La peau de l'air collante et la mienne
imploraient l'orage et sa virulence,
à la nuit tombée d'un jour en peine
d'en obtenir jamais sa délivrance
L'obscurité plus dense à chaque heure
transformait toute chose en son fantôme;
les arbres contenaient la rumeur
d'une terre apeurée sous le grand dôme
Dans ce calme lourd et douloureux
ma poitrine enviait le buste en plomb,
sur la cheminée au manteau bleu
orné d'impossibles compromissions
La clarté fragile des bougeoirs
orchestrait des ombres le lent ballet;
ma silhouette dans le miroir
n'osait tourner la tête et regarder
par dessus l'épaule, droite et morte
un mouvement perçu depuis la porte
Dans ce calme lourd et douloureux
arrimant chaque chose à son fantôme,
je devenais sourd, fermai les yeux
quand une main s'installa dans ma paume
L'orage rompit à l'instant même
je n'en perçus que la ruée du vent;
je me faisais l'effet d'être blême
et serrais la main de mes doigts tremblants
Une chaleur douce et parfumée
caressa d'un souffle ma nuque nue,
livrant à mon oreille apaisée
la voix de la mère aimante et venue
par-dessus l'épaule, droite et ronde
remettre en ordre la marche du monde.
pour un Défi du samedi [#93]
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK