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poLésiaques - Page 20

  • L'invitation au bal

    dessin-bal.gif

    Si nous dansions un peu plutôt que tout se dire ?
    la musique des corps parle autant que la bouche
    s’il se peut que cet air te fasse moins farouche
    nous nous dirons bientôt comment mieux nous conduire
    empoignons ce ballet !

    Vois que pour te saisir j’y mets de l’élégance
    quelque souplesse même et beaucoup d’attentions
    et ne porterai pas la main à ton giron
    que nous n’ayons compris au fond de cette danse
    ce que le menu est…

    Voilà, c’est mieux déjà le rythme nous embarque
    une harmonie s’installe et nous prend par la main
    déjà tout se dévoile empruntant le chemin
    par où nous saurons bien imprimer notre marque
    - un signe déjà, va…

    Entends-tu ? cette fête sonore est la nôtre
    ce tempo est le nôtre et nous le maîtrisons
    en chantant à tue-tête en-dessous des lampions
    qui tombent à nos pieds, puis dans l’herbe se vautrent
    même si c’est sale, ça !

    Nous n’irons pas au ciel, c’est le ciel qui descend
    nous couvre de son miel et d’un souffle plus frais
    que nos haleines pleines de nos envolées
    orchestrant des nuées que nous envie l’encens
    (dont le capot est rat)

    Que n’avons-nous appris d’essentiel à nos yeux ?
    maintenant qu’on rajuste un corsage, une veste
    dis-moi ce qui pourrait bien nous laisser en reste
    et quel savant discours nous rendrait plus heureux
    Bal.jpgque ce sol qui tangue ? Oh !...

    …mais tu en redemandes
    voilà qui est nouveau…

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • le credo du mécréant

    eglises_lambe.jpg

    Les églises sont des lieux où
    aller en famille à la messe
    (sur des bancs qui ne sont pas mous
    mais plutôt fiers de leur rudesse)
    éprouver comme on a la fesse
    et se massacrer les genoux

    Les églises sont des lieux ceints
    de murailles douées de parole
    qui, sachant tout de nos destins
    vous narguent des maîtres d'école
    (et du cul des pigeons rigole
    l'impôt qu'on lèvera demain)

    Les églises sont des lieux dans
    lesquels rôde un infanticide
    et silencieux crime de sang
    (mais s'il-vous-plaît, pas de suicide)
    entendez-vous dans ce grand vide
    du Supplicié les hurlements ?

    Les églises sont des lieux dits
    propices aux nobles campagnes
    où seront sauvés les Gentils
    (quoiqu'ils ne portent plus le pagne)
    des vierges l'ont fait des compagnes
    jusqu'à la mort d'après la vie

    Les églises sont des lieux longs
    comme un dimanche quotidien
    qui avancerait à tâtons
    sur un circuit de formule 1
    en rentrant de chercher le pain
    (pour une tablée de croutons)

    Les églises sont des lieux où
    je retournerai malgré tout
    chaque dimanche après midi
    pour le déclin de leur parvis
    où mes filles font des glissades
    sur leurs patins - la régalade !

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Lambezellec en 1847, anonyme.

  • Oui

    oui01.jpg

    Oui, j'aime le populot, me méfie du populaire
    Oui, je rends à ces salauds et les horreurs et l'enfer
    Oui, j'embrasse autant la vie que la mort, l'amour, la sueur
    et oui, je défie le temps, les tourments, le sang, la peur

    Oui, j'ai le goût du vertige inscrit là, en nombre d'or
    Oui, j'aime comme vos tiges me disent tout de vos corps
    Oui, j'ai dormi à la niche et hurlé parmi les chiens
    et oui, Vénus Callipyge, c'est ta croupe que je tiens

    Oui, petite véronique, j'ai tout bu de ton poison
    Oui, quand cesse la panique, je retourne en oraison
    Oui, me reste le parfum de ta chevelure brune
    et oui, c'est toi qui me tiens en verves inopportunes

    Oui, je suis fier et serein et rivé à mon carné
    Oui, le poLème qui vient sera mis dans mon carnet
    Oui, je bois, je fume et bande - quel que soit ton nom, Fernande
    et oui, je ne serais rien si tu n'avais pris ma main

    Ne sois donc pas fâchée de ça
    toi que j'aime aujourd'hui - ah !
    Aussi bien ne me dis jamais
    "avant nous plus rien de vrai"

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • sing-sing

    or ange

    la caisse claire, ta ta
    martèle son tempo
    la corde en contrebas
    ripe son glissando

    une fille sans voix
    débite des couplets
    sans peine au pas de l'oie
    je peux m'y accoupler

    swing swing

    dans sa lumière orange
    un horizon timide
    économise un ange
    allongé sur le vide
    le mange

    une ville apeurée
    se couvre de brillances
    se pare d'opiacé
    sa vile décadence
    lange ses prisonniers

    sing-sing

    j'ai mis le doigt dessus
    mais déjà se dérobe
    à l'évidence nue
    - au jugement, l'opprob' ?
    la vue

    quelqu'un frappe le ciel
    on rampe là-derrière
    ça glousse, ça pucelle
    mais on a mieux à faire
    qu'ouvrir ou de répondre

    ta ta

    l'instant s'est pris les pieds
    dans le tapis du soir
    tout me semble égaré

    sur le front déplié
    court une lune noire

    voilà, elle a passé
    (de l'orange au violet)

    ta ta

    une fille sans voix répète un dernier mot
    ta ta
    sing sing
    ciao.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • éternités (1)

    SOIES ETERNELLES

    Naissance-de-la-toile2.jpg

    L'éternité est une fin en soie
    comme elle douce au toucher, vive à l'oeil
    ne souffrant pas du pli l'écueil
    à peine satinée, pas brillante
    mais source de clartés latentes
    étendue au-delà du regard, de la voix
    l'éternité est une fin en soie

    Allez, la soie que je préfère
    est tendue sous ta jarretière
    en exergue, en coquin écrin
    qui ne me promet jamais rien
    d'autre que les cadeaux
    de ta chair et de ta peau

    Mortels, qui sommes là debout
    allons, allons, réjouissons-nous
    il nous reste la danse
    cette urgence de vivre
    avec sa délivrance
    ouverte comme un livre
    et porteuse de sens

    Nature, viens que je t'embrasse
    et quand même Léo s'écrit
    aussi La Vie Est Dégueulasse
    (ayant pesé quel est ton prix)
    c'est avec nous tous qu'il sourit dans la nasse

    Oh, ciel ! pourquoi lever les bas ?
    je garde les mains dans les poches
    que la fille soit belle ou moche
    je lui emboîterai le pas
    dès lors qu'elle ne gémit pas
    des toujours-et-toujours de mioche

    Et que l'on meure à bout de bras
    les yeux dans les yeux, dans un flop
    lors d'un carnage en Ouganda
    pour les cuisses d'une salope
    on finira nu sous le drap
    (voyez que la mort est joyeuse)
    que l'éternité tirera
    sur nous de sa bouche soyeuse.

    eternite2.jpg

     tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    en médaillon : une toile de Joëlle CHEN.