à Joe Krapov
La ville est dans ses murs, aveugle et silencieuse
Même ses cheminées retiennent leurs panaches
Le lampadaire éteint laisse une ombre sans tâches
Tous les yeux sont mouchés aux façades peureuses
Dessus avance
une folie de ciel, fébrile manigance
aux suées anthracite et vidées de substance
qui déjà se déchire
et cède à la poussée d'un virulent hégire
Est-ce malédiction selon les bavardages ?
La manifestation d'un empire inconnu
s'étale sur la ville, en assombrit les rues
pointant par les nuées son obscur équipage
Alors, s'ensuit
dans le silence épais un vacarme inouï
- une corne de brume ? un signal ? un long cri ?
qui longuement dévale
et pénètre partout, prégnant et magistral
On tremble; on se contracte; on n'a rien à saisir !
Le temps n'est plus certain, ni la vie, ni la mort
On voudrait "ah, mon dieu !" être à hier encore
On n'est bien incapable de penser, d'agir
C'est là ! Ça dure…
Ça s'impose à l'envi, en toute démesure
Ça massacre le ciel avec sa tubulure
qui s'anime soudain
Oh, c'en est bien fini des chantants lendemains !
Le vacarme a repris dans un autre registre
son impossible appel, son bruit de cauchemar
Son énergie allume aux fenêtres des phares
Et part comme est venue cette vision sinistre
Dessous, la peur
n'a pas vraiment quitté les rires, les odeurs
ni les mains qui s'octroient un moment de chaleur
Déjà, rien n'est pareil
Tout semble suspendu à un prochain réveil
tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
inspiré d’une photographie de Joe Krapov
(ci-dessus, détail)