T'ayant aimée trop tard
au matin, je suis parti tôt
pris mon chien sur le boulevard
il fumait dans les caniveaux
des restes de brouillard
pâlot
En tête une chanson
nette et plus filée qu'une dague
aiguisait mon aspiration
à tout prendre pour une blague
comme à ce vieux moignon
ma bague
Ça ! le chien tirait fort...
aussi j'accélèrai le pas
Souverainement le décor
rehaussait mon anonymat
dont j'aggravais encore
le cas
Je libérai mon chien
Il flaira l'ombre et l'alentour
mais n'en dénichant rien
vint me rappeler mes encours
à l'ordre mitoyen
du jour
Parvenus à l'hôtel
où nous séjournions en transit
lui ai redoré la gamelle
me couchai, m'endormis bien vite
en remettant au ciel
la suite
L'après-midi me prit
en flagrant délit de sueur
Avais-je enfin compris
être passé près du bonheur ?
En rêve, t'ai souri
mon cœur
La nuit tenait son quart
quand je m'épongeai le cerveau
Il pleurait sur le boulevard
les reproches d'un mot de trop
que se met le buvard
à dos
Le chien voulut sortir
et comme à son accoutumée
sillonna l'orange à loisir
sous les lampadaires coudés
J'étais à son empire
rôdé
Voici que le trajet
nous conduit au seuil de l'histoire
où je reconnais mon Poucet
désemparé, à son perchoir
que d'un coup de sifflet
fais choir
Rattaché mon canin
à cet anneau devant ta porte
je veux forcer notre destin
avant que le désir n'avorte
J'attends ici qu'enfin
tu sortes
tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki #118