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Par tant de printemps

Camille PISSARO, 1897

Saturé de fornications
l'air est une orgie ambulante
et navre les respirations
sous des frondaisons de bacchantes
squatte les poumons, s'agglutine
futur crachat sur le trottoir
glaireuse angine de poitrine
...fécondités au désespoir

C'est le printemps du pleurnichard
privé de sa montée de sève
raturant au papier buvard
"cent noms de femme, une seule : Ève"
Saison propre aux élans précaires
trôt top fleurissent aux terrasses
les tentations de prendre l'air
que saisissent des seins de glace

La jupe accusant le genou
Bourgeoise a l'allure estivale
que dément serré sur le cou
l'écharpe de laine en spirale
Faute de goût précautionneuse
ne te découvre pas d'un fil
que par ta moue libidineuse
ne soit pas trahi ton nombril

Le Chaperon Rouge à Berlin
crève des ballons de baudruche
qui attendent le prochain train
vers leurs alvéoles de ruche
Paris troque sa fleur de lis
pour des tulipes d'Amsterdam
inspirant le dernier caprice
de ses modistes d'aspartam

C'est le printemps à son affaire
(de promettre des jours meilleurs)
tout aspire à tuer Hiver
(comme ce truc de changer l'heure)
Les cendres de Caramentran
collent aux pas du jardinier
Les jeunes pousses de ses plans
frissonnent tout leur février

Le moindre carré de ciel bleu
appelle des béatitudes
à louer les yeux dans les yeux
cernés de promptes lassitudes
Les nuages font à dessein
des arabesques compliquées
que pointent du doigt les bambins
à travers des vitres fumées

C'est le printemps aux lents mirages
avec un soleil trompe-l’œil
gravé sur un ciel de voyages
dont les vents repoussent le seuil
aux limites du souvenir
pour un plateau de mise en scène
où il fera bon s'attendrir
en se narrant des madeleines

Saison mère des chauds effrois
dégouttant vers le bas du dos
depuis tous les fronts en beffroi
- maisons-mères des mots de trop,
à la vue de tes renaissances
un reproche se fait connaître :
elle est bientôt finie la danse
dont le printemps reste le mètre

tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Illustration : détail de Boulevard Montmartre au printemps, 1897 (Camille PIssaro).

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