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résistance - Page 2

  • La paix !

    si personne ne le dit, je le pense... 

    La paix ! La paix, les chiens ! C'est quoi tout ce tapage ?
    Après qui, quoi, quel enfer, hurlez-vous, ce soir ?
    Laissez mon nom tranquille et rangez vos bavoirs,
    je ne lâcherai rien ! Je connais trop mon âge.

    Ah, c'est bien, taisez-vous ! L'heure est à autre chose.
    Vous avez bien mangé; vous dormez sous mon toit;
    votre chienne au côté vous murmure sa loi
    et couinez comme un chiot qui n'a pas eu sa dose !

    Poilus de pied en cap, conquis d'une caresse,
    réglés mieux qu'une montre, à votre routinière,
    vous balisez, sans honte, à l'arbre, au réverbère
    de pisse votre chair - indolente paresse !

    Ah, suffit ! Merci bien ! Je vous nourris, vous sors,
    vous flatte de la main, vous nomme, vous appelle,
    vous attribue chacun une âme personnelle,
    Et vous me jouez quoi ? Cet opéra de mort ?!

    Il est depuis longtemps enterré, le voisin
    (elle l'avait quitté depuis peu, la voisine).
    Mais quoi ! Quel est le jeu ? Quelle rage canine
    vous fait hurler si fort, en ce petit matin ?

    Xénophobe ne suis, je ne vous juge pas;
    mais c'est quoi ce vacarme sous le ciel inerte ?
    Vous chantez ? Vous pleurez ? Vous me donnez l'alerte ?
    Vous ne m'apprenez rien, l'horreur est déjà là.

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustr'action RADIOHEAD '2+2=5' 

    Pay attention! (follow 'Vanilla Skies'...)
    Then enjoy them, FROM THE BASEMENT

  • blanche heure

    Oh, ma Petite Chèvre à l'ombre des moulins
    Mon possible festin ! Mon aube aux pâles lèvres
    Ma vierge sans visage encadré de mes mains
    Ma fièvre !
    Viens t’en perler le front de mon lot quotidien

    Laisse-moi te souiller - tant pis qu'on soit dimanche !
    Te gratter le papier, te prendre par la manche
    et, de l'en-tête au pied, déverser ma revanche
    sur le temps qui me prend chaque jour une année
    m'emporte... m'avalanche...

    Tout ce blanc, c'est la mort qui me lance un défi
    Je veux le relever de mon trait, de mon dit
    Je veux l'avoir en face
    mais ne jamais céder à la sombre menace
    de son pli

    D'une grotte insondée tu es la bouche ouverte
    et je t'ai rencardée pour mon expédition
    pour aller titiller à ta surface inerte
    l'idée que je me fais de mon sang, de mon nom
    jusqu'à la découverte

    Je suis le loup surgi de ton secret désir
    Je prépare une orgie qui ne veut pas finir
    savoure ton martyr au moment de tracer
    sur ta virginité mon vorace délire
    Oui, je vais t'absorber !

    Mais, à l'instant, que dire ?

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki #152

    angoisse de la page blanche, JM BONNARD

    Illustration : Jean-Marie Bonnard

  • Neuf, aux conteurs

    aux âmes vives 

    Maints dans la main savaient lire les signes
    et ne s'enorgueillaient pas de tant de magie
    Ils allaient, le pas simple, mais l'allure digne
    répandre au gré du vent les mots qui font la vie

    Ils savaient le regard qui absorbe le monde
    Ils chantaient pour les dieux qui leur expliquaient tout
    embrassaient terre et ciel, les flammes et les ondes
    se contentaient de pain, de miel ou de saindoux

    Le Verbe avait alors valeur incomparable
    et son cours sinuait sans gâcher le labeur
    Parole se donnait pour être véritable
    délivrant son message et libérant les peurs

    La mesure du temps se jugeait au bâti
    Les peuples s'arrangeaient des caprices du ciel
    Tandis que les puissants cédaient à leurs folies
    une sagesse œuvrait, attentive au réel

    Etre luttait déjà avec le vain Avoir
    Vivre avait le souci de vivre chaque jour
    mais ils venaient alors, chargés de leur savoir
    rappeler à chacun sa puissance d'amour

    Nos hommes ricanaient; les femmes, plus souvent
    entendaient le message et lui donnaient un nom
    qu'arrivé à raison porterait leur enfant
    investit de son âge au point de la question

    Il a pourtant fallu que cet ordre s'inverse
    Parole n'a plus cours pour étayer les actes
    et nous voyons passer, dos courbés sous l'averse
    les enfants ignorant la vérité du Pacte

    Une Bête a mangé les mots de la Parole
    imposé de l'Avoir la prégnance putride
    Elle a chié de l'or, du charbon, du pétrole
    semé partout sa règle ignoble et parricide

    Mais le jour est venu de répudier son ombre
    et de fouler au pied, partout ! son imposture
    Elle aura oublié que la force du nombre
    la voue aux gémonies ! Que le Verbe perdure !

     

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    runes 

  • Et pour la faim des temps

    NOTRE COMBAT, 2007.

    Oh, Bête ! Ma Bête ! Très chère Bête...

    Il me semble sentir à nouveau sur ma nuque
    le feu de tes naseaux que l'on disait caducs

    Ce n'est pas dans le vent que me vient ce mirage
    C'est la folie du temps qui rameute sa rage

    Et ça vient - oh, c'est sûr ! et comme je l'attends
    le front contre le mur, en bouche un goût de sang

    Oh, ta faim me dévore ! Ah, j'ai faim, moi aussi
    de ravager les corps où se terre la vie

    NOTRE COMBAT, 2007.de marquer de mon fer à ton sceau régalien
    la trop vilaine chair au trop libre destin

    de marcher en bon ordre entre tes membres durs
    terrible, prêt à mordre et répandre l'injure

    de porter le carnage au point où tu m'envoies
    de ton simple langage, écho de mes abois

    de réduire l'esprit, l'art et la rhétorique
    à plus sobre énoncé, à l'unique métrique

    Oh, oui ! ce sera fête, et pour un millénaire
    ton empire, Ô ma Bête, imprégnera les chairs

    Et ce sera bonheur, honneur et satiété
    pour les bouches sans cœur venues se restaurer
    à ton sein

     

    Ô, Bête ! Oh, chère Bête ! entame ce festin :

    Mange-moi pour l'exemple ! Arrache-moi les yeux !
    Que ma mort te ressemble et que j'en sois heureux

    Après, tu me chieras sur les fosses communes
    que ça fleure le gras terreau des pestes brunes

    Ton souffle poussera aux seuils de la raison
    le fétide agrégat de nos exhalaisons

    Ruinant tous les bourgeons des consciences en herbe
    leur inoculerons la mort jusqu'à la gerbe !

    Ah oui, ce sera beau ! Et, oui, ce sera grand
    Bête, ton renouveau... hait pour la faim des temps !

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustrations extraites de NOTRE COMBAT © Editions du Seuil, 2007.

  • Ni ni

    « ...mais il faut cultiver notre jardin. »
    Dieu, d'accord... mais d'un œil
    et pas dans mon cercueil
    je n'en désire aucun
      Nu, sous l'amas de feuilles,
      c'est bien

    D'un œil, oui... mais qui passe
      rougi de guerre lasse
    avant de pointer l'autre
    et son brillant cortège d'apôtres

    Qui passe sans rien dire
    Non ! sans rien commenter
    des ceci et cela qui firent la journée
     - du Sinn ?
       Pas sûr...
    Certains n'auront jamais goûté Sa confiture

    Tant qu'on y est, pas de Maitre
      Merci, non, ça suffit
    J'ai pour l'évanescence
    idée d'une magie plus pure
    Oh, pas de quoi aller chanter
    les deux pieds dans l'ordure
      Juste, la flamme est vive
    et dégage au souris la canine incisive

    Maître, non, pas d'accord...
    Injonctions carnassières
    Théâtre d'Ombre et Sorts
    Mépris, hargne foncière
    Trop connu, le décor !
      Mais, à l'encontre
      allé à ta rencontre
      me mettre à m'Être encore

    Pas d'accord sans civilité
    de partage sans amitié
    de respect sans hommage
    ni aucun avantage
    Voyer le boulot à fournir !
    Debout, Voltaire ! il faut mourir
      élevant haut la main
      relire :
    « ...mais il faut cultiver notre jardin. »


    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK