tu as faim mon petit, mon trésor
tu t'agites et la fin te dévore
sur la table vide
ton assiette est vide
retourne-toi
mange tes morts
il y a tant de morts devant la mort, petit
qu'elle même en a perdu le souffle
la vertu, la débauche, elle fauche, elle fauche
le saint, le sage et le maroufle
racle bien, pauvre nain
de tes ongles de chien
la faïence qui couvre la glaise
plus rien n'est incertain
entends, sur le chemin
mon pas, foulée dans la fournaise
que crains-tu mon petit, mon trésor ?
que peux-tu bien espérer encore ?
sur la terre aride
sous le ciel torride
ils sont à toi
mange tes morts
me voici devant toi, petit
reconnais-moi, je suis la vie
j'ai brûlé mes ailes
à tes sempiternels
et insatiables appétits
me voici devant toi, mon ange
vois, comme je n'ai plus rien d'étrange
mais cette épiphanie
annonce qu'il est cuit
ce dernier repas que tu manges
tu n'as donc plus faim, mon trésor
avant que d'être un cri est mort
dans tes yeux avides
déjà le vide
installe son règne d'or
l'univers abandonné
redevient sourd, aveugle et muet
qu'un ange passe
plus personne, hélas
plus personne pour s'en soucier
ah ça, petit! tu t'es gavé!
texte de norbert tiniak
inspiré par une bulle dorée d'Anne
© 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK