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°ruades° - Page 15

  • La trouée

    Val-Tilu_trouée.jpg

     

    Un regard en arrière
    Le dernier, poing en l'air
    La rage au bout du pied
    La trouée comme un rire
    à défier le pire
    et toutes les limites qui restent à franchir
    L'allure volontaire
    et l'avenir, solaire
    enjoué, libertaire
    qui nous prend par le bras
    Maintenant, faire un pas

     

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    photographie extraite de l'album "Entre ici et ailleurs"
    de Val  Tilu, Cigale photographe.

  • vint avril à Cherbourg

    Ce matin, à la terrasse
    du café le Carpe Diem
    avec ma vieille habitude
    face à face

    je bois un jus plus noir
    qu'il y a peu, ma mine sombre
    et sur le sol les ombres
    ont reparu

    c'est qu'il est beau le ciel
    que nul nuage ne menace
    le soleil investit la place
    - merveille crue !

    je vais reprendre le fil
    de mes écrits et gribouillages
    tandis que les passants filent
    tout passe

    le jus est bon, noir et petit
    fort et noir dans la tasse blanche
    hier encore c'était dimanche
    ça jase en français, aussi

    dans les rues, pas grand monde
    c'est un lundi comme les autres
    qui bosse, chôme ou se vautre
    moi, j'en regarde la ronde

    le marin souffle frais
    me caresse le visage
    même le soleil m'y fait
    de doux hommages

    de mon côté, distraitement
    ce bel ami à quatre pattes
    venu à moi nonchalamment
    bon, je le flatte.

    et dans ce lundi d'avril
    tandis que les passants passent
    file, ma pensée file
    - vide, la tasse.


    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    d'après un gribouillis matinal de NEWT
    (ci-dessous)

  • fumerolles

    (à Joe KRAPOV, poète à ses heures et photographe à 16h30)

    Joe Krapov, fumerolles

    l'aube tardait à se frayer
    un chemin sous les frondaisons
    et les oiseaux avec raison
    n'avaient de cœur à gazouiller

    le vent se cachait sous le saule
    retenant sa respiration
    et dans cet air en suspension
    il faisait comme un froid de pôle

    j'étais là, je ne sais comment
    parvenu au bout d'une course
    que n'eût pas guidée la grande Ourse
    dans un ciel un peu moins vacant

    la nuit m'avait pisté le pas
    puis saisi dans cette posture
    les yeux gelés dans les chaussures
    je ne sais comment, j'étais las

    dans les premiers rayons du jour
    la brume se fit plus précise
    sur l'onde aux ombres indécises
    où j'avais noyé quelque amour

    et ça dansait au ralenti
    les fumerolles
    ça vous disait des paradis
    la bonne école

    mais j'étais très mauvais élève
    et la leçon
    s'abîmait sous moi dans la grève
    en alluvions

    que n'ai-je pris à ce moment de la lumière
    de quoi me ranimer le rêve - et le sang, donc !
    au lieu de quoi je restai planté comme un con
    insensible aux subtilités de l'atmosphère

    et ça dansait là, sous mon nez
    les fumerolles
    ça me disait comment bouger
    comme on décolle

    mais j'avais trop mauvaise oreille
    et la chanson
    n'apportait toutes ses merveilles
    qu'à des goujons.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Joe Krapov.