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  • perditions accordées

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    Je marchais dans le ciel en ayant l'air de rien
    dans le dos mes deux mains, le front grave
    (j'aime assez cette posture slave) ;
    on s'affairait là-haut à fourbir un matin.

    Je marchais, je vous dis - et comme au naturel,
    derrière moi gloussant des nuées informelles
    regroupaient leurs cancans
    " Il se prend pour le vent " sifflaient-elles.

    Je marchais, et puis quoi ! puisqu'il me plaît à moi
    d'aller justement là où il y a la place
    puisqu'aucun de mes pas ne laisserait de trace
    ici, comme il se doit.

    Je marchais dans le ciel pour y chercher mon âme
    vous savez, cette flamme un peu bleue sur les bords
    qui vous sort par les yeux en vous quittant le corps
    - non, je n'étais pas mort ; j'avais perdu mon âme !

    Je marchais prudemment pour ne pas l'effrayer
    et pour mieux la surprendre où j'allais la trouver
    certainement... bien sûr…
    menant quelque aventure auprès d'autres buées.

    Je marchais quand enfin je la vis seule et nue
    se frottant le joufflu comme après la fessée
    ainsi font les gamins qu'on aura attrapés
    faisant une bêtise à l'endroit défendu.

    Je marchais jusqu'à elle en faisant des manières
    …allez, je voyais bien qu'elle avait de la peine
    pour ne pas l’accabler je lui dis : - On promène ?
    elle acquiesça de suite et sans faire la fière.

    Je marchais dans le ciel mon âme à mes côtés
    que j’hésitais encore à me réintégrer
    tant il y avait là, je ne sais… oui, du Beau
    - comme j’aurais aimé béater ce tableau.

    Nous marchions ensemble (un gris sourire en coin)
    et le petit matin s’attardait, il me semble.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • chanson d'automne

    (chanson de genre tsoin-tsoin)
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    Les feuilles mortes, mortes, mortes
    'faut que j'en sorte, sorte, sorte
    avant de prendre un coup de pelle
    un coup de trop dans la cervelle
    ou que me pousse un champignon
    là, sur le front

    Les ciels d'automne, tonnent, tonnent
    qu'on leur pardonne, donne, donne
    d'être si longs que cramoisis
    crème framboise sous le gris
    éclaboussant - courbé le dos,
    tous les manteaux

    Ah, c'est pas des façons de vivre
    pas des manières à suivre
    d'écouter aux portes les cuivres
    qu'on frotte au chiffon à salive
    tristesse
    langueur
    et le goût pour le Mahler

    Les vagues longues, longues, longues
    de ce love song, song, song
    au vrai me cassent les oreilles
    cure ou Satie, c'est tout pareil
    une froide tasse de thé
    endimanchée

    Les cartes lentes, lentes, lentes
    de la patiente, chiante, chiante
    c'est du rêve que l'on oublie
    la vie qui ne fait pas un pli
    qui s'arrange l'inéluctable
    dessus la table

    Oh, c'est trop de peine à souffrir
    trop de rengaine à gémir
    que ces violons, que ces pianos
    et tout l'ennui de nos marmots
    soupirs
    murmures
    et le goût déconfiture

    C'est l'heure hélas, lasse, lasse
    où tout s'efface, face, face
    les chants qu'on aurait chanté mieux
    si l'on n'avait baissé les yeux
    les yeux qui perdent leur été
    dans le foyer

    Les feuilles mortes, mortes, mortes
    'faut que j'en sorte, sorte, sorte
    avant de prendre un coup de pelle
    un coup de trop dans la cervelle
    ou que me pousse un champignon
    là, sur le front

    Ennui_1914, by Walter Richard Sickert.jpg

    illustration : Ennui, Walter Sickert - 1914.
    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#54

    et maintenant, en musique ?

     

     

  • ni ça ni taire

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    A force de pourrir et de n'en dire rien
    j'ai perdu mon chemin - loin derrière, les trembles...
    Je connais ce rivage (ou du moins il me semble
    en avoir arpenté déjà le serpentin)

    J'avance que j'avance un œil dans chaque poing
    mais ne suis sûr de rien - il se peut que je rêve
    ce mot que j'aime tant rimer près de la grève
    où je me figurai partant (quelque lointain)

    Déjà que je transite ivre de luttes vaines
    mon esprit transitive un verbe sans objet !
    - lucidité furtive ou preuve que j'aurai
    chopé sur un bidet la grégaire gangrène ?

    C'est ça, ma maladie s'appelle humanité :
    on sait quand on l'attrape au goût qui vient en bouche
    on voudrait s'en curer tranquille dans sa couche
    alors on n'ose pas lui faire un pied de nez

    Moi, si ! Je suis poète, eh, oh... ça pèse un peu
    s'agissant de balancer entre vie et mort ;
    ai les deux pour amies et nous sommes d'accord :
    ce s'ra chacun son tour et je suis capricieux...

    Je promène toujours les deux yeux bien au frais
    dans les paumes qu'un pleur garde à température
    cherchant quelque lointain au-delà de ces murs
    - ils ont changé de nom, mais n'en sont pas moins vrais

    Pour ce pet et cet air, Jules, tu me pardonnes ?
    Si de l'autre (Julot) j'ai la bénédiction
    quand je vais sur les fleurs répandre ma miction
    les bonnes volontés disent : " Tu déraisonnes "

    Je suis déjà venu ici, me semble-t-il...
    La vague était moins lourde et le vent me chantait
    une manière d'être autrement à aimer...
    A quel moment, dis-moi, ai-je perdu le fil ?

    Il est peut-être temps de desserrer les poings
    défaire du regard toutes les ligatures
    laisser un gris sourire ourler aux commissures
    balayer des pensées les moutons dans les coins

    Et quoi ! tout déchirer ? tout remettre au rebut ?
    jeter sur le brasier du jardin des Constance
    rêve, béatitude et la nouvelle danse
    au motif impérieux que j'en ai assez bu ?

    Les bonnes volontés disent : " Tu fanfaronnes "
    Je vais capituler avant que ne s'immisce
    à nouveau le souhait que pierre reverdisse
    à nouveau dans l’idée que l'ombre se fredonne

    Ah oui ! Légèreté résultant de l'effort
    à prodiguer des mots comme des médecines
    - oh ! suffise à gangrène un jour de l'aspirine ;
    Gris sourire ? alors bon, légèreuté encore

    Repeindre tous les murs en orange baiser
    Dénicher l'aventure au fion du quotidien
    Voir quelque parenté de l'Ourse au petit chien
    et cuire des confitures dans le grenier

    C'est l'heure de passer au poignet la dragonne
    et de me rameuter les choses qu'il faut faire
    à moi qui n'ai jamais voulu ni ça ni taire
    les bonnes volontés disent : " Voici la donne... "

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    illustrations
    (ci-dessus) Piet Mondrian - Pommier en fleur, 1912.

    (ci-dessous) Janine Delaporte.

    delaporte.jpg

  • à mesure

    Qui du géant ou de l'infime
    recherche l'autre pour intime ?

    C'est au moment de disparaître
    que chacun mesure de l'être
    le Sublime

    le nez à la fenêtre où tout s'abîme

    tiniak, promeneur
  • déboutonne hier

    hublot-miroir.jpg

    J'ai eu trop faim
    J'ai trop mangé
    rien ne peut m'arracher les pieds à ta surface
    plantureuse et cocasse

    Et des trésors
    et des beautés
    je veux encore en célébrer les mains au ciel
    toute flamme et tout miel

    Je veux chanter
    sur les fumiers
    des étoiles dans le regard
    narguer des sombres avatars
    la folle course

    Je veux goûter
    dans les vergers
    tous les fruits qui seront à prendre
    où c'est ivresse de comprendre
    être à la source

    J'ai eu trop peur
    J'ai trop pâti
    à longer des intérieurs-nuit la farce triste
    - de tous les maux lampiste

    Et des chimères
    - et des obscures !
    la douce-amère sinécure aux mornes plaintes
    je sais toutes les feintes

    Je veux chanter
    sur les fumiers
    des étoiles dans le regard
    " Je suis le premier des bâtards
      grand bien nous fasse ! "

    Je veux goûter
    dans les vergers
    des essentielles friandises
    la riche et prodigue surprise
    - aussi, la valse...

    Et je reprends
    patiemment
    les vieux accrocs de ma défroque
    et tandis que je soliloque une glissière
    me remplace la boutonnière

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK