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paVupApRi - Page 133

  • De l'avant

     

    A2.JPG

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  • carpe & lapin

    TROP JUSTES NOCES
    (à Vegas-sur-sarthe)

    carpe_lapin.jpg

    Un lapin - caractère inconstant dépourvu de morale,
    fatigué de courir sa pareille ou la hase
    et dépité d'entendre encor les mêmes phrases
    « Oh ! tout doux », « Ah ? Déjà ? », « Pas ce soir, animal ! »
    prit l'absurde parti d'aller contre nature
    tester son appétit sur d'autres garnitures

    Il eut d'abord les yeux plus grands que le civet
    entreprit l'éléphante... mais... sans tabouret...
    jeta son dévolu sur force mammifères
    Passant près d'un étang couvert d'une ombre fraîche
    il aperçut dans l'onde une carpe pimbêche

    Le lapin s'avisa qu'à ce point d'exotisme
    nul doute, il aurait là matière à se surprendre
    Il observa la carpe et finit par comprendre
    que de surcroît la bête est sujette au mutisme

    « Le paradis existe donc sur cette terre !
    fit-il en flagorneur rompu à l'exercice,
    épousez-moi céans ; mettez pas au supplice
    ce cœur qui bat pour vous et n'a rien d'autre à faire »

    Qui ne dit mot consent, affirme le proverbe
    Ainsi, carpe et lapin, fringués comme il se doit
    déboulèrent bientôt à l'office des bois
    elle, dans son bocal et lui, le cul dans l'herbe

    Vint l'instant décisif à l'insigne sentence
    « Voulez-vous pour époux... Toute votre existence ? »
    Comme à l'accoutumée, la carpe ne dit mot
    Le lapin trépignait... Ce suspens, c'était trop !
    Il explosa : « Alors ? Tu réponds, nom de Dieu ! »
    Et la carpe pimbêche de cligner des yeux

    « Vous avez-vu ? C'est bon ? C'est bon, elle a dit oui »
    plaidait sans conviction le lapin à l'office
    L'assemblée, désolée, acquiesça au déni
    que l'officier navré opposa au marri
    Seul à se consoler, le sieur Lapin se dit :
    « Boh ! 'tout' façon, j'aurais pas trouvé l'orifice »

     

     

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi Du Samedi (#123)

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  • trésorier

    Allez, une dernière !

    Domaines du possible aux songes improbables
      je suis le fantassin de vos larges cohortes
    Ordonnez « larme, au pied » que mon chien vous rapporte
      son dû
    - et que s'en soit fini de pleurer cette glue

    « ... mais c'est beau ce qui sourd de tes failles !
    « Reviens m'en fusiller la poitrine, mitraille !
    « Massacre-moi que je succombe
    « et soyons assurés d'entrer nus dans la tombe »

    Ah non ! Pas de ce rêve éprouvé maintes fois
      d'une passion traînée sur son chemin de croix
    Je vous dis que je veux du possible
      toutes les ouvertures offertes pour cible

    Le pavé s'en souvient : Mathilde eut son Guillaume
    - je préfère mon chien, sa queue et ses abois
      ne me réclame en rien de cette façon d'homme

    Cependant :
    ce roman pré-courtois, inconnu de mes yeux
    me plaît d'autant qu'il est tiré par les cheveux
    et traverse à présent, depuis son millénaire
    combien de parités, combien d'imaginaires !

    « ... et ce drame
     aura pourvu Albion d'une maîtresse femme »

    Ah non ! Pas cette Histoire...
    Oh, Civilisations !
      Passées, vos gloires
      laissent à vos frontons
      quelques pourboires
      et ce n'est que l'Art, donc !
    (pour le plaisir des yeux
     présents, passés, futurs : l'instant vertigineux)

    L'image viole (ou tue !) l'espace, le concentre
    S'il se peut que j'y entre
      où poser mon barda ?
    Ce qu'elle me présente
      engage le combat
      entre le Vrai, le Ça, cette poudre apparente
      et l'or qui me perdra, pour peu que j'en arpente le là

    « Ô mon visage aimé ! Ô mon tendre miroir,
    « comme j'ai du chagrin de te voir disparaître
    « Vois, je t'ai attendu longtemps à ma fenêtre
    « priant à l'horizon ta silhouette noire »

    Mirages caverneux ! Fantômes de lucioles !
      Fumerolles !!
    Plutôt crever des yeux qu'admirer vos gorgones
    Oui, crever d'un œil fou de spectacles intimes
    pour leur théâtre seul et sa mise en abyme
      des soleils
    crucifiant de mon rang les ombres qui s'étonnent
      de se trouver au sol, pareilles

    À moi, légions, cohortes !
    Ce monde est à deux doigts de me foutre à la porte
      en V !
      se croyant victorieux sitôt que je me vais ruer

    Sur ma route
    - que n'encombre pas tant le doute,
    je ne croise les miens que pour écrire encore :
    la vie est un chemin dont je suis le trésor

    Ah, mais que fait mon corps ?
      Il est temps
      Il est temps
      d'aller tomber au champ
    sans pourboire et sans arrhes
    C'est bon ! vider la caisse
    et s'en remettre au Génie Pataquès

    FIN

    Au Poilu qu'il fut peut-être
    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
      

     RABIOT !!
     

