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  • calvadose

    calvados

    Lire sous le gris, bruns et verts
    les caprices de l'atmosphère
    Sentir la mer qui fait le vent
    l'averse et réciproquement

    Et la fumée qui monte droit
    pour tenir le ciel à l'endroit
    où on l'attend, jour après jour
    (qu'il mange l'ombre dans la cour)

    Et l'arbre avec ses bras pelés
    que les moineaux ont désertés
    il crache une toux de corneille
    en écho à celle des vieilles

    Et le fleuve qui ne boit plus
    que l'eau des rivières moussues
    rechigne à courir vers le large
    amer et vaseux à la marge

    Et voici l'autre et son prochain
    qui croisent le regard en coin
    sur le perron des voisinages
    où pataugent les bavardages

    Et puis voici, le rouge aux joues
    cette femme Bien De Chez Nous
    qui piétine, panier au bras
    lippe digne sous le front plat

    Et cet autre panier garni
    cabrant ses formes rebondies
    nargue des blâmes quotidiens
    l'hypocrisie et le venin

    Et s'ensuivent de francs négoces
    qui souhaite prolonger la noce
    qui partir avant le carnage
    arguant de "...force ni que rage"

    Et tant qu'à porter la culotte
    ça vaut son coup derrièr' la glotte
    L'œil a son orbite à l'andouille
    la narine, un doigt qui la fouille

    Et puisque l'Bondieu t'a mis là
    qui sais pas quoi fair' de tes bras
    agite un peu ton gras du bide
    Ne t'en vas donc pas les mains vide !

    Et c'en n'est pas bientôt fini
    de tes yeux de biche alanguie ?
    Tout ça rien que pour s'enfermer
    dans de bohémiennes pensées...

    Et allez ! En avant, musique
    des jérémiades symphoniques
    Beau temps... mauvais temps, tout pareil
    ...à vous massacrer le sommeil !

    Et quoi, en veux-tu ? en voilà !
    du gris, du vert et des frimas
    Que ça n'aillle pas t'empêcher
    d'être à l'heure pour la curée

    Calvados
    soit je m'en fais une idée fausse
    soit je l'habite
    comme son cri de mouette folle m'y invite

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • ornières

    pas,pieds,géant,tiniak,manifeste

    Souvent, je me prends pour cet être que je suis
    cet être à ciel ouvert arpentant les endroits
    d'un monde où la raison régie par d'autres lois
    fait lumière d'étrange et nourrit celui-ci

    Je marche dans les pas de géants méconnus
    Les yeux plus grands que le centre de l'univers
    les mains battant le ciel comme on chahute un frère
    je tombe à chaque trace aux rives décousues

    Mes rimes embrassées, je vais, la bouche sèche
    et recomptant mes pieds à chaque nouveau pas
    (j'en ai deux à l'arrêt; un seul touche du plat
     la terre où l'autre cherche à se faire une crèche)

    Je vois dans chaque trace un puits dans le désert
    mais je mange du sable, de la boue, du feu
    avant d'en mesurer le sage, le précieux
    à verser pour ma gourde et me lier ces matières

    J'étais hier encore au creux d'un pas immense
    à danser comme un fou dans mon rire affamé
    Je ne pus me sortir de ses parois laquées
    sans le mage concours des fées nues de l'enfance

    Un soir que je longeais la lèvre d'une faille
    les chansons et les bruits montant du défilé
    avaient cette harmonie que les pluies de l'été
    savent tirer des sols ivres de retrouvailles

    Peut-être l'avant-veille, au bord d'une aube bise
    j'avais trempé les mains dans des reflets joueurs
    Ils se couraient après - promesses de chaleur
    faisant progresser l'or parmi les ombres grises

    Je suis tombé de haut dans de fines empreintes
    tombé de tout mon long dans de vieux marigots
    tombé sur mes genoux tombés dans le panneau
    pour tomber de fatigue au chevet d'une plainte

    (aussi, je prends le goût des choses périssables
     pour tomber amoureux d'elles à tout instant
     qu'il nous est donné d'échanger un air aimable
     en croisant mes lacets dans leurs pas de géant)

    Et je vais par ici, par là, où long me semble
    être d'éternité le premier étalon
    J'irai dans leurs "allez !", j'irai dans leurs "valons !"
    mon regard de Poucet sur sa branche qui tremble

    Alors j'aurai couru de familiers enfers
    donné un coup d'épaule au rocher de Sisyphe
    applaudi l'opéra d'ombrageux incisifs
    formé le rigodon des sanglots de la terre

    Quand j'en aurai tout bu des litrons z'et des pots
    ronflerai dans des paumes pantagruéliques
    entendrai des lapins hoqueter "hic ! mes triques..."
    et des rhinocéros exiger le huis clos

    Pour une ultime fois, répondant à l'appel
    de trompettes enjouées, de guitares marines
    j'irai piquer du nez dans quelque autre ravine
    au moment opportun... selon ma ritournelle...


    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    "...orne hier " pour un Impromptu Littéraire - tiki#122

  • paisible à l'auréole

    ondes

    Passe, fleuve au lent cours et aux arbres fidèle
    avec ta majesté placide et généreuse;
    moi, mon vin tristounet et mon âme pleureuse,
    à te voir sous nos pieds, changeons de ritournelle.
    Va, nous t'en savons gré !

    Pour la belle cambrure et les solides pierres
    de son enjambement sûr et inamovible,
    j'aime arpenter ce pont en me donnant pour cible
    d'atteindre à l'autre rive une pensée plus claire
    - un nouveau lent demain ?

    Le vent qui s'est levé prend le fleuve à rebours.
    Les claveaux ciselés du pont sifflent son air.
    Je l'entends me souffler le regain des amours,
    mon pas dans sa cadence.

    Sur la rive opposée, se caresse le saule.
    Avec ses bras croisés, il masque son sourire
    (il m'aura, maintes fois, vu regagner ma piaule
    à des heur's pas possibles !).

    Alors, c'est dit ? adieu, ma peine, ma langueur ?
    Je jette du gravier dans le contre-courant.
    Je me sens si léger que son furtif éclat,
    paisible à l'auréole.

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Ici s'achève le recueil des "RUADES" (na!)

    ondes

    Lien permanent Catégories : °ruades° 2 commentaires
  • bercerie

    L'esprit des morts veille,Gauguin,tiniak

    Je ne dors jamais si bien
    qu'avec La Camarde
    qui me caresse la main
    quand la nuit s'attarde

    Avec à ses pieds mon chien
    lui léchant la jambe
    mon lot de quotidien
    qui pleure à l'ïambe

    Un souffle d'aile et je viens
    sous son cheveu saule
    regarder battre son sein
    depuis son épaule

    Dormir ne me serait rien
    sans la voix fidèle
    aux songes les plus anciens
    dans sa ritournelle

    Chaos antédiluviens
    ou Monts & Merveilles
    je ne dors jamais si bien
    qu'en sa longue veille

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration :
    L'esprit des morts veille
    Tableau de Paul Gauguin (1893)

    Lien permanent Catégories : poLésiaques 0 commentaire
  • frisson roche

    janis joplinSous la pression d'une rage intense, fébrile
    sa voix de roc se brise
    murmure, pulvérise
    une volée de gravier, de grenaille
    de ce chantier dans ses entrailles
    d'où le désir impuissant, la furie
    le disputent à la mélodie

    Le soubresaut d'un pleur
    qu'évapore une vaine ardeur
    la tient, l'effleure
    qu'agite sous son sein et meurt
    - cette vive douleur : il faut... il faut !
    vaille que vaille que dure le show

    Elle n'aura sans doute pas
    deux fois seize ans dans d'autres bras
    que ceux de la fatalité
    qui fige les célébrités
    de son ère
    dans une apparition éphémère
    comme en leur jeunesse illusoire le sont
    toujours la flamme et le frisson

    ***

    Page tournée, rendu au monde
    un frisson meurt dans la seconde

    ***

    Mes doigts font vibrer ta corde intime
    voici que nous touchons au sublime
    accord
    des sens

    Oh,
    qu'un songe même en prolonge la danse
    encore
    un peu
    puisque tu ne me rouvres pas tes yeux

    ***

    Ce n'est pas l'écho
    ce pas dans mon dos

    Ce n'est pas toi qui me suis
    mais ce fantôme que je fuis

    ***

    Éponge-moi l'essence
    ma fièvre
    ma transe

    Je sue à n'en plus pouvoir
    Au coin des lèvres
    un Gai Savoir
    transpire
    la chance
    d'en connaître cette évidence :
    la vie est un frisson
    semblable à l'ultime abandon

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki #121