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éclusive - Page 5

  • hypocrisies ? des chapelures...

    guillotine.gifHypocrisies ? des chapelures !
    répandues sur les chairs
    molles comme mohair

    et dessous l'âme
    qui crame, crame, crame

    Pardon, madame
    où est votre âme ?
    je crains incidemment
    d'avoir marché dedans

    hypocrisie des politesses
    servies aux courtisées
    pour mieux s'en défausser

    Pardon, cornard
    range ton dard !
    ou, veux-tu te moucher ?
    tu as la goutte au nez

    hypocrisie des mœurs viriles
    dressées sur des ergots
    inutiles dans l'eau

    Pardon, monsieur
    voici vos yeux
    ils traînaient sous les jupes
    de votre jeu de dupes

    hypocrisie des solitudes
    abreuvées au puisard
    des plus torves regards

    Pardon, petite
    lâche ma bite
    tu n'en as l'apanage
    - il est plat ton corsage !

    hypocrisie des régalades
    promulguées vers la Chaire
    depuis les bancs déserts

    Pardon, vieux con
    - c'est quoi ton nom ?
    dis, pourquoi tu m'agresses ?
    par déni de jeunesse ?

    hypocrisie des préséances
    dues aux sommets de l'âge
    et tous ses commérages

    Pardon, la poule
    parmi la foule
    mais, vois-tu, mes deux mains
    en ont après tes seins

    hypocrisie des impudences
    promues au rang d'esprit
    - qui manque aux malappris

    Hypocrisies ? des chapelures !
    répandues sur les chairs
    molles comme mohair

    et dessous l'âme
    qui crame, crame, crame

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • pars, pitié !

    (forfait hospitalier)

    le coeur sur la main de NEWT 

    Viens, assieds-toi machin
    pose tes mains
    tu n'en auras besoin qu'au moment de partir
    et ce sera demain déjà
    et tout l'obscur empire
    du souvenir

    Viens, je te dis, entre
    qu'as-tu de mieux à faire de ton ventre ?

    Il a faim, ce regard
    Il a froid
    et ne se connaît pas d'autre endroit
    où porter
    sa vue jusqu'à l'été

    Tu t'appelles peu importe
    Vois, j'ai laissé la porte ouverte sur les blés
    qui tanguent
    et se parlent la langue ancienne
    des sillons et des graines
    dont on fait les chansons

    Et tiens, musique !
    - ça te dit, au moins ?
    pour moi, c'est du nectar
    et quand il faut chanter, il n'est tôt ni trop tard
    Musique ! du pain béni
    qui nous vaut, corps et âme
    d'aimer le goût d'aimer le goût des flammes
    - quelle que soit la saison
    Musique, bonnet d'âne posé sur la raison

    Allez, mange, pauvre ange
    connais-tu cet or, ange ?
    (oui, je lai déjà dit, mais regarde)
    c'est le bel aujourd'hui qui s'attarde

    Va, c'est bien, ne dis rien
    je suis d'humeur bavarde et parlerai pour deux
    cent, mille
    et des milliers d'années volubiles

    As-tu sommeil ?
    As-tu soif ?
    Veux-tu d'un bon bain chaud ?
    Aimes-tu qu'on te passe le gant dans le dos ?

    Veux-tu que je te fasse la lecture ?
    J'ai quelques vers de Max en villégiature
    profitons de l'aubaine

    Jules, peut-être... ?
    - lequel mettre... ?
    T'ai-je déjà narré L'Escale Brésilienne ?
    Ah oui ? Ah bon. Ah bien.
    Veux-tu m'accompagner ? je vais sortir le chien.

    Oui, quoi ? qu'allais-tu dire ?
    Qu'as-tu là, mon salaud ?
    Ah ça, mais tu me tues !
    (soupir)
    C'est con comme c'est beau.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : NEWT

  • présentations à la vierge

    Voici, putain ! l'heure qu'on dit sereine
    où l'on a tout paré pour jouer sa semaine
    les arbres sont rangés le long du boulevard
    les volets refermés disent qu'il est trop tard
    aux amis impromptus qui sonneront en vain
    et le lit pue du cul où dorment les gamins
    qui ont fait leur devoir en ne nous disant rien

    Voici, salope ! le moment de te prendre
    puisqu'il n'est de plaisir, au vrai, que de t'entendre
    dire "ah oui", "ah non", "ah, ça encore" et chanter
    de ta petite mort les termes mesurés
    bourgeoise qui s'enivre de se croire folle
    en étant si lascive qu'une praire molle
    ne s'offusquant pas même que je ne décolle

    Voici, carnage ! l'instant des appétits
    où n'est plus que la rage, ivre, pure, étourdie
    d'être sans compromis inclination des sens
    chorégie, peinture même, essence,
    à cru montant la chair, hurlant comme un orage
    déverse sa furie sur les âmes sans âges
    et ne craint pas qu'on vienne en demander dommage

    ◊◊◊

    Voici, lumière, ta seconde rendue
    à son éternité d'éternités repues
    il y vogue des âges l'or, la pierre à feu
    la course du Centaure après son lot de dieux
    la main qui fait la chose et la chose qui passe
    de la tienne à la mienne à une autre et se casse
    et se brisant me dit d'une autre vague lasse
    l'éclat fugace

    ◊◊◊

    - Voici, le torchon ?
    - Merci, non.

    ◊◊◊

    Voici le calme bleu et gris
    de l'océan et son roulis
    quelque histoire y peut naître encore
    un dieu attend qu'on l'y adore
    un monstre y préside au banquet
    un astre y ploie sa destinée
    encrier.jpg

    une tempête s'y fait belle
    des vents y soufflent ritournelle
    tandis que de mon pas je longe
    la rive grise de ces songes

    ◊◊◊

    Et voici ta virginité, comme je l'aime
    gribouillées de poLèmes
    page d'aube.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • coupable innocence

    Oui, certes oui, je l'avoue
    j'ai fracassé des crânes
    coiffés de bonnets d'âne
    pour leur tirer les poux de la tête
    et je m'en suis fait plus qu'une fête
    j'y ai vraiment pris goût
    certes oui, je l'avoue

    C'est bon, je le confesse
    j'ai volé des trésors
    pillés les palais de Neptune !
    dérobé l'or pâle des lunes !
    j'embarquerai donc ces richesses
    avec moi dans la mort
    sur l'aile du condor

    Oui, ça va, j'en conviens
    j'ai lâché tous mes chiens
    après le père et sa pucelle
    pour aller tirer l'hydromel
    au fût de la mère interdite
    en jouissant de sa chair maudite
    sans plus penser à rien
    ni à mal ni à bien

    Et la présomption d'innocence ?
    c'est pas fait pour les chiens, je pense.

    Ah mais d'accord !
    vous me jugeâtes déjà sur pièces
    il n'est que de passer à la caisse
    au bout du corridor ?
    Ah oui, mais... bon, d'accord.

    Et l'on m'accuse de quoi, ma belle ?
    de forfait contre le réel ?
    et c'est un délit, ça ?
    je ne le savais pas

    Oui, nul n'est sensé ignorer nia nia nia
    il se trouve que je ne le savais pas
    quand bien même je n'y porterai pas foi
    allons, condamnez-moi
    et qu'on en reste là.

    Ah oui, mais attendez !
    ...faute avouée à demi pardonnée !
    vous me devez la moitié d'une peine
    et n'étant pas vilaine
    un baiser de vous peut vous en amender

    Justine, voulez-vous m'embrasser ?

    justice_kiss.gif

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • mange tes morts, mon ange, mange

    ann_Ange.jpg
    il n'y aura de mort après ma mort, petit
    aucune autre que la tienne
    et le sang du tourment tombera jusqu'ici
    rousse et douce pluie diluvienne
    noyant tout, pauvre fou
    de tes mornes courroux
    et tes prétentions inhumaines
    je viendrai précédant
    le cortège brûlant
    des trop vieilles carnes et couennes

    tu as faim mon petit, mon trésor
    tu t'agites et la fin te dévore
    sur la table vide
    ton assiette est vide
    retourne-toi
    mange tes morts

    il y a tant de morts devant la mort, petit
    qu'elle même en a perdu le souffle
    la vertu, la débauche, elle fauche, elle fauche
    le saint, le sage et le maroufle
    racle bien, pauvre nain
    de tes ongles de chien
    la faïence qui couvre la glaise
    plus rien n'est incertain
    entends, sur le chemin
    mon pas, foulée dans la fournaise

    que crains-tu mon petit, mon trésor ?
    que peux-tu bien espérer encore ?
    sur la terre aride
    sous le ciel torride
    ils sont à toi
    mange tes morts

    me voici devant toi, petit
    reconnais-moi, je suis la vie
    j'ai brûlé mes ailes
    à tes sempiternels
    et insatiables appétits
    me voici devant toi, mon ange
    vois, comme je n'ai plus rien d'étrange
    mais cette épiphanie
    annonce qu'il est cuit
    ce dernier repas que tu manges

    tu n'as donc plus faim, mon trésor
    avant que d'être un cri est mort
    dans tes yeux avides
    déjà le vide
    installe son règne d'or

    l'univers abandonné
    redevient sourd, aveugle et muet
    qu'un ange passe
    plus personne, hélas
    plus personne pour s'en soucier

    ah ça, petit! tu t'es gavé!

    texte de norbert tiniak
    inspiré par une bulle dorée d'Anne
    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK