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  • bord d'aile

    chauffeeeeur, si t'es champioooon

    Une joyeuse farandole entourait mon bus. Aussi, cette idée de maintenir le service en plein carnaval ! Ils sont beaux à la Direction Des Transports Urbains. Manquerait plus que l'un d'entre eux fasse partie du cortège, tiens !
    Même réduit, même en concentrant les lignes sur les axes essentiels, c'est le bordel partout, tfasson. Et allez, vas-y les trompes, vas-y la faribole, ça y va ! C'est chaque fois le même cirque. La veille, devant le panneau de répartition des trajets, je me dis que je suis trop vieux pour ces conneries. Alors, je prends le service. Et quand je me retrouve dans ce bazar, je regrette un peu de pas être à la fête. Tout le monde y est par contre.
    Oulla ! C'est quoi ces hurluberlus avec tous leurs trucs, là ? C'est quoi, ça ? Ah, putain, ils vont maquiller mon bus ! Ah ben, j'ai décroché le pompon, moi. Et allez, me voilà immobilisé. Qu'est-ce qu'ils foutent ? Bon, je descends voir. Tfasson, je bouge plus, là.
    Ah, d'accord.
    C'est plus un bus que j'ai, c'est un... euh, un vaisseau fantôme ? Non ? Pirate ? Ah.
    Oui, merci pour le galure, hein. La pipe aussi ? D'accord. Et le crochet ? Ah oui, mais non. Je peux pas conduire avec ça. Et attention, là ! laissez mon volant où il est, hein ! Eeeeh ! Oooh!
    Oui, si, c'est joli, mais une barre de vaisseau à la place de mon volant, les gars, je vois pas bien comment je vais faire, là. Que... ? J'essaye ? Attends voir, je suis pas capitaine... ah si. Ah bon.
    Ah ouais, ça marche !
    Et merci de dégager, là devant, oui. Bon, on y va. J'espère que la voilure qu'ils m'ont installée sur le toit va passer sous les câbles et les enseignes, parce que sinon, bonjour les dégâts.
    Oh, putain ! Qu'est-ce qui se passe ?
    Je décolle carrément, là ! Je m'élève, sur cette marée humaine. Même ça tangue, dis. Putain, je navigue, dis. A quoi, deux mètres du sol, tu le crois ?
    Note que ça va plus vite.
    Tu dis quoi, camarade ?
    On est ? Pris en chasse par une corvette ? De la... ? Flotte Royale ? Eh, dis, oh ! Y a pas eu une ou deux révolutions depuis la monarchie ?
    Hein ? Ils nous tirent dessus ?!
    Oh putain, mais oui ! Y a des clampins qui sautent comme des gerbes d'eau ! C'est bien fait, dis, on s'y croirait.
    Que je quoi ? Me "magne, Capitaine" ? Ah la vache, oui, je les vois. Ils gagnent sur nous par tribord ! Elles sont comment les voiles, là ? Restent le grand foc et les perroquets ? Eh ben, donnez toute la voilure, nom de nom d'un sabre de bois ! Toute voilure dehors, Monsieur Le Quartier-Maître en Second. Et merde, on approche de la cathédrale ! Un vrai carrefour de courants d'air ce coin. Si je maintiens le cap, je m'encastre dedans. Si je passe à tribord, j'aurai jamais la place pour manoeuvrer dans ce couloir.
    Oui, oui, ça vient ! Babord amures, parez à la manoeuvre ! Nom de nom d'un cachalot en slip devant l'prisu' !!

    corneblousaille !Oui, bon... Vous auriez fait quoi, vous, à ma place ?
    Et quoi ! Une frégate légère qui m'envoie tout ce qu'elle peut comme bordées par tribord arrière.
    Ni une ni deux : j'ai viré de bord !

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#39
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    Impromptu Littéraire
    où je vous recommande évidemment les textes de Poupoune, L'arpenteur d'étoiles, Joe Krapov, Vegas-sur-sarthe et Stipe (la bande d'incontournables !!)

    et encore Tétrao, ToncrateGilsoub et Jujube.

  • l'aorte, merde !

    miro-joan-singing-fish-2104880.jpg

    à petits pas les yeux me sortent
    et je promène là, cohorte
    le front plat tout contre la porte
    mes amours mortes

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • au jour, dit

    T_DRAW01.JPGJe me suis levé au matin
    c'était un matin d'aujourd'hui
    je me suis dit : il fait jour, tiens !
    et depuis, c'est bien le jour dit

    Je n'ai pas vu s'ouvrir la porte
    par où passa cet aujourd'hui
    il n'est pas question que j'en sorte
    avant que survienne la nuit

    A d'autres vaille l'idée morte
    que le temps reste inassouvi
    j'ai tué le temps, de la sorte
    je demeure au bel aujourd'hui

    Il s'y mêle une humeur d'automne
    et des soleils en appétit
    j'y cueille tout ce qui m'étonne
    et me donne goût à la vie

    Viendra le soir et ses colonnes
    veinées de noir au marbre gris
    j'y serai cet air qu'on fredonne
    le coeur léger, pas vu, pas pris.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • dais : l'aube jusqu'au soir

    lisa G, graphiste

    Faut-il donc que s'achève au point du jour le rêve
    plutôt qu'envisager de n'en sortir jamais ?
    Combien sur le pavé pour un pas sur la grève ?
    Qui compte (me le dire) ?

    Si l'aujourd'hui n'avait plus besoin de relève
    à l'horizon pourrait plus avant s'éloigner
    sur l'océan courbé le lent demain sans trêve
    et l'aube s'attendrir

    Le pire aurait un nom arrimé à l'hier
    qui s'entendait naguère inexorablement
    étirant sa lignée sur l'ombre et la lumière
    de tristes avenirs

    Le vent serait un chant qui se ferait l'écho
    de ces joies murmurées là-bas sur le velours
    que revêt l'océan sur les plis de son dos
    frémissant de soupirs

    Des âmes incarnées riant sous la volière
    imiteront la caille et le fou de Bassan
    pour aller caresser de la plume la mer
    qui ne sait pas vieillir

    Et cette gaie volée de parer l'indigo
    des nuances connues par le plus vif amour
    déshabillant la nuée de son paletot
    sans jamais l'affadir

    De tout ce camaïeu qui redore l'ennui
    le jour aura compris n'être pas le miroir
    mais le cadre élogieux où se distrait la vie
    de l'idée de mourir

    dès l'aube jusqu'au soir

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Lisa G, Des Châteaux en Espagne.