(Rêve sans pédigrée)
Cette ardoise après l’autre, une ville appareille
avec tous ses sommeils et ses carnes repues;
elle ne parle pas ou je ne l’entends plus
ou bien c’est que je dors aussi, dans ma corbeille.
Comme j’aurai couiné longtemps, après le jour
léchant plus qu’à son tour la vigne des façades,
je me serai lassé d’attendre ma balade
aux oranges œillades couvrant mon parcours.
Le partage du fleuve où trempe un doigt de ciel
pour y goûter le miel d’une ère en mouvement,
entraîne dans son flux la ville, mollement;
peut-être que j’en suis, calme et atemporel.
Je ne sais si la longe à mon collet de cuir
a voué son empire, affable et quotidien,
à d’autres gémonies livrées à d’autres chiens;
je me sens libre enfin, t’approche, te respire.
Ton odeur est partout, présente et résolue;
par l’entrelacs des rues, les places et les squares,
vient répandre son bruit dans le souffle du soir
et se placer au cœur d’une histoire incongrue.
Ô, maîtresse !
Ton pas m’est bien plus doux si je trotte sans laisse
autre que ce parfum qui me lie à sa loi
et m’arrache du fond de la nuit les abois
où tu reconnaîtras toute, mon allégresse.
Oh oui, je serai bon et tu seras contente !
Nous nous accorderons et l’allure et l’entrain.
Tu sauras me flatter de caresses charmantes;
moi qui t’aurai juré fidélité de chien.
extrait des Orange, chroniques © 2011 DUKOU ZUMIN