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>imPrOmpTus - Page 76

  • brosli

    Esc_spir.jpg

    Dans ma bibliothèque, Brassaï
    joue et tire à la courte paille
    pour savoir de Hegel ou Kant
    qui a Le Don des cartes ; et Dante
    repeint le plafond des Enfers
    pour accueillir chez Lucifer
    les pleurs de Melmoth, L'Homme Errant
    - Minotaure aux rives du Temps

    Dans ma bibliothèque, Camus
    peste contre des rois Ubu
    ramenant leurs bien tristes mines
    morne rigodon chez Céline
    qui vient de chasser Eluard
    et son lot de copains braillards
    dont les clameurs fondent, rigole
    par le soupirail de l'école

    Dans ma bibliothèque, Ronsard
    cuve avec Ovide au mitard
    le plastron rougi de vins lourds
    (ils ont incendié Jean Dutour!)
    dehors, Simenon les attend
    assis sur un banc avisant
    les silhouettes embrumées
    au bras de vagues gringalets

    Dans ma bibliothèque, Alphonse
    allait chercher quelque réponse
    le Cap droit sous la Tour Eiffel
    ignorant Drieu La Rochelle
    Gide au présent garde sa veste
    pour ne pas demeurer en reste
    et traduit encore et encore
    Gitanjali pour son Tagore

    Dans ma bibliothèque, Malraux
    chevrote du Victor Hugo
    au Panthéon faisant l'éloge
    des absurdités de Desproges
    dans son coin Gaston Gallimard
    éconduit par la Yourcenar
    marmonne un mot de Mallarmé
    et se perd dans les escaliers

    Ma bibliothèque infinie
    Caverne, abîme de Brosli
    en carton,  main, poche, étagères
    perle d'ombre ou puits de lumières
    être d'impairs en Nombre d'Or
    lettrine torsade en décor
    parcours sans tain, tous les dédales
    dans un vieux cahier à spirales

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions Twalesk
    impromptu littéraire - tiki#9

  • deux sans voie

    Chemin, de GaënaSur ce bout de papier griffonné à la va-vite, tout la résume. L'invite, aussi laconique et limpide que peut l'être son souffle dans les bois - où j'aime à la rencontrer, la provoquer, la titiller, tenait en quelques mots discrets.
    Je l'ai découvert dans ma poche, alors que je rentrais chez moi, l'esprit tout encombré de son dernier murmure, avant de me quitter, en bas : "...cherche, va, tu me retrouveras".

    Une pleine semaine par les Bois de Gahenne à user les chemins, sa note dans mon poing. Mais d'elle, rien de rien.

    La fatigue me prit et je me suis assis, la tête dans les mains et le regard meurtri. Au pied d'un de nos arbres favoris, mon cœur à la croisée de sentes tortueuses, je me désespérais de revoir jamais ma douce, ma lumineuse.

    Puis elle est arrivée, presque nue jusqu'aux pieds. Ma muse. En silence. Tendant ses bras vers moi, elle sortait de l'absence comme on quitte un sommeil, l'œil encore ébloui par de riches et tendres merveilles.

    Me vint alors, dans ce décor serein, cette pensée enfin (la voie de la simplicité parle d'elle-même, ravie, pleine, bohème) : chacun chemin faisant, être deux sans mot dire, s'aimant.

     tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #8
    200 mots pour
    "La voie de la simplicité"

    illustration extraite de La CHAMBRE NOIRE
    Photographe : Gaëna

    [clic on zeu pix]

    ___________________________________________________________________

    Supplément impromptu ; HAIKU de May :

    ce chemin de vie
    la simplicité s'élève
    où d'autres s'achèvent

  • dinde

    chambre 121

    Tous les soirs, c'était
    la même farce, allez!
    sur mon pré carré
    le trottoir d'en face
    'suffit que je siffle
    voilà qu'un sous-fifre
    entendrait chanter
    les trompettes de la renommée

    Selon l'expression
    consacrée, dit-on
    je le fais monter
    dans mon "nid douillet"
    avant qu'il soit nu
    réclame mon dû
    et toujours sifflant
    vérifie l'intrument, avant

    Y en a de pressés
    y en a qui pianotent
    y en a qui voudraient
    garder ma culotte
    et ces vieux garçons
    lents au démarrage
    comme un hélicon
    dont il faut réchauffer l'alliage

    La farce ? j'y viens
    vous vous doutez bien
    que, pour l'hallali
    (à cor et à cri ?)
    mes tambours battant
    'trouvez ça drôle ?chapelets d'ahan
    mes airs de tango
    pour sûr que c'était du pipeau!

    Tous les soirs,
    c'était la même farce
    et si les clients
    étaient bien à plaindre
    c'était toujours moi
    la dinde.

     

    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    supplément aux Impromptus Littéraires
    dont la consigne hebdomadaire
    (pour leur retour en fanfare)
    consistait en cette phrase d'intro:
    "Tous les soirs c'était la même farce"
    + l'insert d'instruments à vent.

    tiki #7b

    ________________________________

    et en supplément aux illustrations :
    cette peinture de Rhona

    fille-de-joie.jpg
    Rhona - Fille de joie, 2007.

     

  • enfanfarce

    pouet! tut! tiroulirouli!

    Tous les soirs, c'était la même farce
    à la même heure, impromptu
    le même bonheur ingénu
    et d'y prendre un malin plaisir
    et de saisir au dépourvu
    la garce
    et son mari ventru

    Pas un de nous qui n'y déroge
    tour à tour, on se relayait
    ou tous ensemble on attaquait
    au bas de l'escalier, la loge
    et ses deux occupants falots
    pestant à chaque nouvel assaut
    et maudissant notre famille
    trop bohème pour leurs espadrilles

    Mehdi qui jouait du piano
    prenait de grands coups de balai
    et ça martelait son plancher
    jusqu'à sa leçon terminée
    je lui ai prêté mon saxo

    Chrissie ne jouait de rien du tout
    on lui fabriqua un kazou
    Samuel jouait du violoncelle
    mais lui préférait la crècelle
    pour se joindre à notre fanfare
    improvisant dans le couloir
    des cacophonies inhumaines

    Notre revanche quotidienne
    de musique contemporaine
    déchaînait toute sa furie
    contre tous les Tino Rossi
    braillant de chez les "cons-bougies"

    Moi, l'aîné, j'avais ma partie
    je la jouais 'pas vu, pas pris'
    p'tits saligauds, va!avec la batterie de cuisine!
    vous n'imaginez pas la mine
    d'objets, de trucs et ustensiles
    tous animés et bien sonores

    Quand j'y pense, j'en ris encore
    sur le palier de ma mémoire
    résonnent des bruits de couloirs
    quand ça tempêtait haut et fort :

    "Mort aux ténooooors!" 

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki#7a

  • derrière l'être

    OMEGA_symbol-small.jpg

    Là, derrière l'être

    une fenêtre ourle ses lèvres en hublot

    pour dire un mot ?

    juste une lettre

    la dernière lettre

    juste avant qu'on lui cloue le bec

    la lettre grecque qui fait

    oooooh

    et, trêve de salamaleks

    s'en va remplir

    aux Parques

    mon sceau

     

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (clôture du site des "Impromptus..." version 2.0)

    tiki#6