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  • voilette, nos hiers

    Gaena_voilée.jpg

    L'étoile qui l'inspire et cette autre, et cette autre
    volettent, halètent, puis leurs souffles l'emballent
    et font de cette nuit qui vire au linge sale
    un écrin vaporeux

    (je me crème les yeux de nuées sidérales)

    Elle entoure d'un voile éthéré sa charpente
    - voudrait-elle masquer comme elle est, périssante ?
    et se tient accroupie comme une vieille dame
    indigne de son âme et fuyant son état
    de peur qu'on n'en découvre tout l'insigne drame :
    un mollissant éclat de sa carne apparente

    Oh, mais je la vois, moi qui n'ai d'yeux que pour elle !
    Je sais comme elle est, nue; je sais comme elle est belle
    ayant à ses liqueurs profondes pu goûter

    Et quoi ! on ne meurt pas de voir la mort venir;
    on y gagne plutôt le plaisir d'exister
    Le ciel est un lointain ami qui peut nous dire
    merci du coin de l’œil d'être à le contempler

    Et puis, d'un voile l'autre, à tout prendre, aucun d'eux
    ne m'est plus attrayant ni même délicieux
    que celui que tu portes pour te mettre en scène
    avec, rappelle-toi, ces petits bas de laine...
    avant de nous rejoindre en sublime jeunesse
    ta main fraîche à mon ventre et la mienne à tes fesses

    Voici de nos hiers le sang ravigoté
    Éteignant un à un les lumignons célestes
    nos ahans enhardis ne seront pas en reste
    au déclin annoncé des espaces nocturnes
    quand le vent du matin aura tout ravagé
    affolant les rideaux mêlés de notre turne.

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    illustration issue de LA CHAMBRE NOIRE
    (Gaëna Da Sylva, photographe)
    pour un impromptu littéraire - tiki#69

  • stigmates

    black-Jesus.jpgJ'ai beau cracher dessus
    revoilà mon Jésus
    aussi mal fagoté
    avec ses longs bras maigres
    et tout stigmatisé

    - qui a martyrisé
    sa belle peau de Nègre ?
    je ne l'ai jamais su... Parole !
    (quoique je fusse à bonne école)

    Je vois comme il a faim
    mais ne peut me le dire
    Je lui donne mon chien à sortir

    l'un y trouve plaisir
    l'autre quelque salaire;
    tous deux auront pris le bon air

    cependant que je goûte au repos
    de prendre le temps d'écrire un mot
    - et la Paix Intérieure ?
    je me la fumerai tout à l'heure

    Pour l'heure ?
    En sueur, je vais sur l'autre rive
    tirer un bon peu de salive
    au sein figé de la madone
    - disons, entre Grandes Personnes...

    Après ?
    Qué j'en sais ?
    Mon Jésus et mon chien rentrés
    peut-être un tarot, une coinche ?
    ...tant que ça n'est pas moi qu'on lynche...

    Et puis... et puis...
    pas vu, pas pris...
    il faudra que vienne la nuit

    D'ici là, chanter à l'envi
    Jesus loves
    Jesus loves me, my dog and my monkey

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • La main chaude

    La peau de l'air collante et la mienne
    imploraient l'orage et sa virulence,
    à la nuit tombée d'un jour en peine
    d'en obtenir jamais sa délivrance

    L'obscurité plus dense à chaque heure
    transformait toute chose en son fantôme;
    les arbres contenaient la rumeur
    d'une terre apeurée sous le grand dôme

    Dans ce calme lourd et douloureux
    ma poitrine enviait le buste en plomb,
    sur la cheminée au manteau bleu
    orné d'impossibles compromissions

    La clarté fragile des bougeoirs
    orchestrait des ombres le lent ballet;
    ma silhouette dans le miroir
    n'osait tourner la tête et regarder

    par dessus l'épaule, droite et morte
    un mouvement perçu depuis la porte

    Dans ce calme lourd et douloureux
    arrimant chaque chose à son fantôme,
    je devenais sourd, fermai les yeux
    quand une main s'installa dans ma paume

    L'orage rompit à l'instant même
    je n'en perçus que la ruée du vent;
    je me faisais l'effet d'être blême
    et serrais la main de mes doigts tremblants

    Une chaleur douce et parfumée
    caressa d'un souffle ma nuque nue,
    livrant à mon oreille apaisée
    la voix de la mère aimante et venue

    par-dessus l'épaule, droite et ronde
    remettre en ordre la marche du monde.

    hand-N-hand.jpg

    pour un Défi du samedi [#93]
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • salvador

    Dense ?
    - et même !
    le mot qui danse
    et m'aime

    panse
    épure
    l'énoncé de la pensée mûre

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Méga Poulpa

    À maints amens - ah, mince !
    fallut-il que j'en pince...
    je réponds sans détour
    "Eh ! suffise à l'amour"

    Voici déjà le Chœur
    (qu'un trop-plein de ferveurs
    a jeté face à terre)
    qui me fait des misères :

    "Dis ton Mea Culpa
    pour chaque alléluia
    soufflé dans un soupir
    d'incurable désir"


    Qui ? ...moi, battre ma coulpe ?
    et dans vos bras de poulpes
    encore ! Ah non, merci !
    ça, jamais de la vie

    Assez des injonctions
    Gardez vos contritions
    pour vos propres engeances
    et souffrez que je danse

    Et le Chœur de reprendre
    comme pour s'en défendre
    "Mécréant scélérat,
    point ne nous corrompras !"


    Vous corrompre ? ...t'en fiche,
    mais pour les yeux de biche
    de vos femmes et filles
    craignez mes peccadilles...

    Sur ce, à vous revoir
    fumer à l'encensoir
    vos Ave Maria
    et quid et cætera

    Je range mes amens
    et mène Votre Dame
    à la fête foraine

     

    psychopoulpe.jpeg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK