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hommage - Page 2

  • dimanche dernier

    "C'est dimanche aujourd'hui. L'air est couleur du miel..."
    murmure un mien ami élégamment fidèle
    au coude un parapluie
    et quelque nostalgie feutrée sous la semelle

    Il est des amitiés que ne peuvent défaire
    la mort ni le mystère, et traversent la vie
    Un siècle s'est enfui sans nous perdre jamais
    - cette longévité, c'est mieux qu'un paradis;
    nos pas sur la chaussée de la ville engourdie
    s'y font la même fête
    ont le même couplet en tête

    Hier a son gilet boutonné à la diable
    et moque un aujourd'hui à l'aube éparpillée
    (à tout le moins, peu faite pour aller au temple);
    devant nous deux amants se soutiennent et tremblent
    les attend une couche où mieux se réchauffer
    dans l'une de ces tours dressées
    orgueil et vanité sous le ciel admirable

    Mais voici Boucicaut, je pose une question
    (puisque je dois bientôt tourner à Convention) :
    “ As-tu quelques nouvelles de ton éléphant
    celui qui a surgi naguère en plein Paris ? ”
    Désolé de répondre par la négative
    “ On l'a mis dans un livre ; il n'en est plus sorti ”
    soupire mon ami en se frottant les gants

    Nous nous saluons vite (il fait bien froid quand même !)
    mais notre prompt salut vaut pour d'autres "je t'aime"...
    Puis, sans te réveiller, je vais à mon pupitre
    griffonner quelques mots comme on finit son litre :

    Il en a trente-trois,
    j'en eus quarante-quatre...

    Jeunesse, vieillesse,
    et puis le droit d'aînesse,
    quelles absurdités !

    De bronze, de plâtre
    le temps reste mal fait
    pour nos fraternités

    Chaque mot d'amitié
    - mieux que geste d'amour ?
    une bûche dans l'âtre

    au feu qui tient toujours
    vivace
    pour vraie
    la parole donnée

    magr_golconde1.jpg
    impromptu littéraire - tiki #67
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • ça crame en ciel

    Oh, comme je vous aime ! oui vous, les Tous En Choeur
    (c'est que j'en ai l'humeur, aussi profitez-en...)
    Je prends tout : rires, pleurs et puis tous les enfants
    vilains qui vous encombrent;
    vous qui êtes du nombre
    - et dans l'ombre affairés,
    de l'Efficace Ardeur à Peiner au Labeur

    Que j'en saigne pour vous
    ...Tout mon sang doux
    et fondant comme beurre

    Laissez venir à moi tous les gentils esclaves
    que j'en essuie la bave au pli de leur menton
    Que des gentils esclaves la sueur au front
    et tous leurs longs chants slaves
    devant les choses graves
    sachent baisser d'un ton
    leurs sanglots de violon parmi les betteraves

    Oh, ça ! j'en ai des attentions... et pour la gloire
    et toutes les mesures conservatoires...
    J'en ai des rituels, des onguents et des baumes
    j'en couve de la paume
    vos stigmates mortels
    qui noircissent les tomes
    et gonflent le cheptel du Livre des Sempiternels

    Que j'enseigne pour vous
    à d'autres fous
    ralliés à l'ombelle :

    Bienheureux les panais, les sureaux, les cerfeuils
    qui font du bien commun, chacun sa fleur une autre
    Ils seront les premiers, passant devant l'épeautre
    le sorgho, le millet
    qui singent tant le blé
    qu'à la fin ils se vautrent
    dans la Morte Saison où pourrissent leurs feuilles

    Les premiers, je vous dis !
    montés depuis le sol jusque dessous le ciel
    pour en masquer, comme pins parasols
    le désastre sacramentel

    Ombelles ! Ombelles !
    Ombilicales floralies,
    ce sera fête au paradis
    où vous accueillerons
    moi, mes frères et nos chansons

    Nous chanterons des "Je vous aime"
    et puis des "Ave paria"
    célèbrerons des renégats
    le magnifique thème
    des Vains Sacrifices Bohèmes

    Mais, c'est bon ! vous y viendrez aussi
    Vous, les convenus Bons Partis
    mais - une Foi n'est pas coutume,
    vous coucherez nus sur l'enclume
    où maître forgeron achève
    de marteler nos rêves, nos rêves !

    Nos rêves, entendez-vous ?!
    Que j'en saigne tout mon sang doux

     

    Племе_парија_brunoSchulz1920.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Bruno Schultz, vers 1920.

    en hommage à "Племе парија"
    "La Tribu des parias", de B. Schultz.