    Il s'en était fallu de pas grand chose.
    Tu sais pas. C'est après, comme rater une marche et plus savoir quel jour on est, ce que tu faisais, que tu y allais à l'aveugle, et s'entendre la poitrine qui meugle.

    Avant, c'était comme d'habitude : le froid, les pieds dedans, le nez pris, les pensées qui se cherchent un trou de souris. Et puis, la danse horrible de la terre qui s'en prend une sévère, de tansée ! Que sa peau en éclate et crache tous ses composites, déjà bien amochés, - tu penses ! Et toi, t'en fais partie, saisi, attends que ça passe, ramassé sur ton ventre ; que si dedans se pouvait qu'elle y rentre, t'aurais déjà la tête dans le cul.

    Quand ça, c'est fini, tu te recomptes ; et si y a tout, tu dis "présent", avec la peur qui mange encore, la joie, la rage, la honte. Alors, de deux choses l'une  : t'es pétrifié ou te prends l'envie de courir, que tu pourrais faire trois fois le tour du monde.

    C'est ce moment que choisit le coup de sifflet. Tu sais pas. T'as obéi. Tu t'es rangé. T'as mis baïonnette au canon et tu t'élances, comme un con, avec les autres viandes, furoncles, furies ; la chiasse au cul pour la curie.
    Et là, paf ! c'est ton tour.
    Le nez dedans, les pieds pris de folie, le coffrage en laiton, et puis, au bout des bras, des papillons : tes mains qui demandent pardon, s'insurgent, tirent des bords, rembobinent, te tâtent sans comprendre ce qu'elles touchent, couvrent ta bouche où même un cri préfère encore ne pas se risquer au-dehors.

    Alors, tu réalises.
    C'est pas à toi toute cette chair. T'as juste fait un saut en l'air - du coup, tu sais qu'il est vide, le ciel ! Alors ça vient, crier, tu oses.
    Il s'en sera fallu de pas grand chose.

     

    Au poilu qu'il fut peut-être, lui aussi.
    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
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  • ombres, portée

     

    for your eyes only

    Dans l'absolu secret de l'ombre
    j'écarquille des yeux en nombre
    et regarde de toute part
    d'où pourrait surgir l'aventure
    de la lecture

    Dans le secret de l'ombre bleue
    prêt à me diviser par deux
    je flotte
    en perdant le souvenir de ma grotte

    Dans le secret d'une ombre orange
    j'attends que l'horizon se mange
    les doigts un à un, roux et verts

    Dans le secret sans ombre de l'oubli
    subsiste un pâle écho, mon cri

     

     

    participation alternative
    à celle publiée sur le site d'écriture ludique
    des Impromptus Littéraires

     - tiki#92

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Du rire

     

    le rire de Gouarch

    Rire, alors... oui, bien sûr... bien sûr

    Dites voir quelque chose de drôle
    que je m'en masse un peu l'épaule nouée
    où restent des griffes de perroquet
    plantées
    comme les femmes sur les vieux ports
    qui maintenant s'en retournent
    tandis que l'autre là-bas séjourne
    leur croupe grassement ignore
    le sillage des météores
    mais entre elles - je le vois bien
    clair et léger, le rire vient
    (des aveux, peccadilles et détails
     par quoi régner sur leurs bercails)

    Vous allez rire, moi
    plutôt je reste, quoi
    figé dans la levée du soir
    cette lèvre
    que le ciel nous ferait une mauvaise fièvre
    il me semble
    qu'avant de nous vomir la nuit
    elle tremble

    C'te blague !
    j'aime entendre celui des vagues
    de rire
    au passage de nos navires
    et puis de s'empresser d'aller tout raconter
    à Neptune
    au reflet d'un faisceau de lune
    et, s'il s'en trouve encore, à la sirène
    sur les longues fréquences des baleines

    Ah, combien de marrants, combien d'énergumènes
    partis le rire aux dents débourser la semaine
    - dites voir...
    se sont tordus comme algues dans un jus noir ?

    Ah, mais là, je rigole
    (d'où, que nous n'aurions pas été à même école ?)
    Si, si... je me sens bien

    Rire... ben tiens !

    nerver serious, createur demotions

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

    Illustration ci-dessus extraite de Créateur d'Emotions
    Illustration d'entête : Anthony Le Gouarch, peintre.