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  • la chienne, tu sais...

    La chienne, tu sais
    celle avec un visage
    celle dont le courage est un poing dans le tien
    tu sais, la chienne
    celle qui pue la haine
    et revient
    et revient sa semaine
    et revient encore
    et revient toujours
    tu sais, la tenace
    celle dont la menace est diffuse
    jusqu'à ce qu'elle abuse, l'obtuse
    oui, cette chienne, oui
    tu l'as vue, non ?
    non ?
    elle est là
    c'est la mienne
    au pied, la chienne
    au pied
    à la chaîne
    au panier
    c'est la mienne, maintenant mienne
    tu l'entends ?
    ma haine
    de chienne
    tu la sens ?
    comme elle pue
    comme elle tue
    sans peine
    que sa bave de chienne
    sur les dents
    que sa carne vilaine
    pleine de mauvais sang
    et que moi qui la tienne
    dedans

    je t'en garde une pour la tienne ?
    (la tienne qui n'a pas de chaînes)
    on se revoit d'ici quinzaine
    je me serai lavé les dents.

    NIAK_hookNB.jpgtiniak © 2009 DUKOU ZUMIN
    &ditions TwalesK

    Aux agresseurs de tout poil
    Aux victimes fortuites, contrites
    des violences gratuites

     

  • newt (lumière du matin)

    besoin d'une pause café ?
    j'en ai pas, elle ouais.

    newts-coffe-break.jpg
    Le blog de Newt, dessinatrice...
    for the girl she wouldn't mind to put the kettle on, see?
  • vint avril à Cherbourg

    Ce matin, à la terrasse
    du café le Carpe Diem
    avec ma vieille habitude
    face à face

    je bois un jus plus noir
    qu'il y a peu, ma mine sombre
    et sur le sol les ombres
    ont reparu

    c'est qu'il est beau le ciel
    que nul nuage ne menace
    le soleil investit la place
    - merveille crue !

    je vais reprendre le fil
    de mes écrits et gribouillages
    tandis que les passants filent
    tout passe

    le jus est bon, noir et petit
    fort et noir dans la tasse blanche
    hier encore c'était dimanche
    ça jase en français, aussi

    dans les rues, pas grand monde
    c'est un lundi comme les autres
    qui bosse, chôme ou se vautre
    moi, j'en regarde la ronde

    le marin souffle frais
    me caresse le visage
    même le soleil m'y fait
    de doux hommages

    de mon côté, distraitement
    ce bel ami à quatre pattes
    venu à moi nonchalamment
    bon, je le flatte.

    et dans ce lundi d'avril
    tandis que les passants passent
    file, ma pensée file
    - vide, la tasse.


    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    d'après un gribouillis matinal de NEWT
    (ci-dessous)

  • quittances du noyé

    Le miracle n'est pas ailleurs :
     je suis vivant ce matin
    La nuit me garde le meilleur
     pour la fin

    Quoique je ne connaisse plus
     comment se porte le ciel
    mes mains en prennent plein la vue
     de ce miel

    Sous mes pas la vie va son train
     et déroule sur la voie
    un coup de dé jamais certain
     malgré moi

    Même à six faces l'avenir
     ne saurait pas m'habiter
    De quoi puis-je me réjouir ?
     j'ai tout quitté

    Quittées les plaines mongoles
    pour les rivages atlantes
    Quittées les sirènes folles
    pour aucune autre charmante

    Quittées les douces collines
    pour les abruptes parois
    Quittées les fosses marines
    sans m'être ni chaud ni froid

    Quittées les simples magies
    pour d'enfantins cauchemars
    Quittées troubles rêveries
    et tulipes dans le square

    Quittées les soupes austères
    pour les amères agapes
    Quittées les joies débonnaires
    pour les farces et attrapes

    Quittées les danses nouvelles
    pour des gestes archaïques
    Quittées vives ritournelles
    pour les hurlements cyniques

    Encombrant mon dernier autel
     le tapis de ces quittances
    loin d'en contenter l'essentiel
     reste en souffrance

    Le miracle n'aura pas lieu
     dead-end.jpgj'ai mangé tout mon sursis
    La nuit me ferme les yeux
     adieu, ma vie.

    tiniak
    © 2009 DUKOU ZUMIN
    &ditions TwalesK

  • lectures puériles (des rémanences futiles ?)

    © Cyril DelacourEt que lis-tu, l'enfant
    - œil à la fenêtre inverse,
    des rais en biais filant
    les gouttes de l'averse ?

    ...des horizons en glissades
    la course, la cavalcade
    ...des perles en chevelures
    ...les poissons d'une onde pure
    et de maman les pleurs amers
    dont je ne sais que faire

    Et que dis-tu, minot
    - bouche à l'haleine gourmande,
    de ce petit cinsault
    aux grappes en offrandes ?

    ...petit raisin deviendra grand
    vin dans les caves du géant
    ...des longs goulots coulera l'or
    dont mon père est ivre mort
    moi, et la reine des fourmis
    on joue aux billes, tandis

    Et qu'entends-tu, crognote
    - pavillon des harmonies
    de l'orage et sa flotte
    tonitruant la nuit ?

    ...des rêves la fin brutale
    ...mon frère au visage trop pâle
    ...de l'ogre marchant sur les sorgues
    la fureur des grandes orgues
    et de ses filles en colère
    les griffes dans la terre

    Que ressens-tu, petit
    - tissu aux fibres absorbantes,
    de tout ce que j'écris
    des natures latentes ?

    ...des mystères trop improbables
    pour m'être seulement aimables
    ...des glouglous de marécage
    ...de sentencieux présages
    ...des tristesses inconnues
    de mon âme ingénue

    L'enfant qui se tient en face
    n'est pas celui dans la glace

    L'enfant pris dans le miroir
    n'est pas celui qui vient s'asseoir et demande :
    "- Dis... c'est quand, je serai grande ?"
    (jamais !)
    "- Bientôt ; bien assez tôt, allez."

    FULLSTORM_regard sur un rêve d'enfant.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustrations : en médaillon
    «Portrait d'enfant, Notre Dame de Monts (Vendée ), 1998.» © Cyril Delacour ;
    ci-dessus
    FULLSTORM, «Regard sur un rêve d'enfant».