  • CocoRosie

    Oh, les filles ! sœurettes, vos voix
    où nos grand-mères nasillent (comme poupons)
    et les divas-pities scintillent (sans compromission)
    proprelettent les ondes
    et vos joujoux poppy frétillent vos recettes
    répondent
    à quelque incantation secrète
    que ne peuvent entendre plus
    que les chairs tendres et disparues

    jouet-tchou.jpg

    tatou,
    "...la vie, / c'est comme / une boîte de chocolats..."
    une larme suffira sur la joue sous l'œil
    (souris kazou,
     j'embarque après vous mon deuil)
    une brillance lui fait écho
    s'effeuille des spirales
    vocales bancales

    jouet-son3.jpgOh, les filles ! coquines
    vestales riant à la porte Colline
    - grimace à la face des joyeux sots,
    plein pot, les nuances !
    tout l'air tremblant qui danse
    et la peau qui résonne
    s'étonne

    jupons,
    Japon,
    tout un chenil en tête

    jouet-son1.jpgchanson,
    scansions
    toute, la ville en fête

    à l'écoute des deux sœurettes

    déroulant
    coco_rosie2008.jpgdéroutants
    les arpèges

    la nuit
    la pluie
    se désagrègent

    pincez-moi, fort
    je ne sens rien
    c'est que je rêve
    c'est bien

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    cocorosie.jpg
    Bianca et Sierra, les sœurs Casady de CocoRosie (+live)
  • complainte de l'apacheraie sus-citée

    Pour cette cinq cent cinquantième note, un hommage à ce type tant plein de sa gouaille juteuse qu'il en a gâché ses poumons avec le sang misérable des miséreux pour finir par mourir emporté dans un crachat de trop à l'âge de vingt-sept ans ; à toi, Jules ! à tes dimanches, jamais autres, toujours pluriels et plus vieux que l'un dit ; à tes Pierrots les plus falots et leur lot de vierges flétries ; à ces aubes, ces firmaments, ces couchants, mots devant tous les tiens interdits ; à ta barbarie, ses grand's orgues ; à toi, l'impétueux Jules Laforgue.

    bal à la Courtille, 1910
    - t'y bigleuk'dalle ? clikz'y voir -
    quoi disé-je, ah ouiche...

    Complainte du repentir matinal des malotrus lunaires
    (aux Pierrots julaires)

     

    Des courages nocturnes, généreux
    se révélant matin lâches, peureux
    je connais la figure grimaçante
    de l'âme qui s'avère décevante
    et vous pourrit le jour, la vie, son rêve
    et pleure que trêve lui vienne de l'amour

    Des serments à la lune, tout sourire
    seront tôt les crachats pour se maudire
    et feront déraper cette assurance
    qui nous aura menés jusqu'à la danse
    où nous avons aimés nous étourdir
    ignorant l'avenir qui va nous rattraper

    Oh, les ahs et les ihs et les tirladadas
    les défilés de nuit de nos petits soldats
    quelle mare aux canards que cette mélodie
    quand au petit matin nous désertons le lit
    des conquètes sans gloire

    Et reviennent au soir des réverbères
    les douches illusoires, éphémères
    où nous iront laver de nos pieds sales
    la boue séchée des larmes matinales
    pour faire un nouveau tour de passe-passe
    arborant belle face et verbe sans détour

    Voilà, c'est reparti la folle ivresse
    des soupirs alanguis et ras la fesse
    l'empreinte des baisers le long des murs
    et la cuisse levée dans les voitures
    le dernier verre pris aux bonnes grâces
    le dernier carré d'as qui fait le dernier pli

    Mais les hues et les dias et les turlututus
    retourneront bientôt sous les chapeaux pointus
    car l'aube ne connaît pas d'autre magicien
    tounoar tounoarque celui qui réveille et le coq et le chien
    pour notre désespoir

    Et merde, il fait tout noir !

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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    T'as raison : t'as tord !T'as raison, Totor
    'fait trop noir dans c'décor
    remets-y voir une couche, voir
    comment tu mouches...

    Après l'hommage, l'héritage
    (c'qui f'ra deux notes pour le prix d'une, dis... ces largesses !...)

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    Y A PAS L'CONTE, VIEUX !

     

    Cinq sens pour une vie
    - m'en lerrai pas compter
    on s'est foutu de nous
    au vrai

    C'est bien trop le matin
    déjà peu le midi
    et ça ne suffit plus du tout
    à la nuit

    Sept ou huit m'iraient bien
    pour faire part égale
    (au moins bonne  mesure)
    disons sept et voilà
    ce qui n'en fait plus qu'un
    à mettre sur l'ouvrage

    Six jours pour tout ce monde
    et un pour s'en remettre
    j'en demande pas moins
    pour l'être

    L'ouïe, c'est vu
    l'odorat, ça, c'est fait
    la vue, bien entendu
    le toucher, s'il vous plaît (ou elle)
    le goût se sent des choses bonnes et belles
    Le songe, c'est l'idée
    (dessus, on est assis)
    l'en manque un pour le compte,
    j'vous dis !

    L'ennui avec ce ciel saturé de commandes
    c'est adresser la demande.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    ...dit Mensch
    La femme ?
    - J'en sors
    La mort
    dans l'âme...
    (Jules Laforgue)
    "Avant-dernier mot", Des Fleurs de bonne volonté
    édition posthume, 1890.