, jumelle ma sœur, près de toi plus de peur, aucune

     Je t’attends, ma sœur, et le cerisier en fleur
     égaille dans le vent brutal et saisonnier
     le motif enrobant tes charmes printaniers
     sans que j’y voie pourtant poindre ce qui ferait, ma sœur
     oh ! mon bonheur entier

    ; les deux font la paire visionnaire ; enseigne plutôt blasée.
    - Des jumelles !!! Combien ? - Une paire, avec la courroie et l'étui [Pierre Dac & Franbcis Blanche].

    Kiosque :
     Déserté par les vents et les cordes
     il ouvre aux courants d’air ses arcades
     et le petit gravier qui le borde
     distribue le pas des promenades

     C’est l’écrin d’une amour désuète
     où chante des baisers tout l’éclat
     bien que désormais foin de voilette
     on s’y embrasse encore à tout vat

     Des fantômes le peuplent la nuit
     ils ont le goût des arts et des lettres
     ils ont bu tout le jour et la pluie
     révèle les contours de leur être

     Entendrez-vous l’écho des fanfares
     qui résonnaient au cœur des dimanches
     quand les cris des enfants dans le square
     froissent la robe des roses blanches ?

     Je t’attends sur le banc vermoulu
     dans la bouche un marron de Manosque
     l’âme et l’œil vaguement résolus
     tu m’as donné rencard sous le kiosque
    ; ancien comptoir des nouvelles du jour ; boîte à musiques de chambre aérée.
    - Les roses dormaient sur les rosiers, près des roses, les rossignols, et dans les kiosques veillaient les sultanes [Maurice Barrès].

    Lune :
     Lune est l’autre moi à taire

     Quand elle luit, parlez sans faire aucun mystère
     et pas plus de quartiers que ceux qui sont à prendre
     au miroir de sa face de cendre

     Et qu’il se fasse nuit ou qu’elle se repose
     dans un ciel aujourd’hui bleu, blanc, chose
     elle suit du regard tout de nos appétences
     vous pouvez tout lui dire

     Aile dense
    ; signal érotique fort judicieusement placé derrière.
    - La lune qui s’ouvre / qui se ferme et s’ouvre / tout un mois comme un parasol [Max Jacob].

    audiablelemenage.gif

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