Csaky, Jeune Fille Au Raisin.
le cheveu court et le sein nu
goûtant du raisin dans ton poing
je t'observe belle inconnue
agenouillée dans ton jardin
la ville bruisse faiblement
la ville bruisse faiblement
en cette heure bientôt vespérale
flotte dans l'air un sentiment
terrestre d'amour animal
ta main recueille l'abricot
que tu déposes, délicate
sur la couverture à carreaux
près de la figue et de la datte
passent au ciel de fins nuages
épars dans les vents d'altitude
tandis qu'au sol, sous cet ombrage
s'assouplissent les attitudes
la virgule sous ton oreille
laisse entrevoir une cerise
vive ponctuation vermeille
au casque brun que rien ne frise
de cette maison mitoyenne
la fenêtre aux vitres ambrées
mue par quelque prétention vaine
épuisait son peu de reflets
à présent pourtant, ton oeil brille
comme à percer d'entre les lignes
la promesse de hautes luttes
annoncée par d'antiques signes
le temps s'est tendu quelque part
entre le sol et la fenêtre
et rien ne tient plus du hasard :
nos regards vont se reconnaître
le cheveu lourd, dense et crépu
effleurant la peau de ton sein
sans réserve, belle incongrue
tu m'accueilles dans ton jardin
tu me fais goûter l'abricot
le jus de la figue et la datte
évasée autour du noyau
comme au doux temps des longues nattes
tu me fais croquer la cerise
parmi les brins de ta virgule
dans le vent qui nous électrise
tandis que ton panier bascule
de ces legs aux saveurs puissantes
nos yeux connaissent la magie
évocatrice et transcendante
où naît la fantasmagorie ;
la nuit installe ses quartiers
tu regagnes ton intérieur
je retourne à mon escalier
le regard embué d'odeurs.
norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK