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  • nuit canine

    Ta peau ruisselle
    ville engourdie
    mon pouls martèle
    cet ennui

    que tes ruelles
    veinées d'orange
    relient entre elles
    et mangent

    Vois, je me verse
    un tralala
    dont je me berce
    pas à pas

    HURLE.JPGQuartes et tierces
    - tout ce barnum !
    Qui me traverse
    m'assomme

    Si nulle oreille
    ne m'est acquise
    quand les sommeils
    se suffisent

    je m'émerveille
    de vivre encore
    seul et pareil
    alors

    au chien qui hurle à la mort

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : d'après Nicola SCOTTI, Le Hurle - 2008.

  • (le dernier) maestro

    Pétrin modeste
    liant ma non troppo
    des harmonies d'orchestre aux riants oripeaux,
    pour toi le dernier mot
    sera, lent comme un geste entame un fandango

    l'écoulement de l'eau qui leste
    au flanc du pèlerin céleste
    soprano largo crescendo
    la souple gourde en vessie de veau
    sous la veste à même la peau

    la boucle fermant dans ton dos
    le collier formé de mes os
    couronnant de ces restes
    que plus rien ne moleste
    allant sinistre à dextre
    la preste lettre O

    nonos.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • Épitaphe

    Je flottais.
    Ne sachant plus d'où j'arrivais, l'habit moins chiffonné que l'intérieur, le pied bien maladroit et le regard absent, il était temps pour moi de marquer une pause après une nuit bien remplie, comme on dit pour ne pas dire ce qu'on ose, loin des pensées à l'eau de rose.
    J'allais au cimetière.
    C'est une lubie que j'ai, subite, par moments, quand j'ai besoin de faire de ma vie un roman et d'y mettre des fleurs. Des tulipes, toujours. C'est mon petit bonheur. Puis, j'erre parmi les sépultures, lisant les épitaphes. C'est ainsi que je tombai, ce jour-là, interdit, devant ce court paraphe : « C'est sympa d'être passé ».
    Merde ! Peste ! Fait chier !
    C'était là, au mot près, ce que j'avais l'idée d'inscrire pour moi-même et mon dernier séjour en éternel repos. Alors, de chiffonnée, mon humeur fut maussade. Je massacrai le gravier des allées, donnant des coups de pied comme un malade, une bonne heure durant, me sembla-t-il. et dans cet intervalle, un soleil déchirait les nuées matinales dans un ciel incertain de son sort, hésitant, ne sachant trop que faire des couleurs lui faisant, bayadère, un front horizontal, strié du bleu à l'or.
    Et voici qu'un cortège avançait dans la travée vers la tombe. Oui, vers la tombe même qui m'avait rendu tout un blême, sombre, aigri, désolé que la vie me fasse l'ironie de narguer mon esprit badin.
    J'y reconnus quelqu'un !
    Puis cette autre, et cet autre, et ces deux-là aussi, que j'avais pour amis quand j'étais en Allemagne. Ah ça ! ai-je connu celui qu'on accompagne dans son cercueil écru comme une porcelaine aux dorures champagne ?
    Et quand je vis mes filles, ma compagne d'alors... nul doute, je le compris dans l'instant : j'étais mort.

    TOMBE1.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

     

  • épigramophone

    manche (2).jpg

    Norme, endimanche
    l'amer crédit
    des soupes blanches
    (crème et orties)

    L'ombre s'épanche
    (aplats de gris)
    épigramme au faune l'envers
    d'un Triste Lundi populaire

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Intime ite

    (Inspection des Travaux Écrits)

     

    De ma vie je ne puis regarder sans frémir
    le rideau sombre qui transpire
    et m'embrouille le songe
      que j'en tire la longe
      ou qu'il m'aspire en éperdu
      et délicieux mensonge

    Ah ! ces rideaux à la fenêtre
    tirés sur le cours de mon être...
      on dirait plutôt des pelures
      d'oignons voués à la friture;
      ma carne en est toute imprégnée !
    Dites-moi ce que vous voulez
    qu'alors je vous en dise
    et, dans la minute, j'en freeze !!

    Ah, déconfiture ! Ah, gelée !
    Ah, la saumure des années...
      ça sent fort dans l'arrière-cour
      où stagnent de vieilles amours

    De ma vie tu veux tout savoir :
      les tâches dures à ravoir
      Petit Poucet à son perchoir
      le carnaval des demi-mots
      les griffures dessous la peau
      et pourquoi je n'ai pas de slip
      ni de caleçon sous mes nippes;
    et puis, bien sûr, le tout dans l'heure...

    Tout savoir, hein... parce que tu m'aimes
    et veux comprendre mes poLèmes...
    Oh, le beau projet d'aventure !
    (ordonné par exequatur
     et tout l'intérêt génital
     de la femelle pour le mâle)
    Je suis ton jules, cela vaut-il
    d'examiner tous mes exils ?

    Quoi ! mon vers n'y suffirait pas ?

    Tu dis "continent", je pense "île"
    mais que je distille - attention !
    quelques "ils" en place de "on"
    où que j'écrive "île", allons donc !
    tu redoutes l'isolation

    Dis-je incontinent "pisse !" ou "chiasse"
      ou que La Vie est dégueulasse
      filigrane mes allusions
    à la charge viennent questions
    sondages, raclures de fond
    et bonnet d'âne qui menace

    Puis, voyant que je n'en ai cure
    (des sermons, des bonnes figures)
    tu m'interroges : est-ce de l'art
      ou déraison ?
    ou, fumigènes dans le square,
      illusion dépourvue d'histoire ?
      séduction ?

    Ce n'est pas à moi de trancher
      quand je me livre à volonté
      au flux de mes inhibitions;
    que de forme émerge le fond
    c'est le mystère
    qui met en reine PoLésie
    de la lumière.

    hurler.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK