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  • tapir comme destin

    (du succès et comment on s'y peut casser l'pif)

    newsmegaphone.JPG

    Ligure et parnassien sur son tapis formel
    - nommons-le Félicien, ce sera plus commode,
    il caressait son chien en se demandant quel
    animal méritoire inspirerait une ode
    à son cœur librettiste.

    "Il m'en faudrait un laid que l'on prenne en souffrance
    mais que de prime abord on jugeât sans douter
    qu'il fût aussi ingrat que passablement niais
    avant l'apothéose de sa délivrance,
    réfléchit l'helléniste."

    De sa bibliothèque, il tira d'un ouvrage
    (au vrai, bien moins ancien qu'on l'eût dit à son dos)
    la gravure espérée de l'odieux personnage
    qui tenait du cochon et de l'éléphanteau,
    - et cela, c'est tout dire !

    Le monstre séduit l'homme, un livret s'ensuivit
    dont naquit un péplum quelques siècles plus tard
    certain compositeur en fit la comédie
    musicale affichée sur les grands boulevards
    - au Lido, à l'Empire...

    Voici comment un monstre disgracieux du pif
    acquit de par le monde un succès populaire
    attachant à son nom de nombreux créatifs
    devenus eux aussi pérennes, planétaires
    plus que jamais son père

    Infirme et miséreux sans pouvoir mesurer
    de son œuvre l'écho, ni toute la portée
    Félicien disparut, tué par un éléphant
    enterré comme un chien dans un grand dénuement
    au pied du château d'If

    L'œuvre subliminale eut un succès tardif
    que ne démentit pas le nombre des années
    forçant comme on le sait vivats, copyrights et
    son tapir galopa joyeusement sur les
    vastes étendues de l'inconscient collectif

     

    angelots2.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#79.

  • parloir

    (le miteux de salomé)
    vigoroso_Tete pleine.jpg

    Oh ! Parloirs assommants des têtes pleines
    Taisez-nous que je meure
    un peu mieux tout à l'heure
    avec en bouche le tétin
    de la femme qui me retient
    là, ferme entre ses cuisses
    - tu sais, fort !
    pour ne pas que je glisse encore au fond de moi
    Ah, laissons-moi mourir alors entre ses doigts
    et lui passer ma fièvre
    en crème chantilly sur le pli de la lèvre
    que de rage
    nos sèves parachèvent le carnage

    Ah, mouroir ! Ah, sentence !
    Ah, tais-toi que je meure en pleine danse
    Que l'écho résolu de nos corps sur la terre
    intime le silence que j'espère
    et qu'enfin l'alentour s'apaise et tout soit dit
    quand je la baise à l'œil qui me sourit

    Mais... je rêve ! qui parle ?
    « Retard en provenance de St Charles »
    Temps fous !
    « Gardez les mains à plat sur les genoux »
    Lesquels ?!
    « Veuillez emprunter l'autre passerelle »
    Ça va !
    Je me contentais bien de celle-là

    Oh, non ! Pas tout ce bruit ! Non, pas tout ce vacarme !
    Je sais, tu n'as rien dit, mais quelle est cette alarme ?
    (parlez-moi donc du charme des escapades
    quand on porte avec soi tant de tambourinades !)

    Ah, suffit ! Ah, silence ! ...et merde, où loges-tu ?
    Qu'on me coupe la tête et me laisse le cul,
    parole !
    Je sais, tu n'as rien dit, mais j'ai la parabole
    en vrille...
    Oh, tu serais gentille
    ...de me couper la langue
    et de me la servir avec un jus de mangue

    Quoi ? C'est tout dans ma tête ?
    Allez, va pour la tête... tranche !
    Aujourd'hui, c'est lundi : point d'orgue des dimanches;
    aussi, taille !
    Qu'ainsi décapité, je renonce à la gouaille
    et reprennent ! reprennent !
    nos élans familiers au cours de la semaine

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    illustration : Bruno Vigoroso, « Ce que l'on pense » (série acrylique).

  • cendre y est

    Seau-A-Cendres.jpgL'air est plein de la place vide
    La poussière y flotte, subside
    une absence ne fait pas l'autre et lasse
    un silence que rien, qui, que, quoi, ne menacent
    Le feu est mort depuis ce jour
    Le seau de cendres dans la cour, seul en révoque
    l'humble fumet qui, discret, soliloque

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • sans l'oreillette

    oreille.jpgJ'ai tant faim, mon Oreille
    le soir n'est pas venu
    me porter sa corbeille
    d'agapes attendues
    et je ronge ma veille au bougeoir éploré
    que de cireuses treilles
    achèvent d'étouffer
    Peste soit des sommeils qui tardent à venir !
    J'aime autant, mon Oreille
    te dire :

    allons nos promenades
    au long des champs d'oubli
    bravades
    nos rires sous le plomb
    nos chants au feu nourri
    et de nos corps les embrassades étourdies
    tandis qu'au ciel un or malade s'affadit
    paradent
    se goûtent la vie

    Oh, mon Oreille amie !
    Oh, mon dernier soleil !
    J'ai eu tant d'appétits pour de tristes merveilles
    que je préfère cet ennui
    dont j'applanis les mauvais plis
    jusqu'à ce que ce drap soyeusement se prête
    à t'accueillir et faire fête

    J'ai tant faim, mon Oreille

    de vider ma redoute
    et comme nulle autre pareille
    que tu viennes, que tu m'écoutes...

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • passades

    PORTE02.JPG

    Anciennes boucheries, mon sang n'a fait qu'un tour
    et prit
    la mesure d'une ombre
    à l'enjambement sûr
    fuyant le jour des murs
    et logeant sa pénombre
    sous les porches des cours d'hôtel particulier

    Ça fleur' bon la poubelle

    et l'eau des caniveaux ruissèle
    son lot de vanités
    d'usages éculés
    tous les petits bonheurs gâchés par de pauvres ficelles
    appels d'orgues dénaturés
    pour la gloire des fronts blasés
    d'être à leurs trahisons fidèles
    et gravement scellés

     

    Passons...

    Quel heur as-tu à ton giron ?
    Dis, faisons bonne chère
    l'un de l'autre et laissons aux vers
    les quelques rogatons
    qu'épargnera notre carnage
    Consommons-nous avec orage
    et dans l'oubli du jour
    mijotons-nous en petits-fours
    Embouchés à l'arène
    que nos cors clament nos hymens

    T'hallali ! T'hallali !

    Sus aux anciennes boucheries !
    Place aux carnages neufs

    T'hallali ! Talala !

    ce qui fut jamais ne sera
    plus tendre
    qu'un bon pavé de meuf à prendre

    Au bocage, carrés de vaux !

    À la page, les tournedos !

    Ce soir, à la sortie d'Esope

    pavane la haie des salopes
    pour le cercle des Galant'In
    aux luisants colliers de cyprine
    Est-ce qu'à l'opéra bouffe à la crème
    la Grande Esbrouffe sa Bohème ?
    Et non ! ben nous, pareil !
    L'est pas moins goûteuse à l'oseille
    mais nous l'aimons crémière
    à la table de nos grands-mères

    Passons...

    De noirs onglets
    vont promener
    les ailleurs maladifs
    qui leur gouttent du pif
    sur de longs parapets

    Si lentes, lentes leurs charpentes

    haut succès d'années apparentes
    vouées à cultiver
    des bénédicités
    obstinément l'art de l'attente
    avec le cœur trop près du ventre
    et l'œil humidifié
    aux reflets d'eau courante
    et savamment innée, vibrante et toute énamourée

    C'est que ça fibre à l'ostensoir

    les mains libres des onglets noirs
    dites,
    remettez-m'en cinq livres, vite !

    Mais passons...

    Que j'en aie le carné
    rempli à satiété
    bouche, ris quand je te dévore
    et me dis ce mot que j'adore :
    "Sois donc pas marcassin !
    et rabourre-moi ce chemin"

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK