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  • Ni ni

    « ...mais il faut cultiver notre jardin. »
    Dieu, d'accord... mais d'un œil
    et pas dans mon cercueil
    je n'en désire aucun
      Nu, sous l'amas de feuilles,
      c'est bien

    D'un œil, oui... mais qui passe
      rougi de guerre lasse
    avant de pointer l'autre
    et son brillant cortège d'apôtres

    Qui passe sans rien dire
    Non ! sans rien commenter
    des ceci et cela qui firent la journée
     - du Sinn ?
       Pas sûr...
    Certains n'auront jamais goûté Sa confiture

    Tant qu'on y est, pas de Maitre
      Merci, non, ça suffit
    J'ai pour l'évanescence
    idée d'une magie plus pure
    Oh, pas de quoi aller chanter
    les deux pieds dans l'ordure
      Juste, la flamme est vive
    et dégage au souris la canine incisive

    Maître, non, pas d'accord...
    Injonctions carnassières
    Théâtre d'Ombre et Sorts
    Mépris, hargne foncière
    Trop connu, le décor !
      Mais, à l'encontre
      allé à ta rencontre
      me mettre à m'Être encore

    Pas d'accord sans civilité
    de partage sans amitié
    de respect sans hommage
    ni aucun avantage
    Voyer le boulot à fournir !
    Debout, Voltaire ! il faut mourir
      élevant haut la main
      relire :
    « ...mais il faut cultiver notre jardin. »


    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • pourvoir

    La paume retournée, le champ fertile
    Vestiges de forêt, un archipel
    de bosquets sous le vent, infatigablement
    Les ruines d'un moulin que les ronces ménagent
    où le pays va ranger ses légendes
    et les oiseaux nicher leurs maigres dividendes
    avant de comploter à l'angle une évasion
    au nez glacé des prochaines saisons

    Fiou ! C'te peine    C'est bien, fort bien
        Certainement sain, même
        mais je suis citadin
        cultive mon teint blême
        et ruinerais vos plants
        en moins d'une semaine
        (remettes-les plutôt à la gardienne)

        Et puis, la vue du sang...
        ...déjà pour les pourceaux...
        mais s'agissant de l'autre Tout Là-Haut
        - et qui saigne ! qui saigne !
        de son œil paternel agonisant
        comme un rituel, et quotidiennement !
        en ai vu des baignoires pleines
        (dont on fait des cartes, vilaines !!)
         que c'est peu ragoûtant, au final
        ...des mares, oui... si éminemment sales
        et même des caspiennes, dis
        où va, se reflète à l'ancienne
        la fin des temps d'avant la veille

    Alors quoi ? Quel meilleur appareil
    vous dira que la terre vous porte
    et qu'il n'est pas possible qu'on en sorte ?
    Aussi vrai qu'elle tourne et n'ira pas plus loin...
    Ne quitterez-vous pas cet air chafouin, l'ours !
    qui vous fait triste mine ?
    C'est le bout de la Course...
    Et cessez de crier « À moi ! On m'assassine ! »
    C'était pour votre bien, l'ami, cette balade
    Vous autres de la ville êtes toujours malades
    aigris et gris, qu'on dirait de l'ardoise
    votre mise

        Est-ce un chien qu'on entend ?
        Est-ce moi qu'il appelle ?
        Et pour quelle entreprise ?
        
        Je vous quitte, les gars
        Et ne m'en veuillez pas avant l'année prochaine
        Elle est déjà bien prise. Ma rengaine :
        
        Ma chienne ! Ma chienne !
        et ma chemis' de nuit
        avec ses lampadaires sous la pluie

        Je n'étais pas parti
        Je m'étais entraîné dans quelque trouble fait
        Où en est la partie ?... Ah, faîtes...
        
        Donne... pour voir...
        (Ça vire un peu frisquet, ce soir... J'en viens
         En ai le bout du nez rouge carmin)


    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • immersion périscopique

    All aboard

    Ici, les pieds ballants au bord du monde
    (qui a dit que la terre est ronde ?)
    j'attendais ta venue
      promeneur fatigué
      fillette à l'œil citron
      femme sans à-valoir
      père, mère, fiston
      sœur, frère
    et toi aussi, Petit Poucet, derrière
    et vous autres, histoires...

    Allons, c'est l'heure d'embarquer
    dans mon sous-marin fait exprès

    Et merci pour le grain de sable
    Et merci pour la chansonnette
    Et merci pour le sein aimable
    Et merci pour la savonnette
      Ici toujours valables
      Et toujours à la fête

    Dans mon sous-marin sous les toits
    prenez place... Attention, les doigts...
    Refermons l'écoutille
    Et voyez comme brille ce tapis d'étoiles
    Où j'ose m'exprimer ainsi :
    mettons les voiles sur le Parvis

    Ces compositions coralliennes
    semblables aux statues anciennes
    passant maintenant sous vos pieds
    sont érigées au jour le jour
    pour chaque âme frappée d'amour

    Cette table au plateau laiteux
    grumelé de bosses, de creux
    c'est la lune, telle qu'ici
    - pas, certes, comme on vous l'apprit,
    le Chien, le Lion, le Sagittaire
    y viennent faire bonne chère

    Ces orgies de gaz irisés ?
    L'effet de songes avortés
    s'inventant un nouvel espoir
    de rejaillir, feu réfectoire !
    Que l'art ou l'idée s'en saisissent
    les moléculisent, les lissent...

    Ce tas d'anarchiques graviers
    sont les débris éparpillés
    de colliers de sirènes mortes
    de s'être vues fermer la porte
    au seuil d'une passion terrestre
    - on y fête la saint Sylvestre

    Ah ! voici le quartier d'En-Haut
    où logent tous les Maîtres Mots
    Si Mars a la face rougie
    c'est d'entendre leur incurie
    échanger dans des rires gras
    les vérités de l'Ici-Bas

    Je ne présente pas la Grande
    qui préside à la sarabande
    Mais notez comme Cassiopée
    lui tient tête (elle est obstinée)
    et comme le petit Dauphin
    singe sa cambrure de reins

    Bon, mettons fin aux commentaires
    Profitez seuls de l'atmosphère
    tandis que je vais manœuvrer
    doucement à vous raccorder
    le cœur et l'âme à l'évidence
    que vraiment rien n'a d'importance

    Qu'à vos yeux !
    (ce sous-marin en est le véhicule, au mieux)

     

    Aouch, ça pique !

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#89

  • paresseuse

    Vallotton, La paresse

    Son matin vient, pans grand ouverts
    sur la scène indolente et mûre
    de son âge élégant et sûr
    soucieux de ménager sa chair
    lui mitonne un confinement
    de son port mol et nonchalant
    que cette matinée durant
    elle gardera solitaire

    Un doigt sur la poussière
    Un autre à bout de sein
    La lèvre sous la dent
    Une rivière au sang
    lui court le souterrain
    où elle sait son monde
    contenir tous les mondes
    Elle y porte la main
    s'en féconde
    Un sourire lui fend
    la joue boudeuse et ronde
    où deux chocolats fondent
    et lui disent du bien

    Danse un rais lumineux
    La fumée dans ses bras
    pâle grisée de bleus
    cède à ce pas de deux
    Elle chante tout bas
    Elle égare ses yeux
    où elle sait son rêve
    envahir tous les rêves
    Y va de son oubli
    parachève
    d'un soupir allongé
    le cri dans sa gorge noyé
    qui la vide
    et l'aime comme elle est
    lucide

    Solitude en écharpe
    portée haut sur le col
    pieds nus frôlant le sol
    elle joue d'une harpe fantôme
    le trouble souvenir dont ses cheveux l'embaument

    Devant, la porte close
    Une arche la transpose
    en lui prenant les reins
    La nuit restée derrière
    n'en pourra plus passer
    le seuil évaporé
    l'heure est à son matin
    La victoire est totale
    sur les compromissions sourdes, sentimentales

    Un rire lui échappe
    dont les échos la happent
    Un vertige l'emporte
    Oh ! que plus rien n'en sorte
    Oh ! rester dans son nombre
    exponentiellement fraternel et sans ombre

    Boire un peu... se calmer...
    Circonscrire l'ivresse
    et se laisser au corps caresser la paresse

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Félix Vallotton - La Paresse, 1896.

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  • maxime

    Manger la vie, ça prend du temps
    Manger du temps, ça prend la vie

    Oh, Maxime !
    à Ta Table
    comme tout est si Véritable-
    ment lumineux !
    J'en ai les yeux tout embués
    et m'en frissonne le carné
    comme feuille d'érable
    "...au vent mauvais"

    Et ta chute, et ses couperets
    me coupent, tout un, le soufflet
    la gouaille;
    et l'envie d'être un feu de paille
    m'étreint
    comme une chienne par les reins

    Hémon ! Hémon !
    ne lâche pas tes pantalons
    Ta mère
    dont le nom rime avec supplice
    ne sais pas où porte ton vice
    de forme;
    et nous en montre un bon chapitre
    pour la norme
    un élégant faiseur de rimes
    qu'il fait bon sortir, pour la frime

    Je sais, c'est moche
    mais tu n'es pas celui d'Antioche
    et ne sais de la mouch'du coche
    que le fouet !

    Maxime l'un
    Maxime l'autre
    au masculin ? au féminin ?
    tout un faits pour que je me vautre !
    Bien...

    Sinon, ça va, toi ?
    Dis, finiras-tu pas ce foie
    gras comme roche non
    C'est, quand même, qu'avec ton nom...
    Mais comme tu voudras
    juste, s'il-te-plaît :
    oublie-moi !

    Gary Kelley, Maxims

    Que dis-tu, mon ange ?
    Non, c'est pas du Madrange...

     

    Illustration : Gary Kelley, Maxim's
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    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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