Un murmure de soir a soufflé sur ses doigts
Ombres ébouriffées, l'allée sage s'étire
Un lacis de serpents bouge au moindre soupir
et se frotte à l'épaule, à son pâle beffroi
La buée du regard s'écoute chavirer
dans les plis fatigués d'une antique posture
avec le poing crispé sur l'épaisse tenture
encadrant la fenêtre où nul n'est arrivé
Sous la pression d'un ciel imprimant son déclin
un astre hésite encore à rougir davantage
au rang de peupliers les plus rares feuillages
L'énigme irrésolue replie son maroquin
Il ne paraîtra plus aujourd'hui, c'est certain
La rue peut s'encombrer d'anonymes partages
***
Il viendra
Il arrive
Il l'a dit
Il l'a dit
Il était dans mon ventre quand il a promis
Oh, comme il aura faim !
Oh, comme il sera fou !
Comme il sera grand temps d'être ensemble partout
de régner sur le monde en lui donnant le sein
de repeindre l'orage avec notre sueur
de sourire endormis à notre plein bonheur
Oh, dormir !
en n'étant pas inquiets, demain pourra venir
ce sera aujourd'hui
et encore, et encore...
Et nos yeux nous seront le plus vaste décor
Il viendra
- mais bien sûr !
puisqu'il me l'a promis
Il viendra, c'est bien sûr
Il l'a dit
Il l'a dit
***
Anonymes peuvent paraître
à l'enfilade les fenêtres
mais que vitre vienne à vibrer
qu'un doigt sépare leur ourlet
qu'un hiver de frimas redouble
et révèle une buée trouble
alors tout le sang contenu
l'espoir qui se serait perdu
les pleurs que masquait un soupir
et le fol élan du désir
échappent
aux civilités scrupuleuses dont se drapent
les huissiers rigoureux de l'être
et s'illumine à la fenêtre
insigne
une âme
dans l'éclat pur et particulier de son drame
digne
patente
signant de son total amour
l'attente ?
***
"Oh, qu'Une...!"
et même et seule et pâle comme Lune
inamovible face au monde
bienveillante et calme, féconde
au fil des heures s'émoussant
un apathique emploi du temps
coulant son regard nyctalope
(apanage des Pénélope)
sur l'avenue des anonymes
retours aux affaires intimes
frémisse encore
certaine d'être arrimée à bon port
tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
inspiré de trois photographies extraites de LA CHAMBRE NOIRE
de Gaëna Da Sylva
Illustration sonore : par ici...