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  • racines

    Rêves, racines de l’étrange
    Amassant patiemment de mon tourment la sève
    Coulez, ma trêve orange
    Immuable à la source
    N’ayez jamais de cesse
    En cette longue course, d’être
    Serpentins sous la mousse, mélange

    Dais d’albâtre laiteux
    Ecoute-les hurlant

    L’antique plainte à l’orée du dédale

    Embrassez-moi, mes songes
    Terriblement
    Ramarrez cette longe
    Au moindre dénuement de mes vœux dépolis
    Nœud de mélancolies
    Gigognes insatiables
    Ebauche-moi des nuits noires et véritables

    ________________________________________

    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    extraite de sa CHAMBRE NOIRE

     

    bonus onirique :

    photographie : Gaëna Da Sylva
    (la Dame des Bois de Gahenne)
  • sauve tag

    plic? ploc ?

    A l'heure où la nuit daigne enfin perdre un rien de sa superbe, je me fais ce petit plaisir d'arpenter l'avenue déserte encore, avec pour seule compagnie la paix de l'arbre qui s'endort et quelques vers de trop embrumant mon esprit. C'est ainsi que j'allais, mains croisées dans le dos, courbant l'échine sous la bruine, à la recherche d'une strophe et d'une baguette de pain frais.

    Le vent charriait des papiers gras qui m'importunaient l'allure, en se collant de ci de là, sous le talon de mes chaussures.

    Comme je me défaisais de l'un d'eux, un étrange phénomène attira mon attention. Sur le trottoir qui bordait l'immeuble des Impromptus Littéraires (club où j'ai mes habitudes), je remarquai du coin de l'oeil une rigole singulière qui s'échappait de la gouttière.

    Dans les reflets de ce flux au débit étonnament vif - et non, je n'avais pas la berlue!- je reconnus des lettres, des syllabes, des mots!

    En arrêt, interdit, je m'accroupis d'abord pour m'assurer de la réalité du fait. J'en recueillis quelques bribes dans la paume de mes mains portées à l'embouchure et me mis à les lire. Ce que je découvris m'arracha un sourire, puis, petit à petit força mon admiration. Un véritable trésor d'écriture coulait entre mes doigts : des mots, des mots! des mots brisés, des bouts de strophes, des onotmatopées fantoches et des paragraphes atrophiés, des billevesées, des aphorismes, des coquecigruités fantasques...

    D'un mouvement instinctif, je reculai jusqu'au bord de la chaussée pour porter mon regard vers le sommet de l'immeuble bourgeois. Une autre surprise m'attendait là-haut ; elle avait la forme d'un nuage! Un petit nuage, noir et solitaire sous le ciel, pleuvait sur la toiture.

    Je fis mouvement sur ma gauche, de quelques mètres, cherchant à relever quelque trucage ou illusion ; le nuage, d'un mouvement en miroir, fit de même. Autour de moi personne, sur l'avenue personne, à prendre à témoin personne, que l'ombre des arbres engourdis, la bruine et le ciel gris.

    Autant pour en garder la trace que pour donner à mes yeux davantage de conséquence à cette bizarrerie, j'ouvris le petit calepin qui loge invariablement dans la poche intérieure de mon vêtement de saison - pratique que j'observe avec rigueur depuis qu'au club Ms. Tiss m'en avait fait la vive recommandation. Je m'apprêtais à y consigner l'expérience et noter quelques-uns des bons mots qui m'avaient frappés. Je ne tardai pas à me retrouver couvert dans l'ombre du nuage, bientôt dégoulinant sous sa douche volubile. Comme attiré par mon support d'écriture, il s'était avancé jusqu'à moi et abaissé jusqu'à portée de bras. Mais quand je tendis la main vers lui, le nuage s'éleva de manière à demeurer proprement intouchable.

    Dans l'intervalle, les lettres et les mots qui roulaient sur ma manche, s'égouttèrent sur les pages de mon calepin, y prenaient place et forme, sans véritable ordonnance, que, semblait-il, l'urgence de s'inscrire. Bien que cela n'ait aucun sens logique, ça n'en était pas moins savoureux! ça memplissait les yeux ; ça disait tout à trac :

     

    Quand tu es loin de moi

    Nin nin nin nin nin ance

    Moi je pense à tou-a

    Et nin nin je dan-ance / J’f’rai de toi ma cess’princ’, tu s’ras jamais morose / Mélangez bien le tout avec un touille-cracra / J’ai eu vent de la liaison que vous entretenez depuis quelques mois avec mon épouse et je vous sais gré de déployer une telle énergie et un zèle si remarquable pour satisfaire à ses envies les plus folles / Te retourne pas, mais je crois qu’elle nous regarde, la dame bizarre de tout à l’heure.

    Je ne sais pas si la voie lactée

    Sera plus belle vue du septième ciel

     

    "- Ecoutez Madame, si ça ne vous tracasse pas que votre fille raconte que vous êtes morte, tant mieux, mais nous on se fait du souci." / Lila était au tableau quand ils étaient arrivés. La maîtresse l’avait poussée sous son bureau et l’avait cachée. Elle n’avait rien vu, tout entendu. Quand le calme était revenu elle avait hurlé tellement longtemps qu’elle ne se souvenait plus s’être arrêtée / « Papa, pourquoi t’as une zézette sur ton bureau ? » /

    Heurts divers /

    Que va donc devenir mon regard amoureux

    S’il n’a plus le plaisir de plonger dans tes yeux

    Quand j’écris rien je l’écris gros

     

    Je fus soudain saisi d'une vive inquiétude. Qu'allait-il advenir de cette logorrhée une fois les pages de mon calepin remplies ?

    Je tournai les talons et filai droit vers ma mansarde. Mon sous-marin sous les toits, mon écritoire, ma planque irresistible se trouvait à deux pas de là. J'y avais encore un bon lot de cahiers vierges quelque part sous les cahiers pleins, les bouquins, les classeurs, les revues, les albums, les ramettes, les bibelots et les boîtes entourant l'unique mobilier de l'endroit, mon poste multimédia.

    Tenant devant moi le calepin ouvert, je pressai le pas.

    Le petit nuage me devançait - se pouvait-il qu'il sache où je me rendais ? Peut-être lui était-ce tout simplement plus commode, pour continuer son manège. A l'entrée de la petite pension où je louais mon isoloir, le nuage fila le long du mur vers la toiture. Quand j'ouvris le vasistas, il était là, entra, mais ne pleuvait plus.

    Sur l'écran de mon ordi, un clignotant m'avertissait de l'arrivée d'un "nouveau message". J'hésitai deux secondes, puis me décidai à le consulter... y trouverais-je l'apocalypse ?

    Un familier n'eût pas agi autrement : le petit nuage se plaça au-dessus de mon épaule, comme pour lire à l'écran le message qui s'y affichait.

     

    Cher monsieur Tiniak (tiniak ?),

    Nous nous sommes croisés plusieurs fois chez les Impromptus, sans jamais vraiment nous adresser la parole. Cependant, ayant remarqué dans vos textes de nombreuses correspondances avec les miens, je me suis permise de vous utiliser, escomptant que vous seriez sensible à ma situation critique.

    Je suis en effet contrainte de déménager, contre mon gré, et de rendre l'ordinateur mobile dont j'avais l'usage à l'un de mes voisins qui me l'avait prêté. Ne sachant comment faire pour sauvegarder mes textes et tags, c'est naturellement que je me suis tournée vers votre esprit littéraire, dont j'avais perçu, à travers vos écrits (textes ou commentaires) le goût prononcé pour la fantasmagorie surréaliste.

    Etant un peu sorcière (mais, ça 'faut pas trop le dire), je vous ai envoyé le petit nuage qui doit maintenant se trouver près de vous.

    Merci de lui permettre d'achever sa tâche... d'encre.

    Soyez encore pour quelques temps, je vous en prie, mon ancre.

    Je vous promets de venir bien vite récupérer mes scribouilles, sitôt que j'aurai recouvré une situation plus confortable. Et puis, si ce n'était abuser de votre bonté... pourriez-vous m'indiquer où je puis m'équiper à moindre frais d'un nouveau poste ordinateur (mobile ou fixe, peu m'importe) ? Peut-être pourriez-vous m'en prêter un vous-même ?

    Merci de me confirmer avoir lu ce message et me donner tout avis pouvant contribuer au sauvetage de mon oeuvre.

     

    Bien amicalement,

    P*p*ne.

     

    Adieu baguette!

    J'attendrai ici que l'oeuvre salvatrice soit accomplie. Et puis, l'affaire faite, j'irai prendre un déjeuner complet dans le hall des Impromptus.

     

    Dehors, la bruine était devenue pluie. Sur l'avenue en contrebas s'animait à nouveau, ses glissement des véhicules, ses pas pressés, ses cris des gens au feu qu'on brûle, une journée.

     

    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    'poesie melodie', ossiane
    illustration : ossiane
  • her howling move

    mansarde_move.jpg

    then she began to dance
    improvising glance of her move
    is everlasting happenstance
    improves
    any romance

    outside
    in the distance
    wolves

    I belong to them
    flew away from them

    and sole
    peeping through the hole
    bite my lip
    to keep from howling
    as here she comes now
    whirling

     

    ________________________________________

    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    extraite de sa CHAMBRE NOIRE

  • des mots! des mots!

    tourmente_des_mots.gif

    j'aurais pas cru ça dieu possible
    (déjà, vu que dieu, j'y crois pas!)
    depuis, je me sens invincible
    heureux fou, plus que moi y a pas

    allant mains nouées dans le dos
    je noctambulais l'avenue
    sur le trottoir des Impromptus
    dans le nez quelques vers de trop

    le vent charriait des papiers gras
    (quelques missives sirupeuses)
    qui m'encombraient l'oeil et le pas
    vague abondant l'heure hasardeuse

    quand j'aperçus venant du sol
    et ajoutant à ma déroute
    l'étrange éclat d'étranges gouttes
    comme escapées d'un jour d'école

    non, je n'avais pas la berlue
    il n'y avait aucun trucage :
    c'est bien des mots qu'il pleuvait dru
    aux flancs d'une nuit sans nuages

    et ça me pleuvait droit dessus!

    des mots dansants, des mots joueurs
    des mots s'agrippant aux passants
    et sur les pavés bondissant
    pour arriver à ma hauteur

    j'en ai lu un, puis deux cents, mille
    j'étais pris dans un tourbillon
    cette pluie tombant sur la ville
    collait à mes basques, dis donc!

    jusque chez moi, elle a suivi
    mon trajet de rues en ruelles
    adieu, costume de flanelle!
    bonjour, noyade et pleurésie!

    de congestion point, mais que d'ondes
    m'entourant de prose et de strophes
    un ballet déroulait sa ronde
    en lettrines et apostrophes 

    ça m'a pisté à l'intérieur
    envahissant mon territoire
    investissant mon écritoire
    et se jouant de mes humeurs

    et ça me ravissait la vue!

    des vers en veux-tu ? en voilà!
    des incongrus, des pas courants
    des chutes faisant la ola
    autour de mots "Fin" souriants

    ces mots ne m'appartenaient pas
    mais ressemblaient à s'y méprendre
    à tous ces mots que j'aime entendre
    délire le monde et ses tracas

    lecteur conquis, je fus tenté
    de remonter jusqu'à sa source
    le fil de cette logorrhée
    et me préparai pour la course

    manteau, chapeau, gants et pépin
    je m'installai sous le nuage
    qui poursuivait son déballage
    et l'appâtai de mon calepin

    c'est, de retour sur l'avenue,
    que fut dénoué le mystère
    du phénomène extraordinaire
    logé au coeur des impromptus

    doudoune_pop.jpget ça, je n'en dirai pas plus!

    j'ai trouvé dans cette aventure
    une voisine littéraire
    pour qui j'enfile en écriture
    une doudoune, jambes en l'air.

    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • métamorphosis

    tamorphoseS

    mouh, ché bien cha, mon lapin

    I
    noir

    oui ?
    ouiiih
    hh hhh
    smouic slouic slioup
    haaan

    gloub bloub
    blig lioub moub

    mgnnnh
    gnaaah
    euaah euaaah

    aheu aheu
    abbaab bab bappf
    dnn deunn nann
    nan

    toi, peut-être

    II
    blanc

    voluptueusement
    mêlant le sang de nos chairs
    fertilisons l’aube

    III
    rouge

    je serai pour toi
    cet arbre, mouvance
    tu seras l’automne
    et sa flamboyance

    je ferai ce mur
    dont tu seras brique
    riant des murmures
    tectoniques

    je me lèverai
    avec le ponant
    et tu m’attendrais
    dans ce firmament

    IV
    vert

    petit brin
    dans ma main
    faut-il que tu pousses ?

    caillou sur le chemin
    tu n’amasses pas mousse

    petit brin mâchouillé
    je t’ai dégusté
    dans mon bol de lait

    caillou plat, pierre ronde
    ricochet, rigodonde

    V
    bleu

    tant que je n’ouvre pas les yeux
    la vie demeure
    se déclinant du noir au bleu
    simples bonheurs

    tant que je n’ouvre pas la bouche
    le temps s’oublie
    restons, mon amie, sur la couche
    goûtant
    vraiment
    l’instant
    ici

    VI
    violet

    - mon chéri…
    - mmm ?
    - métamorphose avant de sortir.

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    adami-valerio-metamorphose.jpg

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     tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki#18