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polésie lubrifiante - Page 3

  • et pour quelques polars de plus...

    lectrice1.jpg

    Et pour quelques polars de plus,
    je vends, ma puce,
    ces quelques vers au plus souffrant
    de n'être pas aimé autant
    que son pesant lot de ratures
    couchés en mètres littéraires
    pour le seul plaisir de te plaire
    et de poursuivre l'aventure

    Car je jalouse du polar
    cet intérêt que tu lui portes
    alors que je frappe à ta porte
    en caleçon dans le couloir
    te sachant déjà dénudée
    le dos calé sur l'oreiller
    absorbée, toute, par l'intrigue
    qui jusqu'au bout du sein t'irrigue

    Pour attirer ton attention
    clamant mes vers en caleçon
    je débite mon espérance
    de pouvoir mettre en concurrence
    avec la solution du crime
    la profondeur de mes caresses
    dans l'intimité de tes fesses
    où nos désirs fondants s'animent

    lectrice-bis.jpgComprenant à mon avantage
    que tu ne tournes plus de pages
    je pénètre dans la chambrée
    les pieds nus frôlant le parquet
    tu t'es assoupie sur ton livre
    le cheveu collé dans le cou
    j'observe de ton tétin doux
    les battements qui le font vivre

    Je dois éprouver la fraîcheur
    de cet autre côté du lit
    que tu n'as pas chauffé, tandis
    que je retrouve ton odeur
    ton soupir me dit : " je t'attends "
    je sais que tu n'aimes rien tant
    que je te cueille au bord du rêve
    pour que tu vibres de ma sève

    Parcourant ton dos de la main
    je te patrouille jusqu'au sein
    puis je te couvre toute entière
    ton murmure : " éteins la lumière "
    me signale que le combat
    sera total et sans limite
    je me résous à cette invite
    l'interrupteur à bout de bras

    polar_villeneuve.jpgTon amour pour le roman noir
    m'engage d'autant à savoir
    redoubler d'imagination
    dans l'acte d'investigation
    comme le détective explore
    et ne néglige aucune piste
    je deviens cet équilibriste
    capable de tous les efforts

    La contredanse de tes reins
    s'accélère sous mes assauts
    je guide le bas de ton dos
    dans un rapide va-et-vient
    prenant appui sur tes ahans
    je marque le rythme et n'attends
    qu'apparaisse enfin cette faille
    où s'abandonnent nos entrailles

    hercule2.jpgHercule Poirot est cocu
    je maîtrise tout de ton cul
    et quand de ma bouche tes lèvres
    ne peuvent pas nier la fièvre
    qui leur brûle le fondement
    je sais avoir gagné la mise
    qui me dit que tu es soumise
    au moindre de mes mouvements

    Je ne te vois pas, je te touche
    je sais de toi que notre couche
    recueille tout de nos ébats
    qui me mèneront à trépas
    alors que toute émoustillée
    tu veux encore que je te prenne
    que j'envahisse ton domaine
    avant d'en être rassasiée

    Que ne te fais-tu narratrice
    de ce qui pourrait advenir
    de mes élans, de tes soupirs
    aux confins de ton entrecuisse ?
    quand je sais conduire ta main
    de ton connet à ton tétin
    jusqu'à la profondeur ultime
    d'un plaisir dont j'écris la rime

    Bientôt s'achève le récit
    son dénouement est à la crème
    cet accent sur la pénultième
    qui se répand en Polésie
    et dans la nuit qui t'enveloppe
    mon regard se fait nyctalope
    pour embrasser tes formes rondes
    où dort l'origine du monde

    Et pour quelques polars de plus
    j'entends, ma puce,
    qu'il faut être bibliophile
    pour t'effeuiller, ourse gracile

    norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • jardinière de legs, hume

    csakyjeune_fille_raisins.jpg
    Csaky, Jeune Fille Au Raisin.


    le cheveu court et le sein nu
    goûtant du raisin dans ton poing
    je t'observe belle inconnue
    agenouillée dans ton jardin

    la ville bruisse faiblement
    en cette heure bientôt vespérale
    flotte dans l'air un sentiment
    terrestre d'amour animal

    ta main recueille l'abricot
    que tu déposes, délicate
    sur la couverture à carreaux
    près de la figue et de la datte

    passent au ciel de fins nuages
    épars dans les vents d'altitude
    tandis qu'au sol, sous cet ombrage
    s'assouplissent les attitudes

    la virgule sous ton oreille
    laisse entrevoir une cerise
    vive ponctuation vermeille
    au casque brun que rien ne frise

    de cette maison mitoyenne 
    la fenêtre aux vitres ambrées
    mue par quelque prétention vaine
    épuisait son peu de reflets

    à présent pourtant, ton oeil brille
    comme à percer d'entre les lignes
    la promesse de hautes luttes
    annoncée par d'antiques signes

    le temps s'est tendu quelque part
    entre le sol et la fenêtre 
    et rien ne tient plus du hasard :
    nos regards vont se reconnaître

    le cheveu lourd, dense et crépu
    effleurant la peau de ton sein
    sans réserve, belle incongrue
    tu m'accueilles dans ton jardin

    tu me fais goûter l'abricot
    le jus de la figue et la datte
    évasée autour du noyau
    comme au doux temps des longues nattes

    raisins.jpgtu me fais croquer la cerise
    parmi les brins de ta virgule
    dans le vent qui nous électrise
    tandis que ton panier bascule

    de ces legs aux saveurs puissantes
    nos yeux connaissent la magie
    évocatrice et transcendante
    où naît la fantasmagorie ;

    la nuit installe ses quartiers
    tu regagnes ton intérieur
    je retourne à mon escalier
    le regard embué d'odeurs.

    norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Verte Corinne

    Verte Corinne avait la main verte
    et pas que pour le jardin, pensez donc!
    comme un mannequin de Helen von Umwerth 
    ignorait tout du pantalon ;
    le teint rubicond de ses hautes pommettes
    s'avivait quand elle entendait son nom
    ou que nous prenions d'assaut sa charrette
    dès qu'elle avait passé le pont.

    Sur la colline elle s'était offerte
    aux plus enhardis d'entre nous, les garçons
    qui ne manquions pas de nous en vanter, certes
    entre nous, pas à la maison!
    Volontiers se laissant compter fleurette
    aussi bien par tout ce qui portait jupon
    la mariée comme la catherinette
    s'offraient ainsi consolation.

    Verte Corinne à la colline verte
    dispensait les bienfaits de son giron
    la cuisse lourde et le bassin alerte
    aux oubliés de Cupidon ;
    à l'abri des paroies de sa charrette
    sous le couvert de quelque frondaison
    cédaient les corsets comme les braguettes
    les lacets comme les boutons.

    Puis vint le jour où Corinne La Verte
    épousa un faiseur de pantalons
    lequel ne mesura pas tant quelle perte
    il causait là, et quelles déceptions !
    1750471919.jpgAu pied de la colline, on leur fit fête
    quoi qu'il nous en coutât, le rigodon
    s'employa à faire tourner les têtes
    lever chevilles, capels et jupons.

    Adieu Corinne! Adieu colline verte!
    secrets ombrages, complices buissons,
    gardez-vous que jamais l'amour ne déserte
    la douceur de votre verte oraison.

    norbertiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • pas un pli

    982727816.jpgQuand Lilou garde ses chaussettes
    ça fait pas un pli
    elle ferait perdre la tête
    au plus défraîchi
    Lilou et ses formes replettes
    donnerait envie
    à d'antédliuviens squelettes
    de reprendre vie

    Quand Lilou garde ses chaussettes
    en allant au lit
    elle garde aussi ses lunettes
    par espièglerie
    Lilou aime tant faire fête
    à son doux chéri
    (il a renvoyé ses minettes
    au fond d'un taxi)

    Quand Lilou garde ses chaussettes
    sur pavupapri
    on fredonne la chansonnette
    de jour et de nuit
    Lilou la reprend à tue-tête
    et quand l'aube luit
    Lilou rompue pique ronflette
    ça fait pas un pli 

    Lilou vit sa vie

    norbertiniak © 2008 DUKOOU ZUMIN &ditions TwalesK

    inspiré par une photo extraite du blog libertin de Lilou

     

  • carton pathe

    953803100.jpg

    Le carton d’invitation était des plus laconiques.
    Empreint de circonspection, il tenait de la supplique.
    « Venez, lisait-on, tout ici requiert votre présence. »
    Dans son coin, un médaillon de facture vieille France,
    représentait un bastion qui surplombait la Durance.

    Au long des Bois de Gahenne, je méditais l’invite,
    le souffle court et l’haleine d’une âme en fuite.
    Je parvins à l’endroit dit « De l’aube claire »,
    me présentai devant l’huis sombre et austère
    ouvragé de corps mêlés comme en enfer.

    Usant du pesant heurtoir, je frappai fort ;
    Un écho dans le couloir s’y perd encore.
    La lourde porte s’ouvrit, sans personne à l’accueil.
    Ma curiosité grandit quand j’eus franchi le seuil.
    Des statues de marbre gris avaient la larme à l’œil.

    De l’étage s’évadait une étrange musique,
    une obscure mélopée, à peine mélodique.
    Gravissant un escalier de pierre lisse et nue,
    j’arrivai sur le palier et me serai perdu
    sans la porte entrebâillée où j’étais attendu.

    Accroupie sur le plancher poli comme un miroir
    une dame se tenait dans cette Chambre Noire.
    J’eus le sentiment confus de connaître la scène
    et que j’avais entrevu, par les Bois de Gahenne,
    ce corps à demi vêtu dans son corset d’ébène.

    La voilà qui se courbait maintenant devant moi
    répandait, agenouillée, ses longs cheveux de soie.
    Dans l’obscurité saillaient la croupe et les épaules,
    où vibrait et frémissait, selon, à tour de rôle,
    un élan désemparé et triste comme un saule.

    « - Vous qui célébrez mon nom, disait de sa voix lente,
    la dame qui maintenait sa pose de servante,
    voyez, je suis toute à vous. Ne craignez pas de prendre
    ce corps qui ne veut de vous rien d’autre que d’apprendre
    comme le désir est doux et la caresse tendre. »

    « - Madame, vous me troublez, et je crois reconnaître
    en vous cette âme égarée qui courait sous le hêtre.
    Vous m'y avez inspiré nombre de mes poèmes.
    Et c'est peut dire en effet comme au fond je vous aime ;
    mais nous devons partager ce sentiment suprême. »

    « - Vous m'aurez donc, corps et âme, dit en se redressant
    la dame habitée de flamme où brûlait un tourment. »
    La lutte fut inégale, elle y mit tant d'ardeur
    que son désir abyssal absorbait ma chaleur.
    L'issue m'eût été fatale s'il ne s'y trouvait du coeur.

    Je mis le mien tout entier à pouvoir satisfaire
    la fougue de l'esseulée qui ne faisait pas mystère
    de l'immense variété de ses appétits sauvages.
    Nous y avons consumé nos corps et bien davantage,
    livrant nos intimités à un délicieux carnage.

    Tandis qu'elle reposait, le sein lourd et alangui,
    j'eus le temps de composer quelques quatrains à l'envi.
    Sur la table de chevet, je laissai en évidence
    les feuillets de mon billet où se lisait l'importance
    que je voulais accorder à l'ineffable expérience.

    Comme je quittais l'endroit, des sensations nouvelles
    se révélaient à moi, jaillissaient en étincelles
    et soudain j'avais compris, cheminant sur la terre,
    de l'épisode inouï le caractère éphémère :
    tout séjour m'est interdit au pays "de l'Aube Claire".

    Les Bois de Gahenne ouvraient leurs mirages sur ma route
    confiant j'en traversai la profondeur, et le doute
    pas à pas accompagnait ma saine contemplation,
    tout au bonheur d'être au coeur de si denses frondaisons
    - dans mon sillage, émietté : un carton d'invitation.

    norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    texte inspiré par une photographie

    extraite de LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna