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  • blonde heure

    J'ouvre mes paupières
    grand comme des sacs
    seul au bord du lac
    pour choper au vol
    quelques billets de lumière
    que l'automne affole
     
    ***
     
    Trahison ! Trahison !
    Ces feuilles maudites
    trahissent ma fuite
    loin de la maison
     
    Canopée des canopées !
    Je voulais tant m'évader...
     
    C'est pas du jeu, ces façons
    d'avoir couvert, dans la nuit
    la clairière d'un tapis
    d'embûches rouge et marron !
     
    C'est la saison, diable ! diable !
    C'est la saison, tour pendable !
    C'est la saison Mille Feux
    C'est la saison qui le veut
     
    ***
     
    Je te vois, je te respire
    comme l'humus flamboyant
    de l'octobre finissant
    d'étaler son frais empire
     
    Tu chemines devant moi
    dans ce bois qui se déplume
    ta rousse blondeur allume
    un feu au bout de tes doigts
     
    Elle embrase jusqu'aux cieux
    des nuées la course molle
    et m'arrache des paroles
    que réciteront tes yeux
     
    Il est temps que je t'appelle
    par le nom que je te donne
    quand je rêve ta personne
    où loge une heure nouvelle
     
    Nous allons, dans le vent froid
    bientôt hurler nos ivresses
    les fondre en un vin de messe
    et célébrer nos émois
     
    Vous saurez nous laisser faire
    esprits discrets, faune, flore
    goûtant que l'on s'aimât fort
    quand déjà menace Hiver
     
    Ils chantent, déjà plus vifs
    les vents du septentrion
    mais notre conjugaison
    ignore leur subjonctif
     
    Elles passent près de nous
    chaque année, les saisonnières
    sans égaler ta crinière
    ni, pour toi, mon amour fou !
     

    automne,saison,blonde,blondeur,rousse

     
    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du Samedi
  • Taon va la cruche à Io...

    Je suis née - le sais-tu ? de la curiosité
    d'un génie méconnu de la cinématique
    mais n'allons pas nous perdre en trop de dialectique
    je suis vachement belle et sans viscosité !
     
    J'ai défié l'ancien temps qui fut longtemps loué
    au fils inconséquent, à la femme acariâtre...
    et n'allais pas au champ, drivée par quelque pâtre
    mais l'amour que j'avais des regains de nuées
     
    La tête d'un géant bouge encore à mes pieds
    - ses yeux ornent de paon la queue de fanfaron !
    Au cul, un vilain taon, j'ai fait le tour du monde
    avant d'entendre enfin ce mot de Prométhée :
     
    "Vu comm' t'es vach'ment belle, pas besoin de brouter
      tu vas tout recouvrer de ta splendeur pastelle
      en certaine égyptienne et forte citadelle
      pour peu qu'on se rappell' qui t'as défigurée"
     
    Bon, me voilà Isis, dans un temple fermé
    à regretter mon champ, mes compagnies futiles
    avec leur poil plus brun et leurs noms imbéciles
    L'amour vache, ça va, si c'est pour la journée !
     

    poésie,io,mythes,au logis,hoppner

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki# euh... chépu 0_0
    Ah, bah 200-2 quand même !

  • La maison violée

    Défi du Samedi

     
    La maison les yeux clos, la bouche entrebaillée
    figée dans la stupeur, m'a fait lever le nez
    sous la flamme accôtée à mon bras de fauteuil.
    D'abord, je n'ai rien su, que la nuit qui s'effeuille
    que j'étais dans l'idée - ayant fini mon deuil,
    de me jeter au fond, d'aller lui déflorer
    tous les bruissants recoins qu'elle m'aurait offert
    comme on se connaissait - pas tout-à-fait d'hier,
    et qu'il ne pleuvait plus.
     
    J'avançais mollement dans la gorge nouée
    de la maison glacée qui ne respirait pas
    ni l'air dans les cheveux défaits de la voisine
    (la forêt de Perseigne avec son vin mauvais
    depuis qu'on lui a tué son loup, son grand corbeau
    et le petit mulot qui lui fisait les pieds)
    ni la chair de poussière aux rampes d'escalier.
    Je n'étais pas inquiet, j'enfilai un manteau
    une écharpe et des gants.
     
    Quand j'entendis, soudain, qu'on marchait, là dehors
    - et d'un pas sans effort dans cette obscurité ?!
    Ça filait droit devant, sur la maison livide
    et je distinguais bien comme ça soufflait fort.
    C'est entré, sans mot dire et m'évitant de peu
    J'ai entrevu ces yeux; ils étaient comme vides !
    C'est allé en cuisine en grognant, tel un fauve,
    un vilain sanglier fuyant devant la courre
    et puis, ça disparut.
     
    Le mur l'aurait mangé ? Avais-je eu la berlue ?
    Mais non ! Dans les fourrés, ça massacrait des branches
    après avoir foulé le potager couvert,
    au dos de la maison qui pleurait en silence.
    En emportant plus loin son étonnant vacarme,
    ça ravageait l'hiver avec obstination.
    Je restai interdit, un moment, sans raison
    caressant la maison, apaisant sa souffrance
    et son cœur en alarme.
     
     
    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • Rouge heurt

    Voici les yeux rougis
     
    Le bouquet, de la main
    sur le sol a pourri
    quand s'est tu le refrain
    - de la meilleure école !
    qui n'émeut pas la folle
    et sa fièvre insatiable
     
    Voici le feu sans nom
     
    L'histoire à l'heure dite
    ravageant les encours
    avec, en point de fuite
    un sinistre contour
    équarrissant le jour
    de son humanité
     
    Voici qu'il pleut du vin
     
    La nuit de chaque chose
    de l'est à l'occident
    dévore les osmoses
    et roule un vaste ran
    où se perdent mon chant
    et ton ultime cri
     
    Aussi, je verse
    un bouquet rouge feu
    pour le vin de tes yeux
    que piétine le cours
    imparable du jour
    que mangera le soir
    à la table dressée au-devant de l'histoire
     

    winter rose

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
  • Rouges, bourgeons !

    Leticia SchmillRien ne bouge
    dans le ciel rouge
    qu'une palme
    te dire que s'y noue mon calme
    ne nous avance pas
    plus que le bourgeon qui viendra
    plus que le soleil mort
    dans le dépouillement du décor.

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration