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  • Ogre (est-ce ?)

    (in vino vers y tasse)

    ripaille.jpg

    Ogre brun, ogre rouge, ogre blanc,
    borborygmes à ma gorge déchirants,
    quand me suis-je égaré sur vos routes
    dans vos pas de géants taillant profond la croûte
    en quête des parfums moussus, boisés
    que vos bouquets rappellent des forêts
    courant toujours mon sang après l’histoire
    sachant pourtant la fin remisée au saloir ?

    Au rocher caribéen

    réfugié dans l’ombre cendre
    je me suis lavé les mains
    à l’eau qui se laisse prendre bras levés ;
    je n’avais plus à défendre
    que la plante de mon pied cambré
    ivre de rhum et de sa couleur ambrée
    avant de regagner nu
    plein du dégoût de moi-même
    près d’une chair inconnue
    ma chambrée d’amours bohèmes

    Nappe sanguine

    pain de riz
    petites fleurs

    Ah, purée

    piquer du nez
    dans ta chaleur !

    Pauvre Fantine

    tu t’enfuis
    après l’outrage

    Abandon

    de l’addition
    et du fromage

    Je n’aurais connu de Beaune

    que des boutanches la faune
    et des clairettes de Die
    que la pâleur de l’oubli

    Je ne sais de Bergerac

    - queue d’étiquettes en vrac !
    que cette langue de bois
    signe des crises de foie

    Parlez-moi de Livre Blanc

    et je vomis tout mon sang
    sur vos chaussures

    Quant à rentrer ma dérive

    en passant par l’éclusive
    je pourlèche ma salive
    aux commissures
    l’esprit affranchi des ogres
    - est-ce bien sûr ?

     

    meli-gargantua.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    (illustration ci-dessus extraite de ce blog)

    Lien permanent Catégories : carnÂges 0 commentaire
  • miroir, miranda

    Miroir ? Oh, tes violences !
    et ça depuis toujours...

    Tu m'arraches ma mère

    me reproches ma peau
    me présentes l'inverse où je cherche à savoir
    comme il arrive à l'autre de me percevoir
    et de me juger beau, laid, fatigué même
    enfin, tel que je suis au moment qui importe
    là où il t'indiffère - où te pose problème ?
    de m'être en quelque sorte
    possiblement fidèle,
    impitoyable, cru,
    flagornerie mondaine,
    benoîtement cucu...
    Hypocrite !
    Je m'en veux de répondre encore à ton invite
    au détour d'un reflet saisi du coin de l'œil;
    tu n'es pas nécessaire et ne me serviras
    qu'une fois au cercueil, ha !
    - où j'aurais pris ma pose très ornementale,
    quand, devant mon visage en vraisemblable paix
    timide, tu viendras te placer sous mon nez vide
    alors, j'aurais l'insigne honneur de refuser
    le baiser de mon souffle à ta face glaciale, té !

    Miroir ? Oh, Miranda

    allez, range-moi ça

     

    TIMOR9.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration d'après Ernesto TIMOR
    "l'incendie du palai des glaces" [double trouble] © 2001-2009 Ernesto Timor.

  • Bouillon, Esprit : Question

    (défi domestique)


    Que l’on brûle de fièvre
    je n’en disconviens pas
    Bon, c’est qu’on manque de lèvres
    abouchant le téton
    pour avoir son content de (mièvres ?) émotions, là

    Mais à manquer d’esprit

    là n’est plus la question
    On brûle tous ses rêves
    et on boit le bouillon
    Fade, la vie s’achève en queue de poisson, na !

    queue2poisson.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Grande première

    Pauvre, le rire passe et claque des talons
    s'efface, emporté par les sifflements humides
    glissant sur la chaussée où la journée se vide
    et draine un long ajournement de peine humaine
    à l'heure où vêpres sonne au clocheton
    le prompt rapatriement des singletons

    Impaire, une frise de néons clignotants
    électrise des yeux saisis d'envie puérile
    et la fièvre flouée des amours malhabiles
    s'invente un réconfort de carne appétissante
    sous des voiles plastiques transparents
    qui pointent dru au tétin provocant

    Oh, calade !
    je l'aurais vue plus gaie, ta promenade
    O tempora, o mores !
    À battre le pavé, la monnaie de ta pièce
    expire
    et n'aura bientôt plus que du soufre à gémir

    Lui qui va comme il peut après elles, toujours
    jette sur son épaule un rabat de sourire
    tient dans sa main gantée son dû pour le moins pire
    et jauge, habitué qu'il est, la crèche où on le loge
    (il fit son choix après son petit tour
    parmi les friandises dans la cour)

    Bégueule, elle annonce le prix comme il se doit
    et feule un ordre avilissant qu'il exécute
    surpris d'en apprécier autant la force brute
    salive, avant de tout céder à la dérive
    maintenant ligoté, les bras en croix
    savoure et jouit pour la première fois

     

    cravaweb1.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#77

     

  • Poche trône

    livre-ouvert.jpg

    Le livre dans ma poche est plus lourd que moi-même
    Je le lis pour moi-même, il est plus lourd encore
    Je le lis pour le dire et il prend un essor
    que j'ai bien peine à suivre
    Parole ! c'est un jet, ce bonhomme de livre...

    Toi, tu as embarqué à son bord
    mais moi, je suis resté là, dehors
    accrochant mon entier à chaque phrase dite
    le souffle ravagé par la moindre virgule
    au rythme soutenu d'un point par crépuscule
    - ça fera bientôt plus d'un mois, dites !
    que cette occupation m'habite
    et de page tournée en page résonnante
    je ne sens pas le livre amorcer sa descente;
    pendant qu'à ton hublot tu comptes les paliers du ciel
    savourant tous les mots qui disent "tu es belle"
    "ah, tu le savais bien" et "cela va sans dire"
    Mais si ! mais justement ! et mon état empire :
    le temps, je ne sais plus ce que c'était avant
    le geste, un paragraphe, une ellipse... la peste !
    la mer, un drap qui vole aux bras des lavandières
    le vent de sa forêt égaille la volière
    et ça piaille !
    (les oiseaux ne savent pas le braille)
    nous avons pris tant de hauteur
    que je ne connais plus ni le nom de l'auteur
    ni le titre du livre en édition de poche
    - je pourrais regretter la boue sous mes galoches
    mais dans ce tourbillon littéraire
    je ne suis pas d'humeur à regagner la terre

    ...alors, je lis
    pour la joie de te boire ivre d'écrits

    Quoi, déjà la dernière page ?
    mais tu sors de ta poche un autre bel ouvrage
    et le tends
    pour que nous repartions d'un tout nouvel élan

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK