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chambre noire - Page 3

  • gourmandise, dose

    Elle ose
    Ignorant les tourments qui l’indisposent
    dépose
    au pied du lit grinçant la triste chose
    offerte par l'amant, fanée, morose
    au parfum dégradant
    au duvet sanglotant
    des regrets désolants
    à cause
    du temps

    Elle ose
    Malgré le froid mordant qui la sclérose
    appose
    à l’entour de son flanc l’étoffe close
    d’un dessus de lit blanc ceignant le rose
    227629807.jpgde sa peau frémissant
    à son corps défendant
    dont le désir hurlant
    l’arrose
    dedans

    Elle ose
    D’un fond de récipient lape la dose
    implose
    son œil éclate en de sombres nécroses
    avançant lentement ses pas l’exposent
    aux regards insistants
    de tableaux ravalant
    leur grandeur pourrissant
    mycose
    d’antan

    Elle ose
    328384030.jpgDes mots s’insinuant en elle éclosent
    symbiose
    un billet contenant la vive prose
    de l’hôte entreprenant qui là repose
    l’engage plus avant
    elle entre maintenant
    derrière elle laissant
    sur pause
    un chant

    Le doux ami dont j’étais éprise
     ne m’aura pas comprise
    Je le sais bien, car depuis je tiens
     une autre gourmandise
    Qui sied bien mieux à l’amoureux
     désir dont je suis prise
    Fini le temps des sentiments
     vive la paillardise
    Fini le temps des sentiments
     vive la gourmandise


     

    norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    texte inspiré de photographies
    extraites de
    LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna

  • carton pathe

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    Le carton d’invitation était des plus laconiques.
    Empreint de circonspection, il tenait de la supplique.
    « Venez, lisait-on, tout ici requiert votre présence. »
    Dans son coin, un médaillon de facture vieille France,
    représentait un bastion qui surplombait la Durance.

    Au long des Bois de Gahenne, je méditais l’invite,
    le souffle court et l’haleine d’une âme en fuite.
    Je parvins à l’endroit dit « De l’aube claire »,
    me présentai devant l’huis sombre et austère
    ouvragé de corps mêlés comme en enfer.

    Usant du pesant heurtoir, je frappai fort ;
    Un écho dans le couloir s’y perd encore.
    La lourde porte s’ouvrit, sans personne à l’accueil.
    Ma curiosité grandit quand j’eus franchi le seuil.
    Des statues de marbre gris avaient la larme à l’œil.

    De l’étage s’évadait une étrange musique,
    une obscure mélopée, à peine mélodique.
    Gravissant un escalier de pierre lisse et nue,
    j’arrivai sur le palier et me serai perdu
    sans la porte entrebâillée où j’étais attendu.

    Accroupie sur le plancher poli comme un miroir
    une dame se tenait dans cette Chambre Noire.
    J’eus le sentiment confus de connaître la scène
    et que j’avais entrevu, par les Bois de Gahenne,
    ce corps à demi vêtu dans son corset d’ébène.

    La voilà qui se courbait maintenant devant moi
    répandait, agenouillée, ses longs cheveux de soie.
    Dans l’obscurité saillaient la croupe et les épaules,
    où vibrait et frémissait, selon, à tour de rôle,
    un élan désemparé et triste comme un saule.

    « - Vous qui célébrez mon nom, disait de sa voix lente,
    la dame qui maintenait sa pose de servante,
    voyez, je suis toute à vous. Ne craignez pas de prendre
    ce corps qui ne veut de vous rien d’autre que d’apprendre
    comme le désir est doux et la caresse tendre. »

    « - Madame, vous me troublez, et je crois reconnaître
    en vous cette âme égarée qui courait sous le hêtre.
    Vous m'y avez inspiré nombre de mes poèmes.
    Et c'est peut dire en effet comme au fond je vous aime ;
    mais nous devons partager ce sentiment suprême. »

    « - Vous m'aurez donc, corps et âme, dit en se redressant
    la dame habitée de flamme où brûlait un tourment. »
    La lutte fut inégale, elle y mit tant d'ardeur
    que son désir abyssal absorbait ma chaleur.
    L'issue m'eût été fatale s'il ne s'y trouvait du coeur.

    Je mis le mien tout entier à pouvoir satisfaire
    la fougue de l'esseulée qui ne faisait pas mystère
    de l'immense variété de ses appétits sauvages.
    Nous y avons consumé nos corps et bien davantage,
    livrant nos intimités à un délicieux carnage.

    Tandis qu'elle reposait, le sein lourd et alangui,
    j'eus le temps de composer quelques quatrains à l'envi.
    Sur la table de chevet, je laissai en évidence
    les feuillets de mon billet où se lisait l'importance
    que je voulais accorder à l'ineffable expérience.

    Comme je quittais l'endroit, des sensations nouvelles
    se révélaient à moi, jaillissaient en étincelles
    et soudain j'avais compris, cheminant sur la terre,
    de l'épisode inouï le caractère éphémère :
    tout séjour m'est interdit au pays "de l'Aube Claire".

    Les Bois de Gahenne ouvraient leurs mirages sur ma route
    confiant j'en traversai la profondeur, et le doute
    pas à pas accompagnait ma saine contemplation,
    tout au bonheur d'être au coeur de si denses frondaisons
    - dans mon sillage, émietté : un carton d'invitation.

    norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    texte inspiré par une photographie

    extraite de LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna

  • Le poignard et le sein

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    Le poignard attendait, au mur, dans son étui que tu aies ragrafé ta robe dont les plis enveloppaient ta jambe où frémissait encore un refus de l’assaut qu’avait subi ton corps.

    Tu n’en avais rien dit, tu t’étais laissée faire mais tu savais, tandis qu’il outrageait ta chair quel enfer s’ouvrirait quand reviendrait son tour à chacun de ses pas résonnant dans la cour.

    Le poignard attendait que ta main s’emparât de son manche argenté jusqu’à la garde fine quand tu délogerais cette lame assassine de son fourreau courbé, alors il frappera.

    Ton silence pleurait des larmes que la rage aussitôt asséchait sur ton pâle visage et les cheveux défaits qui caressaient ton sein dérobaient à la vue quel était ton dessein.

    Le poignard attendait dans l’ombre de la pièce où s’était déroulée l’infâme ignominie et ton sein fomentait la naissance d’un cri qui lancerait bientôt sa clameur vengeresse.

     

    Tu ne diras plus rien, car ta bouche est trop pleine du sang qui veut du sang à l’appel de la haine et le flux de la veine engorgeant le tétin porte un sang noir ébène à sa touche de brun.

     

    Maintenant que le jour a fait son tour de ciel que monte de la cour l’écho d’un pas de fiel sous ton col échancré où tu portes la main se joignent, décidés, le poignard et le sein.

     

    norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    texte inspiré par une photographie

    extraite de LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna

  • page blanche pour chambre noire

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    page blanche
    chambre noire
    c'était dimanche
    après la foire
    après la douche
    j'ai pris ta bouche
    et tu es allée au miroir
      
    mon coeur épanche
    dans le boudoir
    une avalanche
    d'âpres hasards
    que la nuit franche
    la nuit sans fards
    débite en tranches
    en à-valoirs
    sur ton repas du soir
      
    ce sein qui penche
    sous l'accoudoir
    tout un s'emmanche
    dans le peignoir
    drapant la hanche
    sans décevoir
    de la peau blanche
    le lent mouvoir
    qui m'a fait t'apercevoir
        
    c'était dimanche
    après la foire
    vent dans les branches
    et fol espoir
    mon coeur qui flanche
    n'est plus étanche
    pain sur la planche
    en chambre noire
      
    norbert tiniak © 2007  DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    texte inspiré par une photographie
    extraite de LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna

  • L'escale y est

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    Passant élégamment

    l'étage et l'autre

    traversant l'inconscient

    - dédale existentiel,

    cet escalier vibrant

    Gaëna, c'est le vôtre

    et son emmarchement

    embrasse un ciel

    où s'évitent les dieux

      

    Dans son voile fluide et sombre

    votre teint limpide

    perce de vastes zones d'ombres

    belle sylphide

      

    Je vous ai cru fuyant

    de marche en marche

    des secrets inquiétants

    et je vous ai suivie

    jusqu'à ce hall béant

    les marbres de son arche

    vers l'or évanescent

    d'un air contrit

    où s'éteignent des feux

     

    Les mouvements de votre habit

    marient des ciels

    où les tourments sont l'alibi

    de l'essentiel

      

    L'escale y est

    impossible

    vous poursuivez

    impassible

     

    tiniak (norbert tiniak)

    © 2007 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    photographie tirée de LA CHAMBRE NOIRE

    de Gaëna