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poésié - Page 37

  • Chaire au porteur

    Chère et périssable chair..
     
    Quel étrange abri fais-tu
    à l'ouvrage universel
    des quotidiennes vertus
    aux vices par trop méconnus
    autour d'un songe solitaire
     
    Singulier foyer de mirages
    et cannibales folies
    comme je t'ai - mal compris !
    aimé toujours davantage
    à te caresser la brûlure
     
    Je promène ta valise
    aux cosmogoniques effets
    dans l'atmosphère qui frise
    au bord de ses longs parapets
    jusqu'au terme du voyage
     
    Tôt viendra le temps de ranger
    près du fleuve ta maison
    puisque, déjà, le compte est bon
    alors, il faudra balayer
    les moutons si le Conte y est
     
     

    Laurence Le Masle

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • Longuet, t'es !

    Cet été à n'en plus finir
    tirait des bords sous les balcons
    s'offrant des couchants à languir
    à peu de frais, d'autres frissons
     
    Si cela prolongeait ma peine
    (un mois ferme et à résidence)
    je voyais fondre la semaine
    et laissai faire le silence
     
    Là, s'étiolaient nonchalamment
    la parole douce à l'oreille
    le geste simple et caressant
    le regard fleurant le sommeil
     
    De servitudes volontaires
    en conventionnelles révoltes
    se fatiguait mon solitaire
    indifférent à la récolte
     
    Dehors, ça roussissait un brin
    les verts plastrons de l'avenue
    la montre au poignet citadin
    le cheveu blanc de sa dodue
     
    Dedans - je veux dire, où j'en suis...
    des folies se serraient la pogne
    et s'embrassaient des comédies
    les masques tombées sans vergogne
     
    Et ça me coulait de partout
    - les obstinations estivales !
    je baignais jusqu'au ras du cou
    dans l'air trop trop sentimental
     
    Alors, j'ai refermé le soir
    sur sa tenace mélodie
    pour me tourner vers le couloir
    de mon solitaire interdit
     
     

    Laurence Le Masle

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     
  • Chut !

    Silence, distance anonyme
    où lumière danse et s'abîme
    quelles paix, quelles trahisons
    ne dis-tu jamais en ton nom ?
     
    Silence, obscure discipline
    capable de joies assassines
    et des plus savoureux mourrons
    quelle est cette perle à ton front ?
     
    Nulle réponse, est-ce là fin ?
     
    La main dans l'étrangère main...
    Le regard enjambant le pont...
    L'ouvrage et son lâche abandon..
    Le mot fermé devant le point...
     
    Silence envahi du cri sourd
    des trop persistantes amours
    ton atmosphère est saturée
    d'infertiles succès d'années
     
    Mais, silence, douce habitude
    ouverte à tant de latitudes
    et propice à la résilience
    offre-moi ton bras, que je danse !
     
    Un écho vibre, est-ce la faim ?
     
    La main dans la nouvelle main...
    Le regard épousant le fond...
    L'œuvre sublime du pardon...
    La parole naissant à point...
     
    Silence habité de sourire
    d'envie de pleurer ou de dire
    arme le cran de mon vacarme
    et souffle sur ma joue la larme
     
     
     

    Laurence Le Masle

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     
  • Cloche et tons

    Et ding ! Et dong ! Ah, ces clochers...
    Ils se répandent de l'oint en l'oin
    à la venue de la nuitée
    rapatriant tous les quotidiens
     
    Ça va dracher ! C'est pour ce soir
    Notre Bonne Craie fait grise mine
    Tous les ballets, dans les couloirs
    convergent à l'appel des cuisines
     
    Bonjour chez vous, et bien des choses
    à votre dame et son sacerdoce
    Refermés les boutons de rose
    après les grilles sur les négoces
     
    C'est le grand bal de la soirée
    aux chorégraphies très domestiques
    Comment effacer la journée ?
    Voyez ces postures amnésiques !
     
    C'est-y pour vous, ce festival
    de commodités a priori ?
    N'y céderai pas mon cheval
    pas plus mes songes ni leur folie !
     
    Aussi, je suis dehors encore
    à m'embarquer "...avec elle au cœur.."
    à chevaucher des météores
    à rehausser mon fleuve de fleurs
     
    À mitrailler de ricochets
    cette surface, enfin seul et lisse
    brouillant de l'Une les reflets
    le nez marron comme j'ai la cuisse
     
    Voici la pluie, comme promis
    Je me réfugie sous des baleines
    Je leur soumets la mélodie
    que m'inspire à main gauche la plaine
     
    Clochers éteints, jusqu'au matin
    je puis savourer la nuit orange
    martelant d'un pied citadin
    le chemin dont je salue les anges
    et m'en retourne
    la carne à l'endroit où mon rêve séjourne
     
     

    Laurence Le Masle,cloche

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • Væ soli !

    (haume, sweet haume)
     
    Dans le silence gourd, le réveil est brutal
    Peut-être fait-il jour, mais la pénombre est dense
    Je recompte mes doigts, mes dents, mes évidences
    Ils répondent, présents dans la lumière sale :
     
    « - Pigeon, vole !
      - Croquignole !
      - Tu le savais, pourtant, qu'elle était folle.. »
     
    L'endroit s'est étréci pendant que je dormais
    Ma cage !...
    Venu de mon plein gré, ça ! je ne m'en plaindrai
    pas davantage
    (il y faudrait pourtant faire un peu le ménage...)
     
    Des toiles d'araignées couvrent le soupirail
    - tout rouillé le ventail ! et ça fait quelque temps
    qu'il ne s'est plus ouvert, à l'air... aux quatre vents...
    à la main familière approchant le poitrail...
     
    Non, si je me tiens là, c'est pour toute autre chose
    En oublier la cause est le but poursuivi
    Eh ben, c'est du boulot que de gagner l'oubli !
    quand, aux parois, subsiste encore un peu de rose...
     
    Qui frappe à l'occiput ? Zut, et zut ! C'est Matin !
    Oh, non ! j'étais si bien... Encore cinq minutes ?
    « - Prisonnier volontaire, au seuil de ta cahute,
    l'heure a déjà levé le long pain quotidien. »
    dit-il...
    Et, moi qui voudrais bien tirer plus loin le fil !
     
    ... à l'anglaise ?...
    Mais où ? Mais où filer, contourner la fournaise ?! 
     
    Et merde, je suis fait ! Je dois donc retourner
    au monde
    et m'y perdre l'entier, luttant chaque seconde
    pour le même défi
    que, visière baissée, me préserve la nuit

    Cacoune,Impromptus LIttéraires,poésie,tiniak

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#222
    (texte illustrant la photo de Cacoune